Frédéric n’est pas le « succès man » que l’on décrit. Je l’ai connu « petit ». Il était commercial chez RMC dans l’équipe de Michel Attard. Et la régie de RMC était hébergée dans nos locaux, ceux de l’agence Sud reporters et de l’agence Axone, au 29 la Canebière. Frédéric n’avait pas de titre ronflant, mais, il avait des résultats. Il sortait de l’excellent IUT Technique de Co d’Aix-en-Provence. Auprès de Michel Attard, il écoutait, apprenait, absorbait ce dur métier de la vente. Et il en devint un artiste. C’est un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, où Michel Attard faisait boire un café Malongo à l’antenne de RMC par Michel Foucault tous les matins.
Frédéric a rencontré l’échec. Et le rebond
Très vite Frédéric souhaita voler de ses propres ailes. Et si j’ai suivi ses projets, j’étais toujours fasciné par sa méthode. Il avait un projet, il en avait fait le plan, il avait constitué une équipe. Et six mois plus tard, le plan était en œuvre, l’équipe en place et les résultats… parfois au rendez–vous. Car contrairement à la légende, Frédéric a rencontré l’échec. Et le rebond. Tout au début, par exemple il décroche fièrement la mise en place de la carte « Jeunes » qui devait associer les mutuelles étudiantes. Un beau marché mais une mission impossible. Il me racontait ces réunions inconcevables où chaque mutuelle venait avec ses avocats pour préserver son pré-carré que la carte jeune aurait menacé ! Mais il rebondit avec toujours cette méthode : un projet, un plan, une équipe. Le parcours boursier ne fut pas de tout repos. J’avais écrit un jour un portrait de Frédéric pour un magazine économique (l’Entreprise) et une fois le « papier » validé, la rédac-chef me dit mais tu sais « la valeur de High Co est au plus mal ». Je réussis à la convaincre que la déprime était transitoire et que l’homme avait du rebond.
Farouchement indépendant
Passé la période High Co, il voulut s’investir. Dans la société civile pour développer sa région, pour partager ses convictions. Il fut un soutien de Marsactu, il y investit beaucoup de sa personne et de ses moyens. Il aimait le libre propos et le service aux lecteurs. Il écoutait et cherchait à appréhender ce monde étrange de la presse qui le passionnait. Il testa aussi l’engagement institutionnel avec le Top 20 à la CCI et en toucha les limites. Il partit discrètement en recherche de projets concrets utiles au territoire, aux citoyens, aux jeunes.
Il conçut, seul d’abord, puis avec une équipe formidable, cet improbable projet de thecamp. Et il réussit l’impossible : mobiliser les moyens pour faire sortir de terre ce lieu d’imagination et de créativité.
Frédéric fait partie de ces personnalités rares, farouchement indépendantes, élégantes, talentueuses s’il en est, modestes, accessibles et bienveillantes. Putain de moto !
Christian Apothéloz