Ce lundi 18 mai, 450 élèves venant de 25 établissements, de la moyenne section au lycée, se sont rassemblés à la Cité du livre d’Aix en Provence pour le projet culturel et artistique «Lettre à soi, l’être à l’autre». A l’origine de ce projet innovant de lutte contre l’illettrisme et le décrochage scolaire, la Fondation du Crédit Mutuel pôle « lecture » et le Crédit Mutuel Méditerranéen, associés à l’Académie d’Aix-Marseille.
Dans un amphithéâtre comble, représentations théâtrales, chants et films projetés se succèdent toute la journée. Ces élèves de la région, la plupart en situation de décrochage scolaire, participent et assistent au spectacle qu’ils ont eux-mêmes créé dans une ambiance ludique et amusée. À chaque passage, même des plus timides, chacun a droit à sa salve d’applaudissement voire à son ovation.
Malgré l’ambiance, le but est bien pédagogique, il s’agit de « réconcilier les élèves en difficulté avec la lecture et l’écriture » souligne Pauline Oliveau. Cette chargée de mission « Lecture Écriture » du rectorat d’Aix-Marseille suit et coordonne le projet depuis le début.
De la « fast mise en scène »
Pour arriver à cette journée, les scénettes sont préparées depuis le mois d’octobre par les professeurs. S’ils ont bénéficié d’une formation entre janvier et février, ce sont eux qui ont écrit tous les textes autour du thème « mon école, mon quartier, ma ville (où mon village): mes paysages ». Et depuis février, Stefen Speekenbrink, le comédien partenaire du projet, se rend dans chacune des classes participantes pour monter les différentes parties avec les élèves. Autour d’un atelier de seulement 2h par classe, il met en scène chaque passage, « de la fast mise en scène » s’amuse-t-il.
En difficultés à l’école, moins dans l’expression
Parmi ces jeunes, certains sont handicapés, d’autres sont arrivés récemment en France et parlent peu le français, mais la plupart sont en difficultés scolaires, voire en situation de décrochage. On considère un élève en décrochage lorsqu’il n’a plus les acquis nécessaires pour avancer dans son parcours scolaire. Il cumule alors des lacunes qui l’empêchent d’apprendre. Dans l’amphithéâtre, certains éprouvent des difficultés à l’expression orale, d’autres se révèlent bon comédiens, et font rire l’assistance, tous ou presque oublient leurs difficultés. Pour preuve, cette parenthèse dans leur vie d’élève « met souvent en valeur des élèves ascolaires, cela change le regard de leurs camarades sur eux » selon la représentante du rectorat.
Après une année de carence, cette seconde édition de l’événement a en tout cas suscité un réel engouement de la part des élèves qui se sont prêtés au jeu avec volontarisme et bonne humeur. Certains « prennent même goût à l’écriture » ajoute Pauline Oliveau, c’est bien le but de l’opération.
Repères :
> Depuis 1992, la fondation «Pour la Lecture» du Crédit Mutuel participe à des événements pour combattre l’illettrisme dans tous le pays. Doté d’un budget annuel de 400 000 euros, auquel il faut ajouter environ 150 000 euros des différentes fédérations du Crédit Mutuel versés en complément, elle travaille avec 8 académies en France.
> Ce projet a été financé par la fondation et le Crédit Mutuel Méditerranéen à hauteur de 15 000 euros.
> Depuis 2007, le rectorat doit développer des Parcours d’éducation Artistiques et Culturels entre la moyenne section et le lycée. « Lettre à soi, l’être à l’autre » s’intègre dans ce parcours.
> Dans la région, 20 à 25% des élèves sont en situation de décrochage où d’illettrisme, contre 9% en moyenne dans le pays. Le décrochage s’effectue en majorité dès l’entrée au collège.
(Illustration : quatre collégiens pendant leur représentation, lundi 18 mai à la Cité du Livre d’Aix. Photo RG)