Entre les collines de l’Étang-de-Berre et les remparts carmins de la médina, la desserte aérienne Marseille–Marrakech connaît une croissance fulgurante. En mai 2025, on dénombre jusqu’à dix-neuf vols directs par semaine, opérés par Ryanair, Transavia France et Royal Air Maroc ; avant la pandémie, la ligne n’en offrait guère plus de huit. En six ans, le vol Marseille Marrakech a donc plus que doublé, tiré par le rebond du tourisme et par la demande d’une diaspora franco-marocaine nombreuse.
Parcourus en deux heures quarante-cinq pour 1 754 km, ces vols transforment la Méditerranée en simple escapade de week-end, dynamisant des flux loisirs et affaires qui irriguent les deux rives. Transavia profite de cette dynamique puisque la filiale d’Air France a progressivement augmenté son offre qui atteint aujourd’hui quatre rotations par semaine.
Les moteurs d’un succès
Premier catalyseur : l’aéroport Marseille-Provence. Fort de son nouveau terminal 1 inauguré en juin 2024, il a franchi la barre de 11,17 millions de passagers l’an dernier (+ 3,4 % sur un an) et séduit les low-cost par des temps d’escale et des redevances optimisés.
Côté marocain, l’aéroport Marrakech-Menara a accueilli 9,3 millions de voyageurs en 2024, dépassant sa capacité nominale de 8 millions et confirmant l’attractivité mondiale de la « Ville rouge ».
L’Office National Marocain du Tourisme cible le Sud-Est de la France avec le slogan « Marrakech, quatre saisons d’inspiration », tandis que Provence Tourisme promeut « le désert à trois heures de vol ».
Résultat : le trafic VFR (Visiting Friends & Relatives) et loisirs progresse simultanément, les courts séjours en riad et les escapades golfiques gagnant du terrain dans les catalogues des agences marseillaises.
Marrakech : une destination de plus en plus attractive
Nimbée de lumière ocre au pied de l’Atlas, Marrakech séduit plus que jamais les voyageurs en quête d’authenticité et de sensations nouvelles : ses ruelles parfumées d’épices débouchent sur des riads élégants au charme intimiste ; ses palais — de la majestueuse Bahia au tout récent musée des Arts de la Parure — témoignent d’un patrimoine qui se réinvente sans cesse ; ses terrasses branchées offrent, au-dessus d’une mer de toits roses, une gastronomie marocaine inventive mettant à l’honneur produits bio et circuits courts.
Porté par un climat doux toute l’année, un aéroport modernisé à moins de dix minutes du centre-ville et un calendrier culturel foisonnant (biennale d’art contemporain, festivals de musique gnawa et de cinéma), la « Ville rouge » conjugue traditions vivantes et infrastructures de qualité pour garantir des escapades dépaysantes, durables et hautement instagrammables — autant d’atouts qui font de Marrakech une destination définitivement irrésistible.
Marseille, la Provence, destination en vogue auprès des Marocains
Baignée par le bleu profond de la Méditerranée et caressée par le mistral, Marseille offre aux voyageurs marocains un avant-goût d’Europe qui conserve une chaleur familière : du Vieux-Port vibrant où l’on savoure une bouillabaisse face aux pointus colorés, jusqu’aux calanques émeraude de Cassis à portée de bateau, chaque détour célèbre un art de vivre solaire.
Passé la féerie urbaine, la Provence déploie son patchwork de lavandes et d’oliveraies, ses marchés d’Aix aux parfums d’amandes et d’agrumes rappelant les souks du Sud, et ses villages perchés qui embrasent le crépuscule d’ocre et d’or. Accueillante et cosmopolite, la cité phocéenne multiplie festivals cosmopolites, musées audacieux comme le Mucem et concept-stores méditerranéens, tandis que l’arrière-pays offre routes des vins, escapades truffées et séjours bien-être dans d’anciens mas.
Reliée à Marrakech en moins de trois heures de vol, Marseille-Provence devient ainsi la porte idéale pour des vacances mêlant découvertes culturelles, saveurs authentiques et paysages instagrammables, faisant de la Provence la nouvelle escapade favorite des Marocains en quête d’émotions et de raffinement.
Retombées économiques et vols plus verts
Chaque fréquence supplémentaire génère, selon les estimateurs aéroportuaires, près de 90 emplois directs et induits : personnels de piste, agents de voyages, artisans de riad, restaurateurs ou guides. Les hôteliers marrakchis attribuent désormais 6 % de leurs arrivées européennes à la clientèle provençale, tandis qu’à Marseille les forfaits « city-break oriental » figurent parmi les meilleures ventes d’hiver. La ligne profite aussi au fret : produits cosmétiques de Provence et pièces mécaniques gagnent du temps de transit, tout comme l’artisanat marocain exporté vers le Sud-Est de la France.
Cette expansion s’accompagne d’engagements écologiques. Royal Air Maroc aligne des Boeing 737 MAX 8, Transavia ses Airbus A321neo, tous deux environ 15 % plus sobres que les générations précédentes. Marseille-Provence a couvert 10 % de sa consommation électrique grâce à 8 000 m² d’ombrières photovoltaïques, et entreprend l’électrification du tarmac. Marrakech teste, de son côté, un système de taxiage autonome visant à réduire de 40 % les émissions au sol.
La décarbonation devient ainsi un argument commercial autant qu’une nécessité pour soutenir durablement l’essor de la ligne. A terme, les compagnies aériennes misent aussi sur des avions avec un kérosène vert (produit avec des composants d’origine renouvelable, ainsi que de l’énergie bas carbone).
Quelles perspectives pour la liaison Marseille-Marrakech ?
Les projections pour l’été 2026 tablent sur plus de vingt-cinq vols hebdomadaires. Transavia prendra livraison d’A321neo-XLR capables de relier Marseille et Marrakech à pleine charge en toutes saisons, tandis que Ryanair a déposé des créneaux pour passer à quatorze rotations hebdomadaires. Les deux aéroports planchent sur un programme « Fast-Track Méditerranée » combinant pré-contrôle biométrique et accès salon partagé afin de fluidifier les parcours des voyageurs fréquents. Malgré la concurrence croissante de Montpellier, Nice ou Toulouse, Marseille conserve l’avantage d’une vaste zone de chalandise, d’un réseau autoroutier dense et d’un tissu d’affaires tourné vers l’Afrique.
En moins d’une décennie, la liaison Marseille–Marrakech est passée du statut de desserte marginale à celui de corridor stratégique unissant cultures, familles et économies. Le défi des prochaines années sera de maintenir cette dynamique sans saturer les infrastructures ni alourdir l’empreinte carbone. Si les objectifs de neutralité fixés par les deux aéroports se concrétisent, la navette aérienne pourra continuer de faire rimer découverte et responsabilité, symbole d’un pont méditerranéen désormais incontournable.