Après les informations diffusées par Le Journal du Dimanche sur la situation alarmante du dispositif de sécurité anti-incendie dans les établissements de l’Assistance publique Hôpitaux de Marseille (AP-HM), le président de la Région Sud, Renaud Muselier, monte au créneau et s’interroge sur l’inaction des autorités, dans un communiqué diffusé dimanche 28 juillet.
« Cette situation est d’une extrême gravité : des clarifications sont nécessaires, des décisions doivent être prises et la sauvegarde des hôpitaux est urgente. » Il poursuit : « Selon des documents révélés par le Journal du Dimanche et qui ont été portés à ma connaissance cette semaine, de graves failles en termes de sécurité mettant en danger la vie des patients, des soignants et des visiteurs de l’hôpital de la Timone, à Marseille, existent depuis plusieurs années. Ces failles sont connues par les autorités compétentes et n’ont jamais fait l’objet des travaux nécessaires à leur enrayement, depuis au moins 18 ans. »
Plusieurs saisines de la ministre de la Santé
Renaud Muselier affirme avoir tenté de mobiliser la ministre de la Santé Agnès Buzyn. « Dès le 9 mai dernier, alerté de manière informelle sur ce sujet, j’avais écrit à la Ministre de la Santé pour connaître la vérité dans ce dossier. Je la relançais plus précisément encore le 27 juin dernier, alors qu’aucune information ne m’avait été transmise sur le sujet. Enfin, ce mercredi 24 juillet, après avoir reçu un courrier retraçant l’ensemble de ces failles pour le site Timone, j’ai de nouveau saisi la Ministre en lui transmettant ces informations désormais incontestables, claires et particulièrement alarmantes. »
« Après la rue d’Aubagne »
« La situation décrite par ces révélations est d’une gravité sans précédent. On ne peut laisser fonctionner l’hôpital de la Timone, premier hôpital français, avec un tel risque de sécurité pour son personnel,ses malades et ses visiteurs. Après ce que notre ville a vécu lors du drame du 5 novembre, à la rue d’Aubagne, comment aucune décision n’a-t-elle pu être prise depuis ? » s’interroge encore Renaud Muselier. « Cette situation est d’une extrême gravité : en conséquence, il faut s’appuyer sur les procès-verbaux de sécurité pour sécuriser les hôpitaux en urgence, se doter des moyens financiers qui étaient prévus dans le cadre du plan de restructuration des hôpitaux de Marseille et engager ces travaux au plus tôt » conclut le président de la Région Sud qui précise que le Conseil régional contribuera financièrement.
« A Marseille, l’immeuble de grande hauteur (IGH) du centre hospitalier de la Timone fait l’objet d’un “avis défavorable à la poursuite de [son] exploitation”. En cause : une série de manquements graves aux normes incendie en vigueur dans ce type d’établissements » affirme Le JDD dans son édition du dimanche 29 juillet. Il évoque notamment des portes d’évacuation fermées ou encombrées, avec un système défaillant d’ouverture automatique.
Les précisions de l’AP-HM
Dans un communiqué de la direction de l’AP-HM dit vouloir démêler le « vrai du faux ». « L’Hôpital de la Timone a été construit au début des années 70 selon une conception architecturale et technique qui ne peut être comparée aux normes en vigueur aujourd’hui. Cette mise à niveau par rapport aux attendus actuels de sécurité incendie des bâtiments construit récemment nécessite des travaux importants qui seront engagés au titre de la rénovation des immeubles de grande hauteur (IGH) prévue dans le dossier Copermo (Comité interministériel de performance et de la modernisation de l’offre de soins, NDLR). » En attendant l’autorité hospitalière se veut rassurante évoquant ses moyens humains et techniques. « Le système de détection incendie est parfaitement opérationnel et aux normes (détecteurs). Des portes coupe-feux asservies (fermeture automatique en cas de détection incendie) sont en place dans tous les couloirs pour faciliter l’évacuation horizontale. » l’AP-HM souligne ensuite que « les secteurs qui accueillent les patients les plus fragiles et les plus complexes à mobiliser (réanimation, surveillances continues, blocs opératoires…) sont situés dans la Timone 2 depuis 2013, bâtiment récent et parfaitement aux normes en termes de sécurité incendie. »
REPERES
Un plan de modernisation immobilière de 315 millions d’euros
Dans son communiqué, l’AP-HM rappelle qu’elle a engagé un projet de modernisation immobilière, qui s’élève à 315 millions. Il prévoit « la rénovation complète et la mise aux normes actuelles de sécurité incendie de ses Immeubles de Grande Hauteur. La rénovation complète de la Timone adultes est programmée y compris la mise aux normes en termes de sécurité incendie : 10 millions d’euros y seront consacrés. » L’AP-HM souligne que « l’hôpital de la Timone enfants sera déconstruit et les services d’enfants viendront rejoindre la maternité dans un bâtiment neuf.»
Ce dossier de modernisation a reçu un accord d’éligibilité du Copermo en janvier 2018 rappellent les hôpitaux marseillais. « Il est en ce moment rentré dans sa phase d’approbation pour mise en œuvre. Si l’Etat le valide définitivement, il apportera un financement à hauteur de 50 %. Les collectivités territoriales : Conseil Départemental, Région Sud, Métropole, Ville de Marseille, se sont elles aussi engagées à cofinancer ce plan pour une participation totale de 130 millions d’euros. »