A quelques jours de la commémoration du drame de la rue d’Aubagne, jeudi 5 novembre, la mairie de Marseille a reçu, vendredi 23 octobre, une centaine de citoyens à l’espace Bargemon, pour un échange sur l’avenir du ventre de Marseille. L’effet d’annonce est donné par Patrick d’Amico, adjoint au logement, avec la réouverture du haut de la rue d’Aubagne aux piétons, dès cette dernière semaine d’octobre. Mais cette rencontre est surtout l’occasion pour la nouvelle majorité municipale de réaffirmer sa volonté de travailler avec les habitants dans la lutte contre l’habitat indigne tel qu’annoncé dans le programme du Printemps marseillais. Animée par la maire du secteur 1/7, Sophie Camard et par l’adjointe à l’urbanisme, Mathilde Chaboche, (étaient aussi présents Yannick Ohanessian, adjoint à la sécurité et à la tranquillité publique et Théo Challande Névoret, adjoint à la démocratie locale), l’équipe d’élus a insisté sur le travail en « concertation » avec les habitants.
Travail avec les habitants : adresse mail dédiée, ateliers populaires d’urbanisme
« Nous avons créé une adresse mail pour que vous puissiez faire remonter vos demandes », annonce Sophie Camard en introduction. Une annonce qui sera ensuite reprise par Théo Challande Névoret. « Le point de départ de toute concertation ce n’est pas d’imposer un projet qui vient d’en haut, mais qui vient d’en bas », promet-il. Mathilde Chaboche, qui dialogue déjà avec l’association Un Centre Ville pour Tous, se présente en « partenaire » de la société civile dans la mise en oeuvre du Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi). « J’ai besoin de l’expertise de chacun, et du regard de chacun », adresse-t-elle à la salle. Et pour cause, « vous connaissez mieux que moi certains quartiers », poursuit-elle. Temps de travail avec les associations, « ateliers populaires d’urbanisme », font partie des outils qu’elle propose pour que « chacun s’approprie cet outil très technique qu’est l’urbanisme ». Un engagement qui suscite des applaudissements approbateurs dans la salle.
Mais un dossier qui dépend aussi de la Métropole
Cependant, pour ce qui est de la réhabilitation du centre-ville, dont Noailles fait partie, la ville n’agit pas seule. Depuis le 23 janvier, la question des logements insalubres du centre-ville a été confié à un établissement public : la « Société publique locale d’aménagement d’intérêt national », dit SPLA-IN, créée dans le cadre d’un Projet Partenariat d’aménagement (PPA), « Marseille Horizon » dont le but est d’ « accélérer la requalification urbaine de la capitale de la métropole ». Dans cette société, « la ville de Marseille détient 6% des parts », précise Sophie Camard. Sur les 17 membres du conseil d’administration, la Ville ne comptera donc qu’un représentant contre 10 pour la Métropole et six pour l’Etat. Or pour le moment, le conseil n’existe pas. « La SPLA-IN existe de façon théorique » confie Mathilde Chaboche. Pas encore de président, ni d’équipe en place ou de collaborateur, seul un directeur a été désigné, nous explique l’adjointe à l’urbanisme. « Sophie Camard a déposé une demande auprès de préfet, pour que le conseil d’administration soit réuni au plus vite », explique-t-elle. Ce qui toutefois, ne signifie pas que la Ville ne travaille pas déjà avec les élus métropolitains. « Nous sommes déjà en concertation avec la Métropole », affirme-t-elle. Par ailleurs, la municipalité entend bien faire entendre sa méthode de travail. Lors de la soirée, l’équipe municipale a dit vouloir créer un comité ou une instance pour que la parole des habitants puisse compter.
Ce soir, à l’occasion de la réunion publique organisée par la Mairie de Marseille et la Mairie du 1er secteur (1&7) à l’Hôtel de Ville, les habitants de Noailles et les élus de la majorité échangent autour de l’avenir de ce quartier situé au cœur de Marseille ⤵️ pic.twitter.com/QwRCskAu9g
— Ville de Marseille (@marseille) October 23, 2020
Le mécontentement des propriétaires
Dans la salle, si la parole des élues est régulièrement accueillie par des applaudissements, des mécontentements se font aussi entendre. Plus d’une fois des propriétaires appartenant au périmètre de sécurité créé après le drame de la rue d’Aubagne, réitèrent la même demande : « Quand est-ce que nous allons avoir accès aux documents d’expertise ? ». Ces expertises, réalisées par des « tribunaux et des collèges d’expert », permettent notamment de rendre compte de l’état de la dégradation des logements et doivent être communiqués aux propriétaires tel que le requiert la charte de relogement signée en juillet 2019 entre l’Etat, la ville de Marseille et des associations.
« Les personnes concernées doivent disposer d’une information générale sur le déroulé des procédures et expertises avant travaux (…) », stipule-t-elle. Or des travaux sont annoncés entre mi-novembre et printemps 2021 et les propriétaires se plaignent du manque de concertation en amont. Contacté par Gomet’, Patrick d’Amico précise les raisons de ce manque d’information : « Je n’ai rien contre communiquer ce qui peut être communiqué. Encore faudrait-il savoir ce qu’il peut l’être », insiste l’élu. La raison serait dont d’ordre juridique. Il se dit prudent, « nous avons des études qui se sont terminées fin septembre (…), nous avons besoin d’avis juridiques pour savoir que ce que l’on peut communiquer » précise-t-il.
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