Selon l’hypothèse la plus favorable (pour elle), si la gauche gagnait dans tous les cantons où elle reste en lice dans ce second tour des élections départementales, elle ne peut espérer, toutes composantes confondues, obtenir plus de 28 élus, issus de 14 cantons. Dans 14 autres, elle est éliminée depuis dimanche dernier ; et s’est volontairement retirée du ballotage dans le 29eme (à Salon). Seul un Hollandais halluciné peut rêver d’un tel revirement électoral. Et en dépit des rodomontades du président sortant, (ce jeudi encore dans les colonnes de La Provence), les guérinistes ne seront plus, au mieux, que 6 sur 58 dans la nouvelle assemblée.
Le FN pèse un tiers
Après plus d’un siècle de domination en Bouches-du-Rhône, cette gauche a perdu le contrôle du département, que dirigeait déjà en 1905, Simeon Flaissieres, un médecin socialiste surnommé à Endoume “le docteur des pauvres”. Résistant en revanche partout à l’élimination, les couples investis par le Front National affronteront la gauche dans onze cantons. Fort des ses 33% du premier tour, ce parti peut observer qu’un scrutin proportionnel lui attribuerait mécaniquement une vingtaine des sièges à pourvoir. Même s’il vire en tête dans 15 des 29 cantons, il peut aussi noter qu’il ne retrouve pas le 22 mars l’intégralité des 243 000 suffrages que sa candidate rassemblait en 2012, lors du premier tour de la présidentielle. Près de 34 000 électeurs se sont évaporés. Où peut l’emporter cette formation ? Peut-être à Salon et Berre, à Marseille 4 et 6, où il recueille plus de 40%. Voire le 8 eme canton de Marseille ou celui de Châteaurenard. Au final, de 8 à 12 élus.
Issues incertaines
A Aubagne et Berre l’Etang, comme à Pélissanne, la rivalité entre trois binômes (droite, gauche et FN) rend incertaine l’issue du second tour. A noter que sur le canton de Pélissanne, plus de 24 000 citoyens se déplaçaient dimanche dernier, ne laissant qu’un écart de 8 voix entre le duo de droite et celui de gauche. Les écologistes seraient heureux s’ils parvenaient à entrer au Conseil départemental, avec leurs candidats à Gardanne ou Marseille 1. Sauf exceptionnel séisme, il ne parait pas douteux que dimanche soir les élus de droite formeront le groupe le plus important dans les coursives du paquebot bleu. Ce qui ne veut pas dire majorité absolue, il faut 30 sièges pour y prétendre.
Gare aux entourloupes
Le démocrate peut avoir ces jours ci une pensée pour l’arlésien de droite qui peut choisir dimanche entre PC et FN… Ou le gauchiste de Vitrolles dont le bulletin peut arbitrer entre droite et extrême droite. Bien sûr, on peut aussi voter blanc ou s’abstenir. Concernant le fameux troisième tour, l’élection du chef. Qui serait aujourd’hui assez catégorique pour garantir qu’il ne saurait y avoir début avril une entourloupe dont Marseille a le secret ? Comment ne pas se souvenir de cette assemblée métropolitaine majoritairement de droite, qui se donne, à la surprise générale, un patron du bord opposé ? C’était déjà en avril, en 2008… et sept ans après, l’ancien ministre Muselier n’est pas près de l’oublier.