Ironie des voyages… Le British Museum consacre deux expositions temporaires à des joyaux de la… Méditerranée. La Sicile, et depuis le week-end du 19 mai à deux villes englouties d’Egypte depuis plus de 2000 ans dans les eaux de la Méditerranée, les villes de Thonis-Heracleion et Canope. Ces dernières livrent depuis 20 ans leurs vérités sur les échanges entre Grecs, Phéniciens et Egyptiens. Et c’est donc à Londres que Gomet’, via Eurostar, retrouve la mare nostrum telle qu’elle fut pratiquée, puis de nos jours espérée ou rêvée. Car l’on sent bien que les trésors ramassés sous l’eau depuis 20 ans sont des révélateurs de ce que la région n’est plus capable de proposer : un destin commun où chacun va et vient, commerce et échange. Des transports de marchandises bien sûr mais aussi des idées, le tout dans un raffinement que notre société envahie par les technologies ne saurait faire oublier.
Submergées depuis plus de 2000 ans, les deux villes disparues de l’Égypte ancienne ont été récemment redécouvertes. Leur histoire est racontée pour la première fois dans cette exposition blockbuster. Chaque pièce, petites (bijoux, vaisselles, …) ou grandes (statues, momies, tombeaux) interpelle le visiteur du 21 ème siècle. Car la région est rattrapée depuis plusieurs décennies par ses démons de guerre. Et du coup, les Occidentaux se détournent. Dans ce contexte, les trésors exposés jusqu’au 27 novembre faire oeuvre de pédagogie.
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Une épopée sous-marine qui n’a pas livré encoure tous ses secrets
L’exposition a de nombreuses vertus : des pièces exceptionnelles dans un état de conservation inédit. Les fonds marins à l’embouchure du Nil ont servi à protéger les oeuvres de l’érosion et de l’agression de la pollution. L’épopée qui a permis de les sortir de l’oubli (une découverte fortuite) n’a jamais été retracée avec une telle ampleur. Les films proposés aux visiteurs sont d’ailleurs très illustratifs, avec des images de plongée archéologique époustouflantes. Et l’aventure se poursuit. Seuls 5% des vestiges ont été récupérés selon les estimations des archéologues de la société maritime avec qui est organisée cette formidable rétrospective. Une épopée sous-marine qui n’a pas livré encore tous ses secrets. Mais elle nous parle bien concrètement. Puissent-elles contribuer à renouer le fil des anciennes routes méditerranéennes interrompues aujourd’hui, et que seuls les tragiques voyages de migrants nous rappellent.
REPERES :
> Submergées depuis plus de 2 000 ans, les villes de Thônis-Heracleion, Canope, et surtout Naucratis, voient leur histoire racontée pour la première fois dans cette exposition. Une partie de l’exposition montre les recherches et les travaux de fouilles menés par l’archéologue français Franck Goddio, fondateur de l’Institut Européen d’Archéologie Sous-Marine (IEASM, à Paris). a plupart des objets de l’exposition « Cités englouties : Le monde perdu d’Egypte » appartiennent à trois villes englouties par les eaux sur les côtes méditerranéennes. En 2015, c’est l’4institut du monde arabe à Paris qui avait présenté ces oeuvres antiques lors d’une exposition intitulée « Osiris, mystères engloutis d’Egypte »
> Les trois villes vues par le journal égyptien Al-Ahram Hebdo : « Naucratis, qui se situe à 72 km au sud-est d’Alexandrie, sur la branche canopique du Delta, était l’une des premières villes colonisées par les Grecs. Entre l’an 650 et 630, elle devint un carrefour commercial important. Les commerçants grecs achetaient du blé, du papyrus et du lin aux Egyptiens qui, en échange, leur achetaient céramiques, huiles, argent et vin. A Naucratis, Egyptiens et Grecs vivaient dans des quartiers bien distincts et les mariages gréco-égyptiens étaient interdits. A Thônis-Héracleion — nommée Heracleion d’après le héros grec Héraclès — ont été dégagées du sable de précieuses trouvailles, comme une stèle en granit noir de 1,6 tonne et de 2 m2. Celle-ci était gravée au nom du pharaon Nectanebo Ier (378-362 av. J.-C.) et des comptes tels que les taxes imposées aux marchands grecs. « Cette ville était l’un des centres commerciaux les plus importants entre l’Egypte et le reste du monde méditerranéen » explique à Al-Ahram, le chef du département des monuments sous-marins au ministère égyptien des Antiquités, Mohamad Moustapha à Al-Ahram . Selon Franck Goddio, cité par la même source, il semblerait que Thônis ait été engloutie et rayée de la carte au VIIe siècle de notre ère, suite à un tremblement de terre qui provoqua un raz-de-marée. Enfin, « Canope, quant à elle, ville voisine de Thônis, était le seul port égyptien ouvert aux commerçants grecs et phéniciens (Syrie et Liban). Elle était un important centre de culte des dieux égyptiens et était reconnue comme la ville de l’échange de l’art et la culture entre les deux civilisations. Elle se situait sur le Delta à l’embouchure de la branche canopique du fleuve, c’est-à-dire la plus importante des sept branches du Nil à cet endroit. « La découverte de ces deux villes bouleverse les croyances et éclaircit la compréhension des liens gréco-égyptiens », souligne Mohamad Moustapha. »
> Pratique : Prix : 16,50 livres, gratuit pour les enfants de moins de 16 ans Ouverture : Samedi – Jeudi : 10h-17h30 Vendredi : 10h-20h30
Plus d’infos sur : www.britishmuseum.org