Depuis plusieurs années, le groupe L’Occitane travaille sur un projet de start-up studio pour faire émerger de nouvelles entreprises innovantes. Il a visité de grandes capitales mondiales susceptibles d’accueillir son concept : New-York, Lausanne, Paris… Finalement, la marque de cosmétiques a jeté son devolu sur Marseille, comme nous l’avions révélé à nos abonnés dès le mois de février (Le Digest Hebdo n°50). « Nous avons été bluffés par le dynamisme de l’écosystème marseillais », explique Amaury Godron, co-directeur d’Obratori, le start-up studio de L’Occitane, avec Ingo Dauer, directeur juridique de l’Occitane International. Le P-dg du groupe, Reinold Geiger, est venu rencontrer les élus de la Région, du Département et de la Métropole qui l’ont accueilli à bras ouvert. « On a été très bien reçu par l’ensemble de la communauté marseillaise. Provence Promotion nous a notamment aidé à sourcer de potentielles start-up qui pourraient être intéresser par notre projet. Ils sont très réactifs », raconte Amaury Godron. Le groupe n’oublie pas non plus ses origines provençales et son ancrage régional avec notamment les sites de production de Manosque et de Lagorce (Ardèche). Cette proximité géographique a également pesé dans la décision finale du groupe. Enfin, la découverte du projet de Cité de l’innovation d’Aix-Marseille Université face au J1 a fini de convaincre le groupe de s’installer à Marseille.
Un Fab Lab MIT, un laboratoire cellulaire et un fonds d’investissement
Obratori a posé ses cartons au deuxième étage de l’immeuble Le Castel, ancien siège de la SNCM, qui va accueillir la cité de l’innovation d’Aix-Marseille Université. En plus des équipes de l’université, le bâtiment va abriter le totem numérique de la Métropole et l’incubateur de la CMA CGM Zebox. L’accélérateur de l’Occitane a emménagé sur un plateau de 850 mètres carrés imaginé comme un immense open space. Il propose plus de cent postes de travail avec vue sur la gare maritime. « L’idée est d’offrir un lieu d’innovation qui répond à tous les besoins d’une start-up », avance Ingo Dauer. L’Occitane Innovation Lab Obratori a engagé une équipe de six personnes dédiées et s’est doté des équipements dernier cri comme un laboratoire de culture cellulaire L2 pour travailler sur de nouvelles solutions cosmétiques et santé. Il dispose également d’un Fab Lab respectant les critères du MIT avec une imprimante 3D, une découpeuse laser et d’autres machines haut de gamme.
Au total, l’Occitane a déboursé environ un million d’euros dans ce lieu. Mais Obratori n’est pas un simple espace d’innovation, il s’appuie sur le groupe l’Occitane qui réalise plus de 1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires. La firme a doté son accélérateur d’un fonds d’investissement de plus de 10 millions d’euros pour accompagner financièrement les start-up. Obratori pourra donc devenir actionnaire des entreprises hébergées mais restera minoritaire : « On ne veut pas qu’elles soient affilier à L’Occitane. Cela pourrait être contre-productif pour leur développement », insiste Amaury Godron. En plus de ce fonds d’investissement dédié, Obratori vient de participer au premier tour de table du fonds CapDecisif 4 (LDH n°71) aux côtés de Bpifrance, de Philips et de Vivalto (troisième groupe de cliniques privées en France). Visant à terme une taille de 50 millions d’euros, ce dernier cible essentiellement des investissements en amorçage dans le domaine de la santé et du digital. Très prochainement, il va annoncer une nouvelle opération de même envergure avec la société de capital investissement Truffle Capital.
Une dizaine de start-ups hébergées à terme
Pour le moment, les premiers résidents d’Obratori sont toujours en cours de sélection. L’Occitane a fait appel à la société Collaboration Capital pour trouver les meilleurs projets. « On reçoit environ un dossier par jour », annonce Amaury Godron. D’ici la fin du mois de septembre, trois à quatre entreprises vont emménager. Les profils retenus sont variés. Elles travaillent aussi bien dans le domaine de la cosmétique que dans le digital avec des projets de solutions commerciales innovantes. L’Occitane a reçu des candidatures d’entreprises locales, parisiennes mais également internationales. « C’est notre premier innovation Lab au monde et on souhaite rayonner beaucoup plus loin que Marseille », prévient Ingo Dauer. A terme, le lieu pourra accueillir une dizaine d’entreprises au total qui resteront environ deux ans pour maturer leur projet.
Obratori souhaite créer une grande communauté d’entrepreneurs à partir de son nouvel accélérateur marseillais. Son installation au sein de la cité de l’innovation doit également lui permettre d’interagir directement avec les chercheurs de l’université d’Aix-Marseille. « On attend beaucoup des partenariats avec les centres de recherche d’Aix-Marseille Université. On a découvert un vivier de travaux fantastiques et bien souvent inexploité », s’enthousiasme Amaury Godron. L’Occitane collabore déjà depuis longtemps avec l’université sur des thématiques de santé et finance des chaires de recherches. Elle espère donc se rapprocher de ce partenaire qui est en train de s’installer dans le même immeuble, au rez-de-chaussée. Des équipes de la société d’accélération et de tranfert de technologies (Satt) Sud-Est, de Protisvalor et de l’institut Carnot sont attendus. L’inauguration officielle de la cité de l’innovation Aix-Marseille (Ciam) est prévue pour la fin du mois d’octobre.