Le monde est tout petit
Rencontre improbable sur la 5ème Avenue à New York City. Un ado s’approche, ayant entendu la langue de Molière. « Vous êtes Français ? ». « Je crois bien ! ». «Et d’où ça, » ose encore le gamin, rassuré par un sourire… « De Marseille » « Oh moi, je suis Américain, précise alors le jeune curieux, dans un français impeccable, mais j’ai de la famille dans le sud de la France, dans un village. Vous ne devez pas connaître, c’est trop petit, ça s’appelle Pignans». « Pignans dans le Var, la patrie d’Hubert Falco maire de Toulon, bien sûr qu’on connait ». Et voilà notre francophile tout heureux d’avoir eu sa petite minute de gloire, grâce à une petite cité provençale.
Double image de Marseille
Comme le rappelait un récent reportage, Marseille a son lot de misères qui s’affichent dès les escaliers de Saint Charles descendus. Ce n’est pas nouveau et au Met de New-York, on peut voir une photo de Brassaï réalisée en 1935. Elle pointe de l’objectif un clochard allongé à même le sol, sous une publicité qui vante la saveur d’une huile versée sur une salade. Le photographe Franco-Roumain (1899-1989) participe ainsi, bien involontairement, à la réputation peu enviable d’une ville carrefour des désespoirs. Heureusement au Metropolitan Museum of Arts, il y a aussi une « vue de la baie de Marseille depuis l’Estaque ». Cézanne met un peu d’onguent sur nos plaies.
Je le crois pas
Entre Madison avenue et Central Park, au n° 19 de la 69ème rue, il y a une jolie adresse, Le Charlot. On peut s’y restaurer à la française, pour des prix raisonnables. Bon, un mauvais point, il n’y a pour rosé qu’un Beaujolais, ce qui est une mauvaise façon faite à nos nectars qui, des coteaux d’Aix à la presqu’île de Saint-Tropez, en passant par quelques vins des sables, ne manquent pourtant pas. Mais s’attabler au Charlot et observer comment des new-yorkaises très chics, dégustent un pastis pendant tout un repas, n’a pas de prix. Servi dans un ballon de Bourgogne, avec un nuage d’eau et une dose XL de la boisson marseillaise, ne laisse d’étonner le puriste habitué au traditionnel trois tiers (Un tiers d’alcool, deux tiers d’eau). Mais en Amérique quand on aime, on ne compte pas.
Un petit air marseillais
Harlem c’est un peu Marseille. Un brassage ethnique étonnant. Beaucoup d’Africains qui vous laissent vous empêtrer en anglais, avant de rigoler et vous demander, dans un français chantant, ce qu’il vous arrive. Et puis il y a le fameux Apollo théâtre, où tous les mercredis que le dieu de la musique fait, on peut voir des amateurs se faire houspiller, ou applaudir, dans un concours délirant. On imagine l’Alcazar un peu comme cela, jadis. Le Point dans sa dernière édition rapporte du reste une anecdote qui aurait pu avoir pour décor l’Apollo, mais c’était bien à Marseille dans les années trente. Clara Tambour venait d’être annoncée lorsqu’un Marseillais fit tonner sa voix : « Clara Tambour c’est une puuuute ! » dit l’impertinent. Imperturbable le maître de cérémonie reprenait « quoi qu’il en soit, vous allez entendre Clara Tambour ! ». Ainsi allait notre bonne ville alors…
La NBA, oui mais
L’Euro a été suivi à New-York et les Européens ont trouvé, dans tous les bars ou restaurants qui le diffusaient, un soutien amical des Américains qui se passionnent de plus en plus pour le soccer. C’est pourtant le basket qui a pignon sur rue sur la 5ème avenue avec trois étages siglés NBA, de maillots, ballons, peluches à la gloire des géants des championnats Est et Ouest. Pourtant à quelques pas de là, sous l’Empire State Building, si vous avouez que vous venez de Marseille aux vendeurs de tickets, qui vous hèlent sur le trottoir pour vous envoyer en l’air jusqu’à la terrasse du gratte-ciel, ils vous branchent aussitôt sur l’OM. Comme ils sont d’origine africaine, ils ne connaissent qu’un président : Pape Diouf. Désolé pour Dassier et Labrune, leur réputation n’a pas décollé du Vieux-Port. Et encore…