« Grâce aux capteurs citoyens, nous connaissons l’air qui nous entoure et gagnons la capacité d’agir pour préserver notre santé. » Damien Piga, directeur des relations extérieures et innovation d’AtmoSud, l’Observatoire Air-Climat-Energie de la région Sud, explique dans cette tribune le fonctionnement et les vertus du réseau Air Lab créé il y a cinq ans.
Savoir ce que l’on respire est resté pendant longtemps un sujet réservé aux experts et aux scientifiques. L’usage de noms alambiqués pour décrire les polluants, de métriques complexes, d’appareils coûteux dans des laboratoires, ont construit une barrière avec le quotidien de chacun. Pourtant, s’approprier l’air que nous respirons est essentiel puisque chaque jour, nos poumons en filtrent 15 000 litres.
Pour sensibiliser les habitants de la région à l’importance de la qualité de l’air, AtmoSud, le CAN Environnement (Collectif anti-nuisances environnement) et AirCarto, structure qui porte le projet collaboratif et citoyen de la mesure de la pollution de l’air, ont créé il y a cinq ans le Air Lab. Un lieu ouvert de rencontres entre citoyens, associations de terrain, acteurs économiques et experts de la qualité de l’air, pour faire coïncider les attentes locales avec les savoir-faire au quotidien. Dans ses murs sont nés plusieurs projets structurants qui respectent un protocole de qualification strict auprès des mesures de référence d’AtmoSud : les capteurs Module Air, qui sondent la qualité de l’air dans les environnements intérieurs, et les capteurs Nébule Air, leurs homologues pour l’air extérieur. Sans oublier la plateforme OpenAirMap, qui permet de visualiser les données recueillies par les différents capteurs.
L’air et les éléments qui le composent accessibles à tous
Le Air Lab et ses projets de capteurs citoyens s’inscrivent dans le prolongement d’un projet d’innovation porté par la métropole d’Aix-Marseille, le projet DIAMS. Une première en Europe, où plus de 2 000 capteurs ont été mis à disposition des citoyens du territoire métropolitain. Ils ont en commun d’être ouverts, pour prôner une totale transparence, et d’être libres, pour encourager le partage d’information sur l’air avec le plus grand nombre. Surtout, ils permettent à tous de mesurer, de comprendre et de suivre la qualité de l’air partout sur le territoire, à tout moment.
Grâce à ces nouveaux objets technologiques, l’air et les éléments qui le composent deviennent accessibles à tous. L’observation de son environnement, comme la compréhension de l’impact de ses gestes au quotidien, sont enfin devenues possibles : suis-je moins exposé dans ma voiture, vitre fermée, qu’en tant que piéton sur le trottoir ? Est-ce que mon bureau est suffisamment ventilé ? Que se passe-t-il lorsque je recharge mon poêle à bois ? Est-ce le bon endroit et le bon moment pour faire mon footing ?
L’ouverture à un observatoire participatif
En connaissant l’air qui nous entoure, nous gagnons la capacité d’agir pour préserver notre santé. Les actions à mettre en œuvre pour préserver l’air que nous respirons ne sont plus uniquement la déclinaison de plans nationaux, mais peuvent émerger d’initiatives locales. Cette connaissance de terrain conduit à des actions concrètes, efficaces et surtout adaptées. Mieux encore, l’utilisation de ces mesures citoyennes vient compléter le dispositif de surveillance de qualité de l’air d’AtmoSud sur le territoire en produisant une information de très haute résolution.
L’Observatoire Air-Climat-Energie qu’est AtmoSud s’ouvre ainsi à la participation citoyenne, devenant un Observatoire participatif à part entière, alimenté en données sur l’air par les acteurs de terrain. Cette surveillance participative a une double fonction. En premier lieu, mettre en évidence les singularités d’un environnement en termes de pollution de l’air grâce à des capteurs qui objectivent une situation : la proximité d’une source polluante, l’intermittence d’un phénomène. Cette mise en évidence de données permet de dégager des axes d’amélioration à mener pour inspirer un air meilleur et conduire à des actions de réduction d’impacts.
L’émergence d’initiatives locales, inspirantes et duplicables
En second lieu, cette surveillance participative permet la mesure quantitative de l’efficacité des actions qui sont menées au niveau local. En cas de résultats probants, elle peut même être à l’origine de modèles inspirants, repris par d’autres territoires pour être dupliqués. Cette ouverture de l’observatoire laisse donc entrevoir de nouveaux horizons, entourés de différents acteurs qui s’engagent pour l’air et le vivant. En réassurant par la mesure, la surveillance participative permettra en effet de porter l’efficacité des actions locales menées par les entreprises et les collectivités, et de créer des communautés autours de solutions bénéfiques pour tous.
Damien Piga, directeur des relations extérieures et innovation d’AtmoSud,
l’Observatoire Air-Climat-Energie de la région Sud