Un local de 460 m2 sur deux niveaux. Le lieu, dans le quartier des Cinq Avenues de Marseille, est encore à l’étude. Mais Sébastien Choupas s’y voit déjà. Le bouillonnant chef d’entreprise enchaîne les visites avec les futurs investisseurs privilégiés de son projet. « En janvier tout devrait être bouclé au niveau des financements, espère Sébastien Choupas, dont la structure sera créée d’ici le mois décembre. Jusqu’ici, c’était un peu le serpent qui se mord la queue : pas de bail donc pas d’investisseur, pas d’investisseur donc pas de bail ». Enfin, le « Café Pixel » prend forme. Ce sera un lieu dédié à l’image, aux métiers artistiques de l’univers transmédia, mais également un lieu de rencontres pour les professionnels qui graviteront autour d’événenements, de master classes et de conférences… Plus qu’un espace de corworking : un lieu de vie.
Sébastien Choupas a quarante ans et ce n’est peut être pas un hasard : « Inconsciemment ça doit jouer, c’est peut être la crise de la quarantaine », sourit-il, en retraçant son parcours. Un cursus d’économie à l’université, une formation de développeur-codeur. Puis le concours de la fonction publique et dix ans d’expérience dans la médiation culturelle, à la médiathèque Fellini de Montpellier, entre 2004 et 2014, qui l’ont convaincu de lancer son propre projet. « Quand j’ai démissionné, ma DRH ne comprenait pas. Elle n’imaginait pas qu’on puisse quitter la fonction publique comme ça pour se lancer dans l’aventure », relève-t-il. Choupas a baigné dans l’art graphique, les jeux vidéos, le cinéma. C’est par des recherches personnelles qu’il plonge dans le coworking, ce nouveau mode de travail entre le bureau et la maison, qui permet aux indépendants de travailler différemment. Mais aussi par son travail en médiathèque : « Je me disais : que propose-t-on dans ces lieux ? Des livres, de la musique, des BD ? Ou bien quelque chose de plus ? », se demande-t-il.
« Quand on se lance, il faut savoir s’entourer »
« J’ai présenté le projet en septembre 2013 à l’Ami (Aide aux musiques innovatrices), une association qui existe depuis l’ouverture de la Friche de la Belle de Mai, raconte-t-il. Quelques mois plus tard, mon dossier était accepté et j’ai intégré leur couveuse d’entreprises en janvier 2014 ». Les premiers mois sont angoissants. Il déménage de Montpellier pour rejoindre sa compagne à Marseille. Se pose la question des revenus. De l’avenir. Et du temps qui passe très vite, tandis que le projet, lui, a sa propre chronologie. Il l’admet : « Tout cela prend du temps mais au départ, je bossais tous les week-ends pour boucler le projet. La couveuse m’a beaucoup motivé, tout en m’aidant à formaliser un budget prévisionnel, un plan de financement… ». Entre l’idée et la réalisation d’une entreprise, il existe parfois un fossé difficile à franchir. Certains foncent tête baissée, jusqu’à en oublier les priorités. « Quand on se lance, il faut savoir s’entourer, estime Sébastien Choupas. J’ai rencontré de nombreuses personnes à Marseille comme ceux d’Euroméditerranée, de Métropole initiatives. Ils font murir le projet, si bien qu’à la fin on le présente de façon beaucoup plus ‘pro’ ».
C’est d’ailleurs un peu ce qui jalonne l’esprit du coworking. « Pour moi, c’est l’avenir du travail. Cela correspond à une mutation de notre société. Aujourd’hui, les travailleurs indépendants sont dans des cafés, des bibliothèques, ils sont nomades et n’ont pas besoin de venir au bureau tous les jours », estime Sébastien Choupas, qui a déjà recensé une dizaine de personnes intéressées pour prendre des bureaux chez lui lors de l’ouverture, prévue officiellement en septembre 2015. « Moi même j’utilise ce type de lieux en bordure. Les gens sont de plus en plus indépendants dans les domaines de l’innovation numérique par exemple. D’un côté ça a un versant négatif : tous autoentrepreneurs et donc un marché du travail flexible. D’un autre, il y a aussi une gestion du temps de travail différente, plus de relations horizontales », plaide Sébastien Choupas.
L’idée est surtout de créer une communauté dans un lieu dédié, où chacun peut venir picorer. Certains « permanents », minoritaires, prendront des bureaux à l’année. D’autres chercheront des évènements, du réseau, des contacts. Il s’agit d’instaurer un cercle vertueux où le travail des uns profite à celui des autres. « On sera pas mal tourné vers les industries créatives mais après, ce sera ouvert à tout le monde », annonce-t-il. Au milieu de tout ça, il sera « le concierge », celui qui répond à tous les besoins, qui est à l’écoute. Un aspect humain qui a largement déterminé son choix.
Créer une synergie avec les autres espaces de coworking
Comment se positionnera-t-il face aux « concurrents » ? Il existe déjà sept lieux de coworking à Marseille, entre La Boate, historique, ou encore GroupUnion, plus tournée vers le business. Sébastien Choupas se veut volontairement optimiste : « Il y a de la place pour tout le monde. Tous ces espaces sont voués à travailler ensemble. On se voit régulièrement d’ailleurs, pour échanger, et on s’est rendu compte qu’on n’avait pas la même offre. On doit pouvoir envoyer les gens les uns chez les autres, il y a une vraie carte à jouer au niveau réseau ».
Reste maintenant à acter définitivement le lieu. Pas facile, dans une ville où l’accès au foncier est rude. D’autant que les loyers ne peuvent pas s’aligner sur le marché parisien, où plus d’une cinquantaine d’espaces de coworking sont actifs. Il pratiquera une grille de tarifs intermédiaires, semblables à ceux du marché (150 euros par mois). Les pouvoirs publics, notamment la Région, soutiennent activement ces projets de coworking, notamment via le dispositif Living Paca Labs. Quant à la mairie, elle se concentre encore sur des projets de télé-centre, légèrement datés. « Le coworking se développe dans le monde entier, pourquoi pas à Marseille ? On est encore un peu à la traîne… », juge Sébastien Choupas, qui ne désespère pas pour autant.
- Le parrain du Café Pixel : Alain Damasio
Auteur des romans cultes La Horde du Contrevent, qui obtient le Grand prix de l’imaginaire 2006 (en cours d’adaptation en long-métrage d’animation, sous le nom de Windwalkers, chez Forge Animation) et la Zone du Dehors (prix Utopiales Nantes 2007), Alain Damasio s’est spécialisé dans la création d’univers narratifs complexes. Il assure ainsi la direction narrative du jeu vidéo Remember Me Game avec son compère Stéphane Beauverger, qui obtient le prix du meilleur scénario au Paris Game Award. Totalement impliqué dans ce projet, Alain Damasio est également l’un des cofondateur du studio DONTNOD qui produit le jeu. Président de la Commission du CNC “Nouvelles Technologies en Production” depuis 2013, Alain Damasio poursuit son travail de création unique et transmedia : pièces sonores, jeu vidéo, film, roman… Il a reçu le Prix de la création numérique SACD en 2014 et la Bourse Orange Projets Innovants pour Phonophore.
- L’actualité du Café Pixel :
Exposition Bannister – Banncars jusqu’au 18 novembre :
Exposition composée de 21 illustrations en série très limitée (entre 2 et 10 exemplaires) disponibles à la vente pour soutenir le projet. Visible depuis le 11 octobre au Barjac, dans le Panier, l’exposition était au parc Chanot avec le HeroFestival le week-end du 8 et 9 novembre puis elle a pris ses quartiers au cinéma le Gyptis avec une programmation de films cultes :
– Retour vers le futur : mercredi 12 novembre à 14h/samedi 15 nov. 10h30 / dimanche 16 nov. 16h30
– Duel (carte blanche à Bannister) : jeudi 13 nov. 20h / samedi 15 nov. 16h45 / mardi 18 nov. 19h
– Séance spéciale 30e anniversaire de Ghostbusters: samedi 15 nov. à 20h30.
L’animation et le monde au cinéma Le Gyptis
En partenariat avec PRIMI et Motion+, Le Café Pixel organise une rencontre avec le réalisateur Ari Folman autour de son film Valse avec Bachir le mercredi 3 décembre à 20h30. Le Congrès, second film du réalisateur sera projeté le jeudi 4 décembre à 19h30.
Tout le programme du Gyptis ici.
Lire aussi sur le même sujet l’article de Slate.fr :
Marseille, capitale du coworking
(Tous crédits photos : DR Cyrille Choupas / Son site et sa page Facebook)