L’Encre bleue est l’un des rares mouvements marseillais où l’on n’adhère pas pour défendre ses intérêts personnels ou catégoriels, ni en vue d’exercer un quelconque pouvoir. Mais seulement afin d’aider ceux qui se trouvent en délicatesse avec l’écriture. Ou la lecture, ou les deux. Cette association d’écrivains bénévoles intervient dans une douzaine d’endroits, et parfois même à domicile, principalement à Marseille et Martigues. Chaque semaine une vingtaine de permanences sont assurées.
Elle rassemble une centaine de femmes et d’hommes, de tous âges et professions, actifs ou retraités. Qui se portent tous à l’écoute du public, sans aucune exigence préalable : ni inscription, ni identité, ni frais, sans la moindre discrimination. Ni même de trace, puisqu’on écrit ici avec papier et stylo, comme avant l’ère électronique ! Lors de ces séances, par exemple le jeudi soir sur la Canebière, des dizaines de citadins attendent patiemment leur tour d’expression, confidentielle bien-sûr, et d’éventuel appui épistolaire.
Anonyme et gratuit
Chaque année, cinq à six mille personnes sollicitent ce service fraternel d’entraide, anonyme et gratuit. Remplir un dossier ou un formulaire, afin d’obtenir un logement ou une couverture maladie n’est pas toujours un acte facile. Déchiffrer un courrier personnel ou y répondre, élaborer un CV plus sa lettre de motivation , telles sont quelques unes des demandes les plus fréquentes.
Parfois, même un expert en paperasse devra consacrer une paire d’heures à se soumettre correctement aux exigences de l’administration. Imaginez un marin congolais ayant navigué en mer Égée pour plusieurs armateurs grecs, russes ou hollandais.. Son dossier visant à obtenir la nationalité française devra méticuleusement récapituler, date par date, tous ses domiciles et employeurs successifs, avec leurs coordonnées précises ! Sans oublier la liste de tous ses frères et sœurs, père et mère, avec adresses, dates et lieux de naissance. Et L’Encre bleue accueille des usagers relevant d’une cinquantaine de nationalités, ce qui se conçoit aisément dans notre grande ville portuaire.
D’utilité publique
Et aussi beaucoup de mères sans mari, de chômeurs, des vieux, des handicapés et des exclus. Si la société devait financer elle-même cette activité d’utilité publique, cela coûterait certainement plusieurs dizaines de milliers d’euros. Ici ne cotisent que les bénévoles eux-mêmes,(20€ par an), en signant une charte s’engageant à la discrétion et disponibilité. S’ajoute, côté ressources, une petite subvention municipale, moins de 3000€.
Dans un mois, le 14 février 2015, L’Encre bleue tiendra son assemblée générale annuelle à la maison des associations, sur les hauts de la Canebière. Vingt ans plus tôt, en 1995, elle recevait le premier prix du volontariat, décerné par l’Unesco. L’association n’avait alors que deux ans d’existence.
De la cité de la Castellane à la vallée de l’Huveaune, du Plan d’Aou au cours Julien , ces bénévoles de l’écrit continueront d’accomplir leurs tâches sans tache. Le renfort de tous ceux qui se sentent prêts à aider sera naturellement bienvenu.
Pour en savoir plus : www.encre-bleue.com