À l’occasion de la Nuit du commerce qui s’est déroulée mardi 11 juillet au palais du Pharo, Tony Sessine, le nouveau président de la fédération Terre de commerces, a annoncé ses priorités devant ses adhérents et s’est entretenu avec Gomet’.
Gomet : Quelle est votre priorité aujourd’hui ?
Tony Sessine : La première chose à faire est un moratoire sur le développement et l’agrandissement des centres commerciaux. La Métropole doit rendre son schéma directeur d’urbanisme le 20 septembre prochain, c’est maintenant qu’il faut agir. La redynamisation du centre-ville est devenue une urgence. Nous ne sommes pas contre les centres commerciaux mais nous voulons être consultés lors des décisions car, à ce jour, les mairies décident sans même penser à nous consulter pourtant nous pouvons au moins donner un avis. Terre de commerces regroupe actuellement 6 000 adhérents, commerces et services de proximité. Et le commerce est notre métier.
Sur quels points voulez agir ?
T.S. : L’accès, le stationnement, la propreté, l’offre commerciale, la fiscalité… : tout ce qui bloque aujourd’hui dans la redynamisation du centre-ville. Oui à l’idée de la zone franche (*) pour les cœurs de ville ; Toulon en bénéficie depuis 2006 et son centre-ville est revenu à un niveau moyen-haut de gamme. Ou quelque chose qui allège la fiscalité et donne envie aux commerces indépendants de rouvrir en centre-ville. C’est difficile car c’est un manque à gagner pour l’État mais en retour, si des commerçants s’installent, emploient… le bénéfice revient pour tous.
Pensez-vous que les communes ne sont pas sensibles aux problèmes des centres-villes ?
T.S. : Il y a une prise de conscience des communes mais il faut une volonté politique qui doit se transformer en actes. Et le temps économique n’est pas celui du politique. Le commerçant ne peut pas agir tout seul et la mairie a un droit de préemption sur les locaux vacants. Ça, c’est très important. Mais elle doit le faire avec nous.
Nous sommes en période de soldes. Que pouvez-vous nous en dire ?
T.S. : On sent une reprise économique mais il faut un environnement favorable et la gratuité du stationnement l’est tout à fait pour le commerce. La Ville de Marseille a pris le contre-pied en stoppant cette gratuité dans les rues du centre entre midi et 14 heures et en prolongeant le paiement jusqu’à 19h. Allez savoir pourquoi…
Puis, de retour à la tribune du palais du Pharo, Tony Sessine a invité quelques membres de la fédération et experts à le rejoindre afin de présenter des actions concrètes, bénéfiques, mises en place sur certaines communes ou sur le territoire national. Ainsi, à la demande des commerçants, la Ville de Rognac a remis au goût du jour les zones bleues dans son plan de stationnement. Une façon de proposer un stationnement gratuit, limité, dans le centre-ville. À Salon-de-Provence, partie de dix commerçants, l’opération Shop’in 13 en regroupe désormais cent. Il s’agit de chèques cadeaux que les entreprises offrent à leurs salariés, à utiliser dans les commerces indépendants et de proximité. « C’est un outil créé par des commerçants pour des commerçants. Nous faisons aussi tout au long de l’année des animations pour en faire gagner », explique Fabienne Ferren, membre du bureau. Marie Bagnoli, vice-présidente, commerçante et instigatrice de la Braderie de la rue Grignan, a témoigné du succès de l’événement qui sera d’ailleurs réitéré le 2 septembre prochain. « Quand tout un centre-ville se décide, se motive, ça ne peut apporter que du succès, exprime-t-elle. Les commerçants ont des idées mais n’ont pas beaucoup de temps. » Faut-il encore arriver à mettre tout le monde d’accord pour le bien-être général… Enfin, une idée originale a été présentée par Laurent Couvret, directeur de la plateforme Pays d’Aix Initiative : celle des boutiques à l’essai, grâce à tout un dispositif mis en place permettant de proposer des baux précaires de six mois (lire notre article La formule des boutiques à l’essai débarque en métropole). Et à Tony Sessine de conclure : « Je revendique la présence de Terre de commerces dans tous les conseils municipaux. » Sera-t-il entendu, en commençant par l’adjointe au maire de Marseille, déléguée au commerce, à l’artisanat et au grand centre-ville, Solange Biagi, qui était au premier rang ? À suivre…
(*) Marseille a déjà fait une demande de zone franche urbaine lors du gouvernement de Manuel Valls. Nouveau Premier ministre, nouvelle demande ?