Changement climatique, pression démographique et urbaine, évolutions des usages de l’eau : la Société du Canal de Provence (SCP) a organisé un forum permettant d’aborder les grands enjeux actuels et futurs de l’eau.
Augmentation de la température, modifications de l’enneigement et des périodes de fonte des neiges, les contraintes climatiques pèsent sur l’usage de l’eau. Se pose une première question, suite à ces problématiques : la ressource en eau sera-t-elle suffisante dans la région Paca ? « La Provence est paradoxalement mieux armée que d’autres régions françaises, répond Bruno Vergobbi, directeur général de SCP. Adossée à l’un des principaux châteaux d’eau de l’Europe, les Alpes, elle a recours depuis les aqueducs romains jusqu’aux grands ouvrages du XIXe à des transferts d’eau. La région a aussi une tradition de gestion collective de la ressource : associations syndicales de propriétaires, commission exécutive de la Durance, SCP dotée d’une gouvernance basée sur le consensus. Nous avons paradoxalement transformé un handicap, la faiblesse des ressources locales, en une force relative. »
La Région, actionnaire de la Société, a annoncé vouloir mobiliser 10 millions d’euros par an sur toute la durée du mandat au bénéfice des grands aménagements hydrauliques, de l’hydraulique agricole, de la préservation de la ressource en eau et de la gestion intégrée des milieux aquatiques. « Notre intervention est un levier pour mettre en œuvre le plan d’investissement de la Société du Canal de Provence d’un montant de 270 millions d’euros pour les 10 ans à venir », précise Renaud Muselier.
Un aménagement à poursuivre
Parmi les actions de ce plan seront compris le projet de sécurisation de l’accès à l’eau dans l’est varois avec la réalisation de la liaison hydraulique Verdon St-Cassien St-Maxime à hauteur de 25,5 millions d’euros avec une mise en service à l’automne 2017 et le développement des réseaux à finalité agricole sur le Vaucluse à hauteur de 1,2 million d’euros par an. « La desserte agricole est une priorité de ce plan d’investissement puisqu’elle mobilisera 45 % de son montant », ajoute le président de la Région. Enfin, sur les départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Bouches du Rhône et du Var, la Région apporte un soutien de 2,6 millions d’euros en 2017 pour les extensions de réseaux. Chaque année, environ un tiers du chiffre d’affaire est consacré au programme de rénovation, soit près de 30 millions d’euros.
En 60 ans, la SCP a sécurisé l’accès à l’eau d’une large part du territoire régional. Mais sa mission d’aménagement n’est pas terminée. Avec les effets du changement climatique, le territoire va être confrontée à un besoin croissant d’irrigation. Celui-ci s’étend notamment à des cultures et des zones qui jusqu’à présent n’en avaient pas besoin. En particulier : la vigne dans le Var mais aussi les cultures pluviales du blé dur, de l’olivier, du lavandin, de l’amandier. « La SCP va devoir réfléchir, sans déséquilibrer sa situation financière dans un contexte de plus en plus contraint en matière de finances publiques, à de nouveaux principes d’aménagement permettant de réduire les coûts des nouveaux réseaux », affirme Bruno Vergobbi.
Programmes d’innovation visant à mieux utiliser l’eau comme, par exemple, la mise en place de pilotage de système de goutte à goutte pour les cultures, nouveau partage du coût des aménagements entre acteurs publics et monde agricole, le débat reste ouvert. Les besoins concernent également les zones de montagne. « La SCP travaille à des solutions pour sécuriser ces territoires en couplant la modernisation des réseaux d’irrigation avec la production d’hydroélectricité par exemple », ajoute Bruno Vergobbi. Deuxième enjeu : améliorer la sécurité de l’alimentation en eau des zones urbaines du littoral tout en limitant la pression sur les ressources et en préservant les écosystèmes locaux.
La SCP en chiffres
3 millions d’habitants de la Région bénéficient directement des aménagements de la Société.
70% du territoire régional couvert
500 salariés
200 millions de mètres cubes distribués
1 milliard de mètres cubes : c’est la capacité des concessions de Sainte-Croix, Castillon et Esparron