Le Stadium de Vitrolles, cette enceinte, bâtie par Rudy Ricciotti – l’architecte du MuCEM – et Olivier Golcer (chef du projet) est aujourd’hui laissée à l’abandon. Qui se souvient encore de ce zénith d’une capacité de 5000 places qui servait aussi de palais des sports ? Qui sait qu’il existe un joyau architectural semblable au MuCEM dans la métropole Aix-Marseille-Provence ? Enzo Rosada, étudiant en architecture de 19 ans, se bat aujourd’hui pour la réouverture de ce bâtiment et nous en livre son témoignage.
Inauguration en 1994
Cette infrastructure (photo ci-dessous d’Enzo Rosada), commandée par la ville de Vitrolles à Rudy Ricciotti, qui réalisait là une de ses premières grandes œuvres, a été achevée en 1994. Ensuite, pendant plusieurs années, ce bâtiment fut le cadre de concerts et événements sportifs de haut niveau. C’était par exemple l’enceinte où jouait l’OM Vitrolles, ce prestigieux club de handball des années 1990. Puis, la municipalité Front National de Vitrolles cessa en 2000 de subventionner cette salle de spectacles hors-normes et celle-ci cessa ses activités à cause du manque de financements. L’enceinte ferme, abandonnée et tombe dans l’oubli.
Aujourd’hui, le Stadium, fermé depuis plus de 15 ans, est en proie aux tags et aux actes de vandalisme. Enzo Rosada trouve cette situation « désolante », et souhaite la réhabilitation de cette infrastructure qui est une réussite « sur le plan acoustique, architectural et financier ».
Un bâtiment utile à la métropole
« A l’échelle de la ville de Vitrolles, de la métropole Aix-Marseille Provence et de la région Paca, ce bâtiment fait partie du patrimoine » pour Enzo Rosada qui souhaite que les habitants comme les touristes puissent « redécouvrir l’oeuvre de Rudy Ricciotti ». Et puis, outre l’aspect strictement architectural, « ce serait une nouvelle scène dans la région » qui métamorphoserait le paysage des infrastructures sportives et de spectacles, avant l’ouverture du palais des sports d’Aix-en-Provence. En effet, c’est la cinquième plus grande salle de la future métropole comme des Bouches-du-Rhône en terme de capacité (5000 places) derrière la grande halle de Martigues (9000 places), le Dôme (8500 places), la grande halle 1 du parc Chanot (8000 places) et le palais des sports de Marseille (7600 places). Si l’on exclut Marseille du classement, c’est la deuxième salle des Bouches-du-Rhône, qui en plus de sa capacité révèle, contrairement au Dôme, des « qualités acoustiques remarquables. »
Rouvrir ce bâtiment, tel est le sens du combat d’Enzo Rosada qui rencontre « le plus de monde possible » afin d’atteindre son but. Il a déjà contacté Rudy Ricciotti, qui le soutient dans son initiative. Maintenant, il a obtenu un rendez-vous avec Loïc Gachon, le maire de Vitrolles, et souhaite via cette entrevue « orienter une étude en cours sur ce site » afin de « réhabiliter cette œuvre et en faire une salle de rock ». L’étudiant en architecture souhaite également se faire entendre à l’échelon métropolitain et « aimerait bien rencontrer Laurent Théry (NDLR, préfet de la mission métropolitaine) ». Mais plus qu’un simple projet urbanistique, Enzo Rosada défend la dimension architecturale du bâtiment.
Le Stadium, joyau du patrimoine métropolitain
Enzo Rosada nous confie également vouloir permettre au public de redécouvrir un des premiers chef d’oeuvre de Rudy Ricciotti. Aujourd’hui, le nom de l’architecte est immédiatement associé au MuCEM, remarqué internationalement. Il souhaite donc profiter de sa notoriété pour faire connaître le Stadium de Vitrolles, « bâtiment manifeste de l’architecte. »
Car au moment de la construction, « la valeur patrimoniale de ce bâtiment » a été sous-estimée. « Les confrères n’étaient pas aussi sensibles qu’aujourd’hui à l’art contemporain » nous confie-t-il ajoutant qu’à « l’époque, cette œuvre a été mal jugée ». Mettre en avant l’usage du béton dans l’architecture, c’est aussi un des objectifs du futur architecte qui admire l’utilisation de ce matériau dans l’œuvre de Rudy Ricciotti : « Le béton permet de ressentir ce qu’a fait l’ouvrier, c’est une matière qui a la mémoire du travail ». En plus de la dimension artistique, « le béton c’est le matériau français qui ne connaît pas la crise, contrairement à l’acier avec les hauts-fourneaux qui suppriment des emplois à tour de bras. »