Au Parc Chanot, du côté de Borély comme sur les plages et boulodromes de la ville, cinq mille équipes de pointeurs et tireurs s’affrontent autour d’une sphère roulante de la taille d’une noix. Et gagneront ceux qui projettent leurs boules au plus près de ce but – en occitan “bochon” c’est à dire petite boule. Le jeu est universellement connu, pratiqué sur tous les continents et disputé à Marseille par des femmes, des enfants, des hommes de tous âges, et des groupes mixtes. Ça démarre dimanche 5 juillet et les séquences finales du Mondial La Marseillaise à pétanque se disputeront jeudi 9 juillet sur le Vieux-Port cerné de gradins, et sous les caméras de France 3.
Tous ensemble
Comme son nom le dit nettement, cette compétition est organisée par l’un des deux derniers quotidiens marseillais. Mais pour conforter le succès historique de l’épreuve, tous les médias, toutes les institutions locales s’y rallient. Et la plupart des annonceurs se donnent ici une main fraternelle et conviviale. Les boules unissent ainsi Maurice di Nocera, (adjoint de Gaudin et de Vassal) et Pierre Dhareville du Parti Communiste, le socialiste Vauzelle et le Républicain Teissier, comme le député Tian avec Carrefour ou Total. Ne manque que le nationaliste Ravier, mais il est pourtant probable que nombre de ses amis pratiquent aussi cette activité .
Salvador glorieux
Une plaque vissée au boulodrome de La Ciotat atteste que ce jeu de “pied tanqué” fut créé ici en 1910. Les plus valeureux du tournoi recevront au soir de la finale, au bas de la Canebière, leur glorieux “Salvador”… Une œuvre d’art soudant trois sphères métalliques, en hommage au chanteur du même nom, fervent adepte de cette religion profane. Le Salvador étant désormais au jeu de boule ce que le César est au cinéma ou le Molière au théâtre. Même récompense cette année pour la Malaisie et le comité de pétanque des Bouches-du-Rhône.
Une âme : Montana
Âme et cheville ouvrière de ce championnat, Michel Montana, appartenant toujours à la direction du dernier quotidien régional de gauche en Europe ! Petit homme au poil aussi charbonneux que son regard, pittoresque et truculent. Il est né à Oran voici 84 ans, et grandit à Madrague -ville… Ex stalinien, tendance Pif-cochonnet -et bel canto, il fonde l’épreuve avec son ami Paul Ricard en 1962. L’homme qui va rendre Marseille maboul adore les bretelles bariolées. Et raconter en rigolant ses récentes virées à Pékin ou Hanoï où des milliers de joueurs acclament l’ambassadeur bouliste tel un héros. Aux cris de “vive le mondial”, “vive la France”, et sa célèbre boisson jaune au goût d’anis !
Partout où il passe, cet activiste gomme les clivages. Il fut l’ami de Montand comme de Delon, de Marchais et de Mourousi. Il tient à la gratuité de son jeu, et comme le dit crânement le maire de Marseille (qui donnera le coup d’envoi au soir de la finale), «La Marseillaise critique et attaque tout ce que je fais, mais on ne peut pas ne pas aimer Montana ! »
La carte des terrains de jeu
(Illustration : capture d’écran twitter compte CD Bouches-du-Rhône)
Des chiffres mabouls !
> 54ème Edition du Mondial La Marseillaise à pétanque, du 5 au 9 juillet 2015. 15 000 joueurs attendus, venant de 21 pays et 86 départements français . 160 000 spectateurs et 350 bénévoles. 180 000 € de récompense à partager.
> 20 tonnes d’acier à lancer sur 500 tonnes de sable étalé sur 900 terrains ; entre Borely, parc Chanot et autres boulodromes, 25 km de longueur de jeux. 3 Salvadors à remettre aux Bouches du Rhône, à la Malaisie et à la triplette vainqueur le 9 juillet
> En France , 24 millions de boulistes amateurs ; 1 million de licenciés adhérant à 13 000 associations.
> 5 200 ans avant Jésus Christ, des boules retrouvées dans le sarcophage d’un enfant en Égypte.