Le lancement, mercredi 10 septembre 2014 à l’ école de commerce et de management (EMD) Marseille, de l’accélérateur PFactory – premier déclaré dans la métropole d’Aix-Marseille-Provence et maillon du dispositif French Tech Aix Marseille – a permis de faire le point sur la nature du risque qui est pris par les investisseurs lorsqu’ils s’engagent aux côtés d’une start-up. On le pressentait depuis longtemps mais la démonstration éclatante de Oussama Amar, fondateur de l’accélérateur parisien TheFamily(1), lors de l’événement organisé par PFactory à l’EMD de Marseille, a mis des mots sur un changement profond dans l’approche de l’investissement. C’est encore un des nombreux effets de la révolution du numérique sur nos sociétés et plus particulièrement sur les économies locales.
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Comme l’a bien dit Oussama Amar, la “pervasion” – invasion – du numérique dans tous les secteurs de l’activité humaine, le phénomène de l’open source, la mise à disposition instantanée de ressources et d’outils ultra performants et quasiment gratuits au travers d’un Web omniprésent, permet à tous de prétendre à devenir un entrepreneur en puissance. Comme cela a été souligné, tous ne sont pas ou ne seront pas entrepreneurs mais tous peuvent prétendre à essayer de le devenir, ce qui ouvre des champs nouveaux dans le développement territorial de la métropole (initiative YUMP – Young Urban Movement Project – dans les quartiers nord de Marseille par exemple).
Éduquer et former les entrepreneurs
Mais la chose la plus étonnante qui transparaît dans le discours de TheFamily ou dans celui de PFactory, en partenariat étroit avec TheFamily, c’est que l’accent est définitivement mis sur l’entrepreneur et son équipe. La fonction première de l’accélérateur version PFactory/TheFamily c’est l’éducation et la formation des entrepreneurs à ce que c’est d’être un entrepreneur et au partage de l’expérience, pas à la comptabilité, à la fiscalité ou à la propriété intellectuelle (non pas que ces sujets soient sans intérêt). Il y a une soif insatiable des entrepreneurs qui sont à la tête d’une start-up (et le succès du programme d’éducation de TheFamily le prouve) de pouvoir partager leur solitude, celle du rameur seul à bord du radeau qui doit traverser la mer pour devenir célèbre (merci encore à Oussama Amar pour cette puissante métaphore), et se retrouver avec ses semblables pour justement pouvoir avancer plus vite et plus sûrement.
J’en viens donc à mon propos, qui m’a été inspiré par ce que j’ai vu et entendu récemment : le risque pour les investisseurs qui sont partie prenante de l’accélérateur a changé de nature car il ne se situe plus au niveau du business plan ! On le savait déjà, faire un business plan quand on est une start-up et que l’on lance son activité après avoir développé une version bêta de son produit ou service n’a aucun sens. Le pari est à prendre sur les individus : le risque que l’investisseur va prendre en investissant dans une start-up n’est pas sur un hypothétique ROI – retour sur investissement – ou une date de sortie mais sur les individus, hommes et femmes qu’il a en face de lui. Il n’est même plus sur « la bonne idée », cela nous a été rappelé par le fondateur de TheFamily. Les bonnes idées sont déjà exploitées. Il est sur des idées qui peuvent nous paraître complètement nulles a priori mais qui, portées par des individus qui veulent réussir et qui sont prêts à donner d’eux même, peuvent se révéler être des mines d’or. Le pari, et donc le risque pris en investissant, est attaché aux individus qui portent les projets de start-up et plus à la nature du produit/service de la start-up en question ni même aux chiffres de son business plan, qui est mis (ou pas) sur la table, ou à son premier chiffre d’affaires.
Des entreprises privées qui prennent des risques inédits
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C’est un changement profond de comportement que les investisseurs doivent adopter et qui doit accompagner un changement de société induit par le numérique qui, lui, est déjà là ! Nos structures d’accélération sauront-elles y faire face ? Elles n’ont pas le choix si elles veulent devenir des acteurs de premier rang du développement économique. Bien sûr, nous leur souhaitons de devenir elles même profitables, car si l’accompagnement fourni aux heureux élus sélectionnés par PFactory est gratuit, c’est parce que l’accélérateur prend une participation dans les meilleurs projets avec en vue, un taux de rentabilité plus important que celui qui peut être produit par l’investissement d’une SIBA (Société d’investissement Business Angels). Nous avons tous intérêt à ce que les accélérateurs réussissent leur pari pour dynamiser l’économie de la métropole et de la Région Paca. Si un jour, nous voulons voir dans notre région Paca des entreprises qui peuvent rivaliser avec les meilleures entreprises du numérique du monde, tout doit être mis en œuvre par les pouvoirs publics (ne serait-ce qu’en communiquant) pour soutenir ces initiatives privées qui, on l’a compris, accompagnent, par la gestion du risque, le changement de la société. Parce qu’ils vont prendre des risques inédits, ils méritent d’avance notre respect.
Alors, longue vie à PFactory et longue vie à TheFamily !
(1) www.thefamily.co, TheFamily est partenaire de Pfactory (http://pfactory.co/, @PFactoryFR)