« Nous venons de terminer sur une bonne année 2016 qui reste stable malgré les difficultés », s’est félicité mardi matin, Jean-Marc Forneri, le président du conseil de surveillance du Grand Port maritime de Marseille (GPMM) à la présentation de son bilan annuel. Les chiffres, eux, pointent un léger recul du trafic global à 80,9 millions de tonnes contre 81,7 millions de tonnes en 2015. Mais la présidente du directoire du port, Christine Cabau-Woehrel, met cette baisse sur le compte « des attentats, une baisse de la croissance chinoise, une crise de la sidérurgie européenne et surtout l’arrêt du raffinage de brut à La Mède ». Le groupe Total a effectivement cessé définitivement ses importations de brut le 1er décembre dernier, privant ainsi le port d’une rente pétrolière de 5 millions de tonnes par an. « Nous devrions pouvoir partiellement compenser cette perte par une arrivée plus importante de raffiné mais on s’attend à une perte totale de 2 millions de tonnes », explique Christine Cabau-Woehrel.
Le GNL, nouvel eldorado énergétique ?
Le Port doit donc trouver de nouvelles sources de trafic. Sur l’énergie, il mise sur le gaz naturel liquéfié (GNL) dont les volumes ont progressé de 33 % (+1, 3 millions de tonnes) l’an dernier grâce notamment au partenaire algérien, principal pourvoyeur de ce carburant. Et l’année à venir devrait confirmer ce succès avec notamment la montée en puissance de nouveaux navires alimentés au GNL : « De plus en plus d’armateurs font ce choix et les croisiéristes vont suivre. Quatre paquebots GNL sont actuellement en construction à Saint-Nazaire. C’est assurément une énergie d’avenir », parie la présidente du directoire. Mais ces nouvelles pistes sur les vracs liquides ne suffiront pas à permettre au port de rattraper ses camarades du Nord de l’Europe. Pourtant ces derniers commencent à saturer en terme de capacités et affichent un ralentissement notamment sur les conteneurs qui profite à Fos. Sur le bassin Ouest, la progression est de 4,1 % pour les conteneurs en 2016 et les années à venir devraient suivre cette croissance avec l’ouverture de nouveaux services comme le California Express de MSC par exemple. Les marchandises diverses, en général, ont joué leur rôle de soutien aux activités traditionnelles avec une hausse de 3 % dont près de 9 000 véhicules neufs supplémentaires. Les logisticiens dédiés à l’activité automobile étendent d’ailleurs leurs terminaux de 72 000 m² pour CAT à Marseille et de 60 000 m² pour TEA à Fos.
Les vracs solides en berne à cause de la crise de l’acier
2016 est une année noire pour les vracs solides sur le GPMM. Le recul atteint les 7 % fortement impacté par les incidents techniques chez ArcelorMittal et la crise de l’acier qui affectent les trafics sidérurgiques. Les vracs agro-alimentaires se sont également effondrés l’an dernier à cause d’une exécrable récolte céréalière en 2016 qui va également pesé sur l’année à venir. Heureusement, les vracs divers liés au bâtiment ont progressé de 7 % avec l’arrivée de nouveaux produits comme le bois et les sables industriels. L’activité passagers est une source de satisfaction pour le port avec une progression de 9 % pour les croisières et un bond des ferrys avec l’Algérie (+27 %). La Corse, elle, accuse 6 % de baisse mais Corsica Linea aurait donné son assurance d’un renforcement de la desserte de l’île pour relancer le segment.
Logistique : près de 300 000 m² supplémentaires
« Partout, la confiance des acteurs dans l’importance croissante de notre rôle se traduit par une hausse de l’activité logistique », affirme Jean-Marc Forneri. En tous cas, la commercialisation des espaces dédiés aux logisticiens se porte bien. Près de 300 000 m² ont été développés l’an passé avec l’arrivée de nouveaux acteurs comme Daher, Medicao, le groupe Charles André, Steinweg… Idec Life qui a pris 55 000 m² sur la zone de La Feuillane l’an dernier a d’ores et déjà prévu une extension de 35 000 m² en 2017. Fort d’un trésor plusieurs milliers d’hectares de foncier disponible, le port compte bien accueillir de nouvelles entreprises dans les années à venir. L’an dernier, Interxion a pris pied sur les bassin Est pour réhabiliter l’ancienne base sous-marine en data center à vocation mondiale. D’autres acteurs du numérique pourraient être intéressés par une implantation aux côtés du fournisseur de services internet. À l’Ouest, les terrains semblent promis aux industriels comme autour du projet Piicto. La bagarre fait toujours rage entre Marseille et Rotterdam pour l’accueil du chinois Quechen aux côtés de Kem One : “On espère une réponse favorable en février”, avance prudente la présidente du directoire.
A Lire dans le prochain Le Digest Hebdo n°10 > L’analyse complète de la stratégie du port et les Off récoltés par la rédaction de Gomet’