Le chemin jusqu’à Martigues ce 2 juillet 2015 a été long, parfois chaotique, toujours sinueux et escarpé. Mais le résultat est là : les quatre conseils de développement (organes consultatifs regroupant des personnalités de la société civile) des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) du territoire d’Aix Marseille Provence présentent une plateforme de propositions commune. Jolie prouesse alors que durant des mois, certains ont ferraillé dur pour s’opposer à tout projet de création de métropole. Et ironie du sort, durant cette matinée, c’est à l’hôtel de ville de Martigues, dans l’un des bastions de la résistance anti-métropolitaine, que la société civile apporte ses contributions.
Ce 2 juillet, il y a bien une volonté de tourner la page. Ainsi Henri Cambassedes (à droite sur la photo), président de la Communauté d’agglomération du Pays de Martigues (CAPM) et premier adjoint de la Ville de Martigues et hôte du jour lance : « Aujourd’hui on met nos intelligences en commun pour construire la métropole. » Dommage que le préfet Théry, chargé de la mission de préfiguration de la métropole ne soit pas là pour entendre. Bernard Niccolini, vice-président du comité de consultation Ouest Etang de Berre souligne également la posture constructive: « Les femmes et les hommes issus de nos sociétés civiles ont abordé leur travail de réflexion commun avec la volonté de privilégier la coopération et la recherche de consensus plutôt que le rapporte forces et la domination d’un territoire sur l’autre. »
[pullquote]Construire des territoires adaptés à la mise en oeuvre de projets métropolitains.[/pullquote]Il ne s’agit pas pour autant de se lancer la tête baissée dans la future structure dont on ne connaît toujours pas la version définitive (à l’époque la loi Notre n’est pas encore adoptée définitivement). Prudence et vigilance restent de mise mais cette fois il y a des propositions concrètes pour avancer. « La gouvernance ne me concerne que très peu souligne Henri Cambessedes. Ce qui nous importe ce sont les projets des Martégaux. » Place aux projets, au concret, une sorte de retour à la réalité du terrain, de la géographie et des mouvements. C’est bien là le premier volet de la contribution des conseils de développement du pays d’Aix, du pays d’Aubagne et de l’Etoile, de Marseille Provence Métropole et d’Ouest-Etang de Berre : construire des territoires adaptés à la mise en oeuvre de projets métropolitains. Comment y parvenir ?
« Les conseils de développement estiment que les futurs « territoires » de la métropole AMP doivent améliorer la cohérence et l’efficacité des politiques publiques locales et favoriser les dynamiques territoriales sur la base de critères objectifs. » Et de souligner avec réalisme : « La plupart des EPCI existants excepté le San ont été créés il y a une dizaine d’années sur des considérations plutôt politiques. Or, ils ne correspondent pas aux logiques fonctionnelles ou opérationnelles des bassins de vie infra-métropolitains et leur disparité démographique et spatiale reste pénalisante. »
Les conseils de développement identifient cinq problématiques pour des territoires opérants :
1. Quelle place pour la centralité Marignane-Vitrolles ? Deux hypothèses : soit un seul territoire, soit un rapprochement avec un territoire existant. Aujourd’hui, Vitrolles dépend du pays d’Aix, Marignane de MPM.
2. Quid d’Aubagne-Gémenos ? Doit-on constituer un territoire élargi autour d’Aubagne comprenant notamment La Ciotat, Gémenos et Cassis (actuellement dans MPM) ou intégrer cet ensemble dans un vaste territoire de Marseille-Marseille, ce qui « corrobore aujourd’hui l’importance des flux quotidiens de déplacements et l’existence d’une zone d’emploi unique au sein de l’Insee ? »
3. Le poids de l’entité marseillaise doit être également posé. Et s’il y avait plus de territoires marseillais ?
4. Faut-il maintenir un territoire salonais ? Certes il y a une centralité autour de Salon-de-Provence mais plusieurs attractions complémentaires “affaiblissent le pôle, en direction de Marseille au sud, et d‘Avignon au nord, vers l’étang de Berre à l’ouest et vers Aix à l’est. Quelle est la logique de maintenir un territoire salonais s’interrogent les conseils de développement ?
5. Enfin le San Ouest Provence et le pays de Martigues ne constituent-ils pas un seul territoire à l’ouest de l’étang de Berre (deux EPCI actuellement, Ouest Provence et la CAPM) ? « La liaison Istres-Fos-Martigues est forte et s’inscrit géographiquement dans un même territoire. »
« On pose ces questions mais il n’y aura pas de réponses tout de suite. Il faut que les élus réfléchissent à l’organisation territoriale. Il y aura ensuite un décret au conseil d’état mais nous voulions souligner que le découpage actuel n’est pas inéluctable » conclue Bernard Niccolini. Henri Cambessedes acquiesce. « Comment comprendre que Martigues et Châteauneuf-les-Martigues ne sont pas dans la même intercommunalité » rappelle-t-il. Et de souligner les incohérences et difficultés pour travailler sur des projets à l’instar des relations compliquées avec l’usine Total, installée sur deux communes et deux communautés de communes différentes… Un contre-exemple que plus personne ne souhaite reproduire.
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