L’ambiance est studieuse. C’est une rentrée un peu particulière pour environ 80 personnes, ce samedi matin dans la salle des familles de Rousset, près d’Aix-en-Provence. Stylo à la main, petit cahier ou feuille A4, pour ne rien manquer de ce premier séminaire, tous sont animés par la même volonté : apprendre. Ils viennent des six départements de la région Sud, et composent la première promotion régionale « 1000 talents ».
Ce programme a été lancé par La République en marche, au travers de son institut de formation « Tous politiques ! », créé en juillet 2018. Dans la même ligne que le renouvellement politique qui a propulsé 300 nouveaux députés à l’Assemblée nationale, « l’objectif est d’identifier et d’accompagner des citoyens vers des responsabilités politiques, qui ont envie de s’impliquer dans la vie publique, ou en vue de futures élections locales par exemple, au sein du mouvement ou dans des structures associatives. C’est d’élargir notre écosystème », explique Roman Baudin, directeur de « Tous politiques ! ».
700 candidats en région Sud pour 80 retenus
Les personnes retenues ont d’abord répondu à un appel à candidature. 700 ont candidaté dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, dont 300 pour les Bouches-du-Rhône. 80 seulement ont été retenues, dont 33 pour le département du 13. « Elles ne sont pas nécessairement adhérentes du mouvement, mais quand même proches des valeurs de La République en marche », précise Roman Baudin. C’est le cas de Christelle. Cette mère de famille varoise a décidé de poser sa candidature car elle va prochainement intégrer une équipe municipale. « Attention, je ne suis adhérente d’aucun parti », avertit-elle. « Je vais bientôt prendre de nouvelles fonctions dans une municipalité, j’avais besoin de me former et je trouvais que c’était une bonne manière d’apprendre ». Meddy, agent immobilier dans les Alpes-Maritimes avait quant à lui, le désir de « s’initier » à la politique. Proche des valeurs progressistes, il se donne le temps de « s’engager, après cette formation ».
Inutile d’avoir une armada de diplômes, « 1000 talents » mise sur la diversité des profils : « dans les Bouches-du-Rhône nous avons, par exemple, un jeune avec un CAP de tourneur fraiseur, un retraité qui n’avait jamais fait de politique et qui souhaite s’engager ou encore un étudiant en pharmacie », souligne un formateur. Autre avantage : la formation est gratuite. Elle s’étend sur une durée de six à huit mois à raison d’un séminaire d’une journée par mois sur différentes thématiques : « qu’est-ce qu’un projet citoyen ? », « l’exercice d’un mandat local », ou encore le « leadership ».
« La politique se fait sur le terrain »
Pas de cours magistraux mais des ateliers « théori-pratiques » qui s’inspirent du Lab politique créé par LREM après les élections présidentielles. La structure a développé de nouvelles pratiques militantes et participantes pour faire de la politique autrement. « On veut donner des clés de l’engagement politique et citoyen et cela passe beaucoup par l’innovation. On favorise le collaboratif. Tout le monde est doué d’une conscience et nous sommes là pour la révéler. Nous ne sommes pas dans l’incantation. La politique se fait sur le terrain, et aller aux élections c’est déjà être dans l’action », reprend Roman Baudin.
Pour venir étayer ces modules, des élus viennent également parler de leur engagement et de leur mandat. Chaque participant est d’ailleurs accompagné par un mentor mais aussi par des élus locaux. A Rousset, les « élèves » ont d’ailleurs pu écouter les conseils du maire de la Roque d’Anthéron, Jean-Pierre Serrus ou encore des députés Anne-Laurence Petel et Jean-Marc Zulesi. Les parlementaires étaient à leur place il n’y a encore pas si longtemps. La formation prend également en compte la spécificité des territoires. Pour exemple : un atelier sur la lutte contre le Rassemblement national sera organisé en région Sud.
A travers cette “fabrique de nouveaux talents”, le mouvement d’Emmanuel Macron veut renforcer son ancrage territorial, puisqu’à l’issue de leur formation, les participants auront vocation à porter des projets citoyens dans leur territoire, à devenir des cadres départementaux de La République en marche et bien sûr s’engager dans les prochaines échéances électorales. Selon les chiffres de LREM, 700 talents ont déjà été identifiés à l’échelle nationale, dont 48% de femmes. Parmi eux, 96% veulent participer aux prochaines élections et 71% veulent figurer sur une liste sous la bannière En Marche ou citoyenne.