41 migrants soudanais sont arrivés très tôt à Istres mercredi. Ils fuyaient la jungle de Calais et la commune était volontaire pour les recevoir.
Peu avant 2 heures du matin, mercredi 28 octobre, un bus est arrivé place de la Mairie à Istres. A son bord, 41 migrants. Tous souhaitaient une chose, quitter Calais et sa jungle devenue un enfer, selon eux, en prise à la violence et aux menaces avant de pouvoir prétendre rejoindre l’Angleterre. En fin de semaine dernière, le gouvernement a donc lancé un appel aux préfets, en région, en leur demandant de se mettre à la recherche de villes volontaires pour accueillir des groupes qui n’excèderaient pas une cinquantaine de personnes. Critère principal pour ces villes, posséder un centre AFPA (Association pour la Formation professionnelle des Adultes). Istres n’est pas la seule ville du département à en posséder un, il y a également Marseille, pourtant la ville s’est portée volontaire.
La réponse a été donnée vendredi 23 octobre. Cinq jours plus tard, le groupe était là. François Bernardini, maire divers gauche de Istres assure ne pas avoir hésité avant de répondre à l’appel du Préfet des Bouches-du-Rhône. Il a été impressionné par l’état d’esprit des personnes accueillies: « Ce sont eux qui nous ont apporté la sérénité, explique Francois Bernardini. Je vais vous donner un exemple, pas un seul d’entre eux n’a laissé trainer un papier par terre de leur sandwich, ou une peau de banane. C’est un message envers les gens qui ont une retenue ou une opposition ». Gaëlle Lenfant, vice-présidente du Conseil régional, déléguée à la jeunesse, aux solidarités, à la prévention et à la sécurité complète : « Il se s’agit pas de hordes de voyous, de terroristes. Il s’agit de personnes en souffrance qui ont abandonné famille et patrie ».
Etude des dossiers et formation professionnelle
Pour Jean-Luc Le Clech, directeur régional de l’AFPA Paca, l’accueil du groupe a été réalisé avec succès : « Il y avait un silence tel lors de leur arrivée, que l’émotion nous a pris aux tripes. C’était naturel de répondre à cette grande cause nationale. Nous disposons de 40 logements libres sur un parc qui en comprend 400, c’était normal de les mettre à disposition. » Ibrahim, 35 ans fait partie du groupe arrivé à Istres. Il décrit un camp de Calais aux conditions invivables : « Calais c’est trop dur, je veux apprendre la langue, un métier et rester ici ».
Depuis son arrivée, le groupe a donc été réparti dans des chambres de l’AFPA. La première étape consiste à étudier les dossiers, différents les uns des autres selon les situations. Du travail au cas par cas. Huit d’entre eux ont une autorisation provisoire de séjour, c’est-à-dire qu’ils sont dans l’attente d’une carte de séjour. 18 ont le statut de réfugiés et 15 attendent le résultat de leur demande d’asile. « L’objectif, explique Stéphane Bouillon, Préfet des Bouches-du-Rhône, c’est de les aider à reconstruire leur vie. Les services de l’Etat sont là mais le travail se fait également avec le Conseil régional notamment sur le travail de formation à la langue, et l’AFPA sur la palette de métiers proposés. Nous souhaitons préparer l’insertion de ceux qui le désirent à travers du logement et de l’emploi. La France est terre d’asile. »
(Illustration : Le Préfet Stéphane Bouillon et Gaëlle Lenfant à la rencontre des migrants à Istres. Crédit photo Yann Terrou)
Bernard Cazeneuve : « Il n’y a plus un migrant qui passe en Grande-Bretagne »
Le ministre de l’Intérieur indique jeudi 29 octobre, que «depuis le 25 [octobre, NDLR], il n’y a plus un migrant qui passe en Grande-Bretagne » illégalement depuis Calais. « Nous mobilisons nos forces pour bien envoyer le message aux passeurs que l’on ne passe plus à Calais. On est passés de 1300 à 241 intrusions » ou tentatives par jour dans le tunnel», a indiqué le ministre à nos confrères de l’AFP.