En 2014, l’hospitalisation privée générait 35 220 emplois en région Paca, soit plus de 13% du total national. 206 établissements en sanitaire et 358 établissements en médico-social. Les chiffres de l’Observatoire de l’hospitalisation privée sont positifs. « Et la tendance est à la création d’emplois », ajoute Jean-Pierre Chaniat, le président.
Mais les enjeux sont de taille. Rotation naturelle des salariés due aux mobilités professionnelles et géographiques, robotisation et numérisation des métiers, développement de la chirurgie ambulatoire, évolution de la recherche médicale, vieillissement de la population. La compensation des départs en retraites d’ici 2020 représente en outre 13% des salariés du secteur. « Ces projections sont favorables à la création d’emplois, affirme Jean-Pierre Chaniat. Mais il faut restructurer la branche. »
La révolution de l’ambulatoire
Les pistes de réflexion ne manquent pas. La réorganisation des services autour de l’ambulatoire en est une. « Les ARS veulent que 60% de la prise en charge en chirurgie relève de l’hospitalisation de jour, souligne Jean-Pierre Chaniat. Les patients sont également demandeurs. Il faut mutualiser les moyens et déplacer les personnels des services d’hospitalisation classique vers l’ambulatoire. » Cette évolution génère aussi l’émergence de nouveaux métiers de coordination par exemple, parce que les flux sont très différents. Un infirmier verra dans un service d’hospitalisation classique entre 15 et 20 patients par jour, entre 80 et 120 en ambulatoire.
Les débats tournent ainsi également autour des professionnels. Aujourd’hui en Paca, les agents de services hospitaliers sont 29%, les aides-soignants 23% et les infirmiers 17%. « Par rapport à l’évolution des métiers, il s’agit de créer de nouvelles compétences et de doter les équipes de nouveaux profils, poursuit le président. Il faut également les former à la logique de la santé globale et organiser leurs évolutions grâce aux certifications et aux diplômes. Autrefois, on se contentait de soigner. A présent, on fait aussi de la prévention. Une prothèse de hanche peut être prise en charge en ambulatoire. Il faut alors mettre en place une hospitalisation à domicile, l’intervention d’un kiné, etc. Les médecins appellent les patients la veille de l’opération et le lendemain. C’est toute une organisation qui se met en place. »
La robotisation du secteur de la santé a également des conséquences sur l’emploi. « A l’hôpital Georges Pompidou, des robots administratifs existent déjà. Et les soignants ne sont pas épargnés. Des entreprises testent actuellement des robots brancardiers et infirmiers. Il s’agit d’accompagner le redéploiement des effectifs et optimiser la division du travail entre les soignants. » Optimiser la division du travail entre soignants signifie positionner les professionnels médicaux et paramédicaux les plus spécialisés sur les tâches à haute valeur ajoutée et responsabiliser les personnels concourant aux soins moins diplômés.
La réglementation des professions paramédicales devra donc évoluer vers la reconnaissance de professions de santé intermédiaires, permettant de transférer des tâches des médecins vers les professions paramédicales et d’élargir les champs d’activités autonomes. Les niveaux de diplôme reconnus vont donc s’élever vers la licence pour la formation de base, comme c’est déjà le cas pour l’infirmier, et le master pour les pratiques avancées comme celle d’infirmier anesthésiste.
L’alternance en question
En 2013, les établissements ont mobilisé en moyenne, 1,7 contrat de professionnalisation. Une majorité des personnes en contrat de professionnalisation sont en établissement médico-social (67 % contre 33 % en établissement sanitaire). Mais il existe toujours une timidité vis-à-vis de l’alternance. Les apprentis ne représentent qu’1% des contrats de l’hospitalisation privée alors que les enjeux sont cruciaux. « L’alternance et l’apprentissage sont la porte d’entrée d’un salarié dans une entreprise, précise Jean-Pierre Chaniat. Sur le terrain, le personnel est formé aux besoins exacts de l’établissement. »
Pourtant, le premier CFA de France spécialisé dans les métiers du soin est né à Marseille en 1992 à l’initiative de la Fédération de l’Hospitalisation Privée et avec le soutien du Conseil Régional Provence Alpes Côte d’Azur. Aujourd’hui, il est l’unique CFA Régional dédié aux métiers du soin pour l’ensemble de la Région PACA. Il forme notamment les infirmiers, les kinés, les auxiliaires puériculture, les aides-soignants, les ambulanciers. Entre Nice et Marseille, 45 places en alternances sont offertes en kinésithérapie.
Mais les employeurs montrent encore des réticences : peur des erreurs de casting, de la désorganisation des services que suppose un tutorat, du turn-over et de l’investissement : 100 000 euros pour la formation en trois ans d’un infirmier. « Ils veulent un retour sur investissement », déplore le président de l’Observatoire.
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