À 18 ans, il est déjà membre à part entière de l’équipe professionnelle du Pays d’Aix Université Handball (Pauc). Lui, c’est Aymeric Minne, dont la légère timidité de façade trahit l’âge. Tout comme l’assurance et la maturité de ses propos témoignent de sa précocité au haut niveau. Il débarque fin août au club aixois, auréolé d’un titre de champion du monde espoir avec l’équipe de France, qui succède à celui de champion d’Europe obtenu en 2014. C’est Jérôme Fernandez, l’entraîneur-joueur du Pauc, qui a réclamé son arrivée du Fénix Toulouse Handball. Si son club formateur est actuellement devant Aix au classement de LNH, celui qui est aussi étudiant en deuxième année à Polytech Marseille ne regrette pas son choix. Au contraire. « Aix était une belle opportunité, je n’aurais jamais fait ce début de saison avec un autre club » affirme Aymeric Minne sans regrets. Pourtant, ce transfert a fait du bruit.
Un transfert et une arrivée mouvementés
Du Fénix au Pauc, il passe d’un centre de formation à un autre, chose qui ne s’était « jamais faite ». « Toulouse comptait sur moi, enfin à partir du moment où je leur ai dit qu’un départ m’intéressait » assure-t-il avec un brin d’amertume. Jusque là, il avait peu connu l’équipe première de son club formateur. Alors le demi-centre choisit Aix, qui le contacte au mois de juillet après que Jérôme Fernandez l’ait appelé pour le convaincre. C’est là que les choses se compliquent. Toulouse tente de le retenir, lui se trouve bloqué là-bas « avec un préavis de deux-trois semaines ». Une « période difficile, j’ai dû m’entraîner seul, comme je pouvais. Je voulais juste être sur le terrain ». Il goûte aux critiques aussi. « J’ai entendu que je partais pour l’argent alors que je suis encore en centre de formation. Je ne signerai pro que cet été » relate-t-il, encore marqué par l’épisode.
Rapidement dans le bain
Une fois son transfert bouclé, il intègre directement l’équipe première. « Je suis arrivé le mercredi, le vendredi je m’entraînais avec les pros et le mercredi d’après, je partais en déplacement avec l’équipe à Créteil (le 23 septembre) ». L’espoir s’en étonne encore, même si, à son arrivée, le club lui avait promis qu’il jouerait. Puis les matchs s’enchaînent, le temps de jeu grandit, la confiance avec. Ses premières performances remarquées? Face aux cadors Montpellier et Paris, « on ne jouait pas la gagne alors l’entraîneur m’a donné un vrai temps de jeu ». Depuis, il participe à tous les matchs, profitant aussi des nombreuses blessures qui ont touché l’équipe depuis le début de la saison. Modeste et conscient du travail qu’il lui reste à accomplir, le jeune joueur identifie ses faiblesses. « Je ne me trouve pas encore assez régulier, je dois travailler le physique. Mais jouer en LNH va me faire progresser ».
Progresser avec le club
Jouer, c’est bien l’argument le plus important de son arrivée au Pauc. L’ambition du club aussi est un élément. « Le projet est ambitieux, je n’arrive pas dans un club qui jouera le maintien pendant les cinq prochaines années ». Il admet sans détour que cette saison est plus difficile que prévu. Après 16 journées, le Pauc est 12ème de LNH (sur 14) et premier non-relégable. « On voulait jouer les places proches de la qualification en coupe d’Europe. On joue le maintien. On va essayer de l’obtenir le plus tôt possible, avec un mois de mars charnière ». Maintenant que ce sont ses performances qui font parler, Aymeric Minne veut s’imposer sur le long terme à Aix. Ensuite? Il anticipe la question de l’équipe de France, « un rêve » bien sûr. Il a vu ses « copains » Fabregas et Kunkund avoir « la chance » de goûter aux convocations avec les Experts. « Ça dépend de moi, si je le mérite ou pas. Il faudra que je me donne les moyens » conclut-il dans un mélange d’ambition, de modestie et d’assurance.