Dans le cadre des 30 ans du Ballet Preljocaj, la Cité du livre inaugurait jeudi 25 juin, dans la galerie Zola, l’exposition photographique “Danse contemporaine en pays d’Aix” qui célèbre le regard de Jean Barak, Jean-Claude Carbonne et Christiane Robin sur 30 ans de manifestations chorégraphiques dans les rues et les théâtres aixois.
“Comme c’est étrange cet art du corps en mouvement immobilisé dans un moment de grâce, discrètement mais précisément, comme une autre mémoire de la danse“, souligne le chorégraphe Angelin Preljocaj présent, bien qu’en retrait, pour honorer ces photographes qui l’accompagnent depuis l’installation de sa troupe à Aix en 1996. Des danseurs de Josette Baiz sur une place des Cardeurs encore vierge de ses restaurants et bars, au majestueux triptyque annonçant la performance solo du funambule Angelin sur fond de paysage urbain, le parcours photographique “vous fait voyager dans l’histoire de la danse” promet Jean Barack.
Si le rendez-vous célébrait en premier plan l’œil de ces trois artistes introduit par le discours de l’adjointe à la Culture, Sophie Joissains, les mémoires vives de ces témoins de l’essor de la danse contemporaine à Aix ont marqué les esprits hier. Lorsque Jean Barack aperçoit dans la galerie Ginette Escoffier, les retrouvailles sont émouvantes: “c’est grâce à elle qu’on a découvert la danse contemporaine”, précise-t-il, “elle voulait que le public d’Aix découvre tous les genres chorégraphiques et au début on disait même: c’est quoi cette daube qu’elle nous oblige à supporter !”
Carolyn Carlson dans la rue pieds nus en 1987
Cette ancienne bénévole du comité des fêtes de la ville est à l’origine de la création en 1977 de Danse à Aix, le premier festival en France qui invitait amateurs et professionnels à danser sur les places publiques à la surprise des riverains. Un rendez-vous qui élargit le public de la danse contemporaine, genre voué à l’éloge du corps sous toutes ses formes loin des performances spectaculaires des chorégraphies classiques. Le visiteur s’étonnera par exemple de voir des photographies d’artistes de renommée internationale dans les rues d’Aix, à l’image de Carolyn Carlson saisie par l’appareil de Christine Robin lors d’une “improvisation de rue” en 1987. La photographe confirme, “c’est bien Ginette Escoffier qui a convaincu cette grande figure de la Nouvelle danse française alors au sommet de son art de venir danser, pieds nus dans les rues aixoises, devant un public loin d’être acquis“.
De ces retrouvailles éphémères entre artistes et militants de l’ombre, on retiendra qu’Aix-en-Provence était déjà un haut lieu de la diffusion de la danse contemporaine apparue dans l’Hexagone dans les années 70, avant les rendez-vous festivaliers aujourd’hui incontournables de Montpelier (1981), de la Biennale de Lyon (1984) ou encore des Hivernales d’Avignon (1979), avant la création des 19 Centres Chorégraphiques Nationaux par le ministère de Jack Lang, avant même que le Ballet Preljocaj s’y installe et face rayonner la ville à l’international.
Exposition à voir jusqu’au 21 septembre à la Cité du Livre. Informations sur le site de la Cité.