Deuxième meilleur buteur de Ligue 1 et titulaire en équipe de France face à la Suède, au Stade Vélodrome. Jusqu’ici, tout semblait sourire à André-Pierre Gignac cette saison. Mais depuis mardi 18 novembre, des soupçons planent de nouveau sur son transfert de Toulouse vers l’OM, en 2010, pour 18 millions d’euros en plus des primes. Plusieurs dirigeants du club ont été interpellés à leur domicile et placés en garde à vue mardi matin. Quels sont les grands enjeux de cette affaire ?
- Qui est en garde à vue ?
À peu près toute l’équipe dirigeante de l’OM, d’hier et d’aujourd’hui. De Vincent Labrune, président de l’OM à Philippe Perez, le directeur général, jusqu’aux deux anciens dirigeants, Pape Diouf (2004-2009) et Jean-Claude Dassier (2009-2011). Selon La Provence, la garde à vue des trois premiers a d’ailleurs été prolongée ce matin. Ils sont entendus à l’Évêché, le commissariat central de Marseille. Au total, ce sont près de quinze personnes qui ont été placées en garde à vue. Selon RMC, les enquêteurs ont également frappé à la porte de José Anigo, qui était alors Maroc, où il réside depuis cinq mois et se charge de missions de recrutement pour l’OM. L’ancien directeur sportif du club s’est défendu dans les colonnes de l’Équipe : « Je veux venir et être entendu même si je dois passer deux jours en garde à vue ».
- Que leur reproche-t-on ?
L’affaire remonte à… 2009. Comme l’explique La Provence, cette affaire n’est « qu’une incidence de l’enquête sur l’assassinat à Calenzana (Haute Corse) de Jacques Buttafoghi, proche du clan Federici ». Une série d’écoutes téléphoniques va ensuite relier certains noms du grand banditisme à ces affaires présumées de malversations et de commissions occultes à destination d’intermédiaires. Sont concernés les transferts de Samir Nasri en 2008 (de l’OM à Arsenal), Souleymane Diawara (de Bordeaux à l’OM) et enfin d’André-Pierre Gignac (du TFC à l’OM en 2010). Mis sur écoute en 2012, José Anigo était justement considéré comme “la porte d’entrée du grand banditisme dans le club” par des magistrats : «On peut regarder tous les comptes, chercher partout si j’ai de l’argent. J’en ai tellement marre de toutes ces histoires que je veux que ça finisse. Je suis sur une période de reconstruction après avoir touché le fond moralement… Je n’en peux plus de tout ça.»
- Qui sont les juges et qu’ont-ils exactement ?
C’est la sous-direction de la lutte contre le crime organisé et la délinquance financière (SDCOF) de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) qui mène l’enquête. Et plus particulièrement le juge Christophe Perruaux, qui n’a même pas averti le procureur de la République de Marseille Brice Robin de ce vaste coup de filet, afin d’éviter une éventuelle “fuite”. Le juge Perruaux a été saisi depuis le 4 mai 2011 d’une information judiciaire pour “blanchiment, abus de biens sociaux, association de malfaiteurs, extorsion de fonds en bande organisée et recel”. Selon le Parisien, qui cite des sources proches du dossier, les enquêteurs auraient « suffisamment d’éléments » pour passer au « crible la gestion présente et passée de l’OM » et ces transferts présumés litigieux.
À combien se chiffrent ces éventuelles commissions ou malversations et à qui ont-elles profitées ? Tout ceci reste à déterminer. En 2013, Le Parisien citait l’équipe d’Ange-Toussaint Federici, proche d’André-Pierre Gignac. Ou encore l’homme d’affaires Jean-Luc Barresi, également agent de joueurs, qui aurait touché de l’argent lors du transfert de Souleymane Diawara. Une prochaine vague d’auditions devrait avoir lieu, annonce La Provence. Et devrait cette fois cibler des agents de joueurs et ces éventuels intermédiaires.
(Mise à jour, jeudi 20 novembre : l’ensemble des gardés à vue, à commencer par Pape Diouf, Jean-Claude Dassier, Vincent Labrune sont sortis libres et sans mises en examen.)
(Crédit photo : Wikipedia/Ludo29)