Porte de l’Europe vers l’Afrique, Marseille bénéficie pleinement de son positionnement géographique stratégique pour devenir l’un des hub incontournable du réseau mondial internet. Déjà reliée à treize câbles sous-marins, la cité phocéenne est désormais la cinquième place forte européenne juste derrière Amsterdam qui reste pour le moment quatre fois plus importante. « Mais la croissance du flux passant par Marseille atteint des sommets. Il augmente de 90 % chaque année et cela va encore s’accélérer », promet Fabrice Coquio, le président d’Interxion France. L’opérateur hollandais de data center mise gros sur Marseille (voir encadré) car il connaît son potentiel.
Orange relie 24 nouveaux pays à Marseille
Aujourd’hui, faire passer un câble sous l’eau coûte dix fois moins cher que sous la terre. De plus, depuis le canal de Suez, Marseille est le point le plus court pour relier l’Asie et le Moyen-Orient à l’Europe. Résultat, Marseille se retrouve en haut de la liste des points de connectivité entre la Chine, Singapour ou encore l’Inde pour rejoindre l’Europe. Grâce aux câbles qui s’étendent pour certains sur plus de 20 000 kilomètres, la ville est reliée à plusieurs dizaines de pays et son influence est appelée encore à grandir. Orange a investi dans une nouvelle connexion terrestre entre Penmarch, en Bretagne, et Marseille. Un investissement conséquent dont le montant reste confidentiel mais qui va permettre de relier directement 24 nouveaux pays d’Afrique de l’Ouest. Les prévisions de croissance en matière de bande passante pour la période 2017 à 2023 prévoient une multiplication par 10 du volume de données échangées entre l’Afrique de l’Ouest, l’Asie et le Moyen-Orient. D’autres projets en cours promettent un bel avenir au hub marseillais.
En 2019, trois nouveaux câbles doubleront le flux de données à Marseille
Trois nouveaux câbles sont annoncés pour 2019 : l’Africa One reliera l’Afrique du Sud en passant par l’Afrique de l’ouest et l’Arabie Saoudite, Peace qui partira de Pékin et s’étendra sur 7 000 kilomètres en passant par Djibouti et enfin, un dernier projet dont le nom reste inconnu qui fera la liaison avec l’Inde. A elles seules, ces futures autoroutes numériques transporteront un volume de données équivalent à l’ensemble des treize liaisons déjà connectées à Marseille. Enfin, l’opérateur indien Flag Telecom a lancé un énorme projet de câble entre Marseille et New York. Baptisé Brexit-1, il permettrait d’éviter le Royaume-Uni sur qui de nombreuses incertitudes législatives pèsent depuis sa sortie de l’Union européenne. Les aspects techniques du projet n’ont pas encore été dévoilés, mais la faisabilité est à l’étude et un consortium est en cours de formation pour financer le projet dont le coût estimé avoisine les 340 M€. Ses performances techniques pourraient être au moins comparables à celles du câble Marea financé par Microsoft et Facebook, qui s’apprête à relier la côte Est américaine et le port de Bilbao en Espagne. Marea est actuellement présenté comme le câble Internet sous-marin le plus puissant au monde. Son débit est complètement hors norme puisqu’il peut transmettre 160 térabits de données par seconde, soit l’équivalent de 71 millions de vidéos HD lues en streaming au même moment.
Interxion inaugure son deuxième data center et prépare le troisième
Le groupe hollandais poursuit ses investissements à Marseille. Après son premier data center de la Villette, MRS1, il vient d’inaugurer officiellement MRS2 situé sur les terrains du grand port maritime à côté de la porte 4. Interxion dépense 75 millions d’euros pour transformer cet ancien hangar des chantiers navals d’une surface de 4 400 mètres carrés. D’ailleurs, les travaux sont toujours en cours car en fait d’inauguration complète, l’entreprise n’a mis en service qu’une première tranche de 700 m2 et prévoit la livraison d’une deuxième partie de 1 900 m2 pour le deuxième trimestre 2019. Pour les 1 800 m2 restants, aucune date n’est pour l’heure communiqué.
Juste en face, sur l’ancienne base sous-marine allemande, les travaux de MRS3 ont eux aussi commencé. Interxion a lancé le désamiantage et le curage du bâtiment et a obtenu le permis de construire le 16 avril dernier. Ce troisième data center sera le plus gros équipement du groupe à Marseille avec 7 500 m2 d’espaces informatiques équipés pour les entreprises. Les dimensions hors normes du bâtiment vont lui permettre d’installer suffisamment de puissance pour répondre aux besoins des plus gros clients : « MRS 3 permettra d’héberger du contenu cloud et digital media pour les géants d’internet », annonce le patron d’Interxion France qui compte déjà parmi ses clients à Marseille Amazon, Facebook, Google et Microsoft. Encore une fois, Interxion ne lésine pas sur les moyens avec un budget de 130 millions d’euros. Il faut dire que le business des data center est plutôt rentable. Par exemple, sur MRS2, la location d’une baie de brassage coûte environ 1 000 euros/mois et une salle dédiée à un client peut en compter jusqu’à 150, soit un prix de 150 000 euros/mois et les data center d’Interxion compte plusieurs dizaines de salles… « Ça peut sembler beaucoup mais il faut savoir que nos clients investissent entre 40 et 50 millions d’euros en matériel informatique sur une seule salle. Ils doivent donc s’assurer du bon fonctionnement et sécuriser leur investissement », explique Fabrice Coquio. En 2017, Interxion a réalisé un chiffre d’affaires de 489 millions d’euros et a retiré 42 millions d’euros de bénéfices, une belle rentabilité de près de 10 % qui lui permet d’alimenter ses investissements.
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La liste des entreprises hébergées au MRS1 chez Interxion sur le site www.franceix.net