Depuis plus de 20 ans, le Club Provence Communication travaille au rassemblement des personnes issues de la communication, autour de deux objectifs, précise sa directrice, Laurence Lucari : « Agiter nos neurones ; et prendre conscience des compétences qu’on a au niveau local ». Solimut Mutuelle milite pour une vraie «transformation digitale ».
François Lachaud, fondateur de Bambule Films et Bambule Médias, a longuement pris la parole. Ce dernier a rappelé que la e-santé suscite beaucoup de débats entre professionnels. Et cela va en s’accélérant. Elle est aujourd’hui multiple, en pleine ébullition, et pas vraiment stabilisée. « La e-santé est un marché qui n’a pas encore explosé, mais qui répond à de réels enjeux ». Elle tend à « irradier l’ensemble de l’écosystème du secteur de la santé ».
Le patient : numérique, numérisé, et numérisable
La e-santé de décline aujourd’hui en multitude d’applications, d’objets connectés, de casques de réalité virtuelle. Ajoutez à cela le phénomène des réseaux sociaux, omniprésents. Cette technologie qualifiée «d’immatérielle » se retrouve dans chacune des étapes du parcours de santé. « Elle court de la prévention à l’observance, en passant par l’assistance et le partage de données », rappelle François Lachaud.
Avec le développement technologique, le patient est aujourd’hui vu à la fois comme numérique, numérisé et numérisable. Modelable à souhait, en somme. Il faut dire qu’il dispose aujourd’hui de tout un arsenal d’outils dont le but premier, ou du moins en apparence, est de l’accompagner sur le plan médical.
Hellocare, société basée à La Ciotat, propose par exemple des consultations 7 jours sur 7, de 7 heures à 22 heures, pour lutter contre les déserts médicaux. Pratique. Mais le problème, c’est « qu’aucun de ces sites n’est rentable », pour monsieur Lachaud, et qu’il n’existe aucune prise en charge de l’Assurance Maladie et des complémentaires santé. Si 32% des Français accepteraient de faire une téléconsultation non remboursée avec un professionnel de santé, seulement 2% l’ont déjà fait ! Il reste du chemin à parcourir.
Les chatbots comme Facebook Messenger vont aussi renforcer l’essor de la e-santé préventive. Le bot Smart Alfred, créé par Michel Cymes et Christophe Brun, proposera des conseils personnalisés, fondés sur le profil, le comportement et les pathologies de l’utilisateur. A terme, les chatbots, autorisés en France, pourront proposer des diagnostics qui dégageront une certitude assez fiable. Au Royaume-Uni, Babylon, qui repose sur une logique de portail, offre la possibilité aux patients-internautes de se voir délivrer des ordonnances !
Cela est renforcé par le phénomène de « l’empowerment ». Grâce aux réseaux sociaux, aux sites thématiques amateurs, aux forums ou aux blogs, les patients arrivent armés d’un diagnostic chez le médecin, avant même d’avoir été consultés. D’autres outils sont à leur disposition. Comme une certaine marque à la pomme, IBM a son « Apple Watch », dont le nom de code est Watson. Ce programme d’intelligence artificielle, conçu par la firme américaine basée à Armonk, est le plus abouti dans le domaine des croisements de données. Le roi du Big Data. Autorisé aux USA depuis deux mois, il applique les potentialités de l’intelligence artificielle au secteur médical, et s’ouvre la porte des hôpitaux. Mais l’empowerment « ne fait pas du profane un praticien, et la e-santé ne saurait favoriser l’auto-diagnostic 2.0, ni encore moins l’auto-médication », prévient le patron de Bambule Médias.
Quid de nos données personnelles collectées ?
Ces outils soulèvent l’épineux et délicat problème des données personnelles, de leur collecte et de leur sécurisation. Certaines entreprises sont prêtes à marchander les données récoltées pour les revendre aux plus offrants. On le sait, c’est le danger des technologiques informatiques, et par voie de conséquence, de ces objets connectés, qui vivent à nos côtés, et nous « espionnent », avec notre bénédiction.
Un autre risque: la santé comportementale. Cette pratique qui consiste à demander à un client ou un patient de s’engager à prendre telle ou telle mesure (arrête de fumer, ne plus boire d’alcool etc.) pour obtenir, en contrepartie, une réduction sur sa cotisation. Cette pratique reste parfaitement interdite en France.
Aujourd’hui, une imposante barrière formée d’une législation stricte, de servitudes administratives et de sécurité des données, empêchent la France de s’aligner sur les modèles anglais ou américain. Et protège encore ce qui peut être préservé. La sécurité des données dans l’hexagone « ralentit la digitalisation des données en France », affirme François Lachaud. Mais elle ne l’arrête pas. Il suffit de positionner le curseur au bon endroit. De trouver le compromis entre la préservation des données personnelles et leur exploitation à des fins médicales.
Les objets connectés, dans le cœur des Français ?
Les objets connectés connaissent un intérêt élevé de la population, de plus en plus soucieuse de surveiller son bien-être et sa santé au quotidien.
En effet, 25% des personnes pourraient payer un abonnement mensuel de 12 euros pour faire surveiller leur santé. Seuls 4% paient aujourd’hui. On est loin du compte…
Aujourd’hui, la e-santé tend à avoir la cote auprès des Français et à se transformer en besoin. Mais les attentes restent encore nombreuses. Ils espèrent une labellisation officielle qui puisse témoigner de la fiabilité des applis et objets connectés dédiés à la prévention. Ils souhaitent le remboursement par la Sécurité sociale et les complémentaires santé de ces derniers. Mais les Français s’attendent aussi et surtout à ce que les données fournies et leur confidentialité soient respectées. La santé, ça a un prix. La liberté aussi.
REPERES
> 17% des médecins français conseillent des applications santé à leurs patients.
> 19% des Français disent utiliser au moins un objet connecté pour leur santé.
> 61% des Français sont favorables à l’utilisation d’objets connectés dans le cadre de leur assurance santé pour une maladie existante.
> 50% des pharmaciens français ont déjà vendu des objets connectés santé dans leur officine.