La précédente élection s’était jouée de peu. Le maire communiste sortant, Roger Meï, élu au premier tour en 2001 et 2008 avait été sérieusement mis en difficulté par Jean-Brice Garella qui l’avait poussé au second tour dans une improbable quadrangulaire (quatre candidats) dans laquelle le maire octogénaire avait réussi à s’imposer face au socialiste rassembleur avec un écart inférieur à 70 voix.
Avec l’annulation de l’élection, beaucoup de Gardannais s’attendaient à la répétition du duel de 2014, Jean-Brice Garella ayant là l’occasion de prendre sa revanche sur Roger Meï, l’historique maire de la ville. Mais la candidature surprise de François-Michel Lambert vient brouiller les cartes. Le député de la circonscription se présente comme « l’homme nouveau dont Gardanne a besoin ». La tension est très forte entre les partisans de M. Garella et ceux de M. Lambert, car tous deux jouent sur le même terrain électoral.
En effet, ces deux figures sont des hommes dans la force de l’âge. L’un veut développer Gardanne en s’appuyant « sur ses forces vives» (Jean-Brice Garella). L’autre souhaite l’intégrer « avec ses richesses dans un axe de développement Aix-Aubagne, pleinement intégré à la future métropole » (François-Michel Lambert). Et les deux entendent incarner une gauche moderne, en réaction au pouvoir communiste local qui, selon les deux hommes a entraîné Gardanne, depuis la fermeture de la mine, dans un dangereux repli sur soi refusant la CPA [Communauté du Pays d’Aix] et la métropole.
François-Michel Lambert revendique d’ailleurs le monopole de la gauche non communiste : « Je ne vois que deux listes de gauche, celle du maire sortant et la mienne. M. Garella n’est soutenu par aucun parti de gauche et vous verrez comment la préfecture classera sa candidature ».Si M. Garella est « un homme de gauche », comme le décrivent ses proches, encarté au PS, il a perdu entre 2014 et 2015 19 de ses 35 colistiers lors des dernières municipales, avec parmi eux 14 socialistes qui pour certains ont rejoint le député Lambert.
Néanmoins, la liste « citoyenne de rassemblement » de M. Garella compte parmi elles de nombreux Gardannais ayant porté des combats électoraux en 2001 et 2008 contre le maire encore en place. L’entrepreneur Garella sans étiquette s’opposera au député Lambert socialiste et écologiste. Pour une militante garélliste, la candidature de Lambert n’est pas sérieuse. Demandant « A qui profite sa candidature ? », elle sous-entend que celle-ci vise seulement à faire battre M. Garella et faire réélire le maire sortant.
Un scrutin et de nombreux imprévus
Si les candidatures se multiplient, celle dont on parle le moins, c’est d’abord celle du maire sortant. Selon une source bien informée « il doit d’abord réunir son camp, ce qui ne sera pas facile à faire ». Roger Meï, qui dirige la ville depuis plus de 30 ans vient de fêter ses 80 ans. Il s’agit pour lui de la dernière campagne, d’un ultime combat. Parviendra-t-il à l’emporter ? En tout cas, il peut compter sur les employés municipaux pour faire sa campagne. Alors que le journaliste de GoMet’ demande un plan de la ville à la secrétaire à l’entrée de la mairie celle-ci me répond (sans savoir que j’étais journaliste) « Si vous êtes de la commune, déplacez-vous pour voter Meï ».
Le Front national devrait également jouer un rôle non négligeable dans cette élection. En 2014, Clément Lepoittevin avec sa liste « Gardanne Bleu Marine » s’était glissé au second tour avec 20% des suffrages, terminant en troisième position. Dans une élection qui s’annonce serrée, son score sera déterminant. Et si ce candidat de 22 ans « qui n’est pas originaire de la commune » ne semble pas en mesure de devenir maire, il sera certainement arbitre du scrutin. Tous les autres candidats s’accordent pour lui reprocher « des positions nationales qui ne répondent pas aux besoins des Gardannais » et la seule volonté « d’obtenir des élus locaux pour préparer l’arrivée au pouvoir de Marine Le Pen ». Pour sa part, M. Lepoittevin est plutôt confiant : « Les gens me reconnaissent, je vois beaucoup de personnes déçues de la gauche... ». Quant à son programme, il ajoute « avoir produit un programme local avec des mesures qui concernent directement les Gardannais comme davantage de moyens pour la police municipale ou la mise en place d’une mutuelle communale.»
La participation sera la clé de cette élection. Nul ne peut aujourd’hui savoir quel sera son niveau. Les plus optimistes l’estiment à 50%, beaucoup ne préfèrent pas faire de prévisions.