À l’occasion des 200 ans de la première description de la maladie de Parkinson et de la journée mondiale du 11 avril, Dhune fait part de ses dernières découvertes dans la compréhension de la maladie. Parkinson touche entre 150 000 et 200 000 personnes en France et figure au second rang des maladies neurodégénératives après la maladie d’Alzheimer. C’est une affection neurodégénérative caractérisée par la perte progressive des neurones produisant de la dopamine, ce neurotransmetteur nécessaire au contrôle du mouvement. À la recherche des mécanismes à l’origine de ces symptômes, les équipes de Dhune dirigées par les docteurs Lydia Kerkerian-Le Goff, directrice de recherche CNRS à l’institut de biologie du développement de Marseille (IBDM) et Marianne Amalric, directrice de recherche CNRS au laboratoire de neurosciences cognitives (LNC) et présidente du comité scientifique de l’association France Parkinson, annoncent une avancée dans la compréhension du fonctionnement des réseaux de neurones impliqués dans la maladie et de nouvelles stratégies thérapeutiques.
L’apamine, neurotoxine du venin d’abeille, stimule la sécrétion de dopamine
Les canaux SK (canaux potassiques calcium dépendants) fortement représentés dans le système nerveux central contrôlent l’activité des neurones dopaminergiques et contribuent aux phénomènes de neuroplasticité. Lorsque les neurones dopaminergiques dégénèrent dans la maladie de Parkinson, l’expression de ces canaux est modifiée, ce qui peut perturber l’activité neuronale. Les études menées par le docteur Christiane Mourre, directrice de recherche CNRS au LNC et Nicolas Maurice, chargé de recherche CNRS à l’IBDM, avec la collaboration du docteur Hartmann, clinicien à l’institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM) constatent que le blocage de ces canaux grâce à l’apamine, neurotoxine présente dans le venin d’abeille, intensifie l’excitabilité des neurones dopaminergiques encore présents en début de la pathologie et augmente la sécrétion de dopamine. Dans un modèle de stades tardifs de la maladie où les neurones dopaminergiques disparaissent totalement, l’apamine agirait sur d’autres systèmes neuronaux pour réguler leur activité et contrecarrer les troubles moteurs.
La diminution des symptômes moteurs
Selon ces études, l’apamine restaure les troubles comportementaux cognitifs et émotionnels et améliore partiellement les déficits moteurs. L’étude clinique, menée en parallèle, montre que le venin d’abeille n’induit pas de toxicité et améliore légèrement les scores moteurs. Il sera testé à des doses plus importantes dans une nouvelle cohorte. L’administration du venin sur des points d’acupuncture précis, réalisée par une équipe clinique coréenne, apparaît comme un traitement d’appoint des patients parkinsoniens idiopathiques. L’inactivation des canaux SK par l’apamine ou le venin d’abeille a également un effet neuroprotecteur sur les neurones dopaminergiques. Elle freine la dégénérescence lente et progressive des neurones à dopamine du système nerveux.
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