Un bon izzolant
« Naître à Marseille n’est jamais un hasard. Marseille est, a toujours été, le port des exils, des exils méditerranéens, des exils de nos anciennes routes coloniales aussi. Ici, celui qui débarque un jour sur le port, il est forcément chez lui. D’où que l’on vienne, on est chez soi à Marseille. Dans les rues, on croise des visages familiers, des odeurs familières. Marseille est familière. Dès le premier regard. » Ne serait-ce que pour cette profession de foi, il faut d’urgence, en ces temps de repli sur soi, acheter la nouvelle édition de Fabio Montale, de Jean-Claude Izzo que Gallimard a eu la bonne idée d’éditer en poche (Folio policier, 736 pages 14,50 €). Voilà un cadeau pour s’izzoler de la bêtise.
L’école de la République
Discussion avec un professeur de mathématiques, récemment parti à la retraite. Ce Marseillais est affligé par la situation de l’enseignement dans les quartiers défavorisés et il la corrèle avec cette emprise religieuse qui gagne du terrain, quand la laïcité recule. « Il faut revenir, dit notre interlocuteur, à des valeurs simples comme le respect, le devoir, l’effort » et d’ajouter et « les parents ne peuvent pas s’en remettre à la seule autorité des professeurs. L’apprentissage de la vie en société commence dans la famille, pas à l’école ! » « Il n’y a ni mauvaises herbes, ni mauvais hommes, disait le père Hugo, il n’y a que de mauvais cultivateurs ». Et si les activités périscolaires apprenaient aussi aux familles à cultiver leur jardin ?
Chasse aux talents ou aux sorcières
C’est une tradition locale (Qu’on retrouve ailleurs). On recrute beaucoup dans les collectivités territoriales chez… les journalistes. On peut penser dans une approche optimiste que c’est parce que les élus ont été bien châtiés, qu’ils aiment désormais les collaborateurs venus du monde des médias et qui ne les ont jamais épargnés. Si on est plus pessimiste, on peut également se dire que les hommes et femmes politiques récompensent ainsi ceux qui leur ont ouvert leurs colonnes ou leurs antennes, sans porter outre mesure la plume dans la plaie. Mais c’est sans doute là une vision trop négative de la réalité.
Maison à vendre
Elle aura fait couler beaucoup de salive, ces derniers jours, la maison de la Méditerranée voulue et réalisée sous le mandat de Michel Vauzelle. Si quelques-uns sont encore épatés par cette prouesse architecturale, beaucoup se demandent à quoi elle pourra servir dans les années à venir. On évoque la possibilité d’y faire siéger la grande métropole Aix-Marseille-Provence. Elle est déjà sur le sable côté fonctionnement, si en plus elle doit affronter les vagues que suscite la future assemblée, on n’est pas sorti de la tempête.
Commissaire vous nous manquez
Jolie légende sur un site d’informations marseillais « la victime a fini sa course contre la mort, contre un poteau ». Cela nous rappelle le regretté commissaire Nguyen Van Loc, qui n’avait pas son pareil pour raconter ses exploits professionnels. Il les joua du reste au bout du compte sur le petit écran. Alors que nous l’interrogions sur une des nombreuses anecdotes qu’il nous servait, avec l’accent, il nous plongea dans la plus grande perplexité. Il racontait ainsi une opération où il était intervenu, à Aubagne, contre un forcené « Entre lui et moi, il y avait la mort ». « Et alors ? » demandèrent en cœur les journalistes à qui il faisait face… « Et ben, il a fait un pas de trop ! » C’est ainsi que se construisent les grandes légendes.
Un mur sans lamentation
On ne le répètera jamais assez, il est magnifique ce mur de phrases littéraires que les concepteurs du renouveau des docks ont bâti au nord-ouest des bâtiments réhabilités (photo). On y retrouve tous les grands qui n’en finissaient pas de s’esbaudir devant cette ville inclassable. Ainsi Georges Sand : « Marseille est une ville magnifique qui froisse et qui déplaît au premier abord par la rudesse de son climat et de ses habitants. On s’y fait pourtant, car le fond de ce climat est sain et le fond de ses habitants est bon ».Quelques esprits chagrins diront que l’auteur de la Mare au diable écrivait au XIXème siècle, mais tout de même on reconnaîtra que cela fait chaud au cœur.
Sous les pavés, Cézanne
Aix peut s’enorgueillir d’une spécificité. Depuis plus d’une décennie, les touristes peuvent marcher dans les pas du peintre, Paul Cézanne, en empruntant des chemins pavés de bonne intention. Les futurs ingénieurs des Arts et Métiers ont, en leur temps, façonné dans leur forge des pavés de fonte frappés de la lettre C. En les suivant, on peut ainsi retrouver quelques parcours du maître dans sa ville. A Marseille, où il n’est pas rare de venir au secours de touristes à la dérive, une telle initiative serait la bienvenue. Il ne manque pas de talents parmi les 40 000 étudiants. On se rend compte, comme rue de la République, dont le nom barre depuis le début des fêtes de Noël l’embouchure côté vieux port, qu’une signalisation originale et esthétique peut être efficace. Et puis faire un parcours qui partirait du Silo à Arenc pour aboutir à la Corniche Kennedy, ça aurait une de ces gueules. Non ?