Mission impossible
Il fallait être audacieux, en ces temps de désamour pour le PS, de vouloir organiser un référendum sur le thème de « l’unité de la gauche ». Particulièrement dans les Bouches-du-Rhône où l’urgence serait plutôt de trouver le plus petit dénominateur commun entre les socialistes. Il faudrait d’abord tenter de faire l’unité entre les Caselli, Mennucci, Ghali, Jibrayel, Pezet, Masse et autres Andrieux. C’est un peu comme la pub de la banque LCL, dans laquelle s’est illustré Gad Elmaleh : mais là on rêve !
La vague et les vaguelettes
Un dernier sondage donne le FN et Marion Maréchal Le Pen en tête au premier tour et au second tour des régionales de décembre prochain. Son grand-père, lors de la dernière séance plénière de l’assemblée régionale – une des rares à laquelle il a assisté – lui a apporté son soutien. Quelques fins analystes attribuent l’échec prévisible des partis républicains, de gauche et de droite, au manque de notoriété du socialiste Christophe Castaner ou au fait que le maire de Nice, Christian Estrosi (Les Républicains), est par trop clivant. Pas un ne s’attarde sur le fait qu’en région Paca le FN laboure profond depuis trente ans et prospère quand les partis traditionnels s’enlisent, de scandales judiciaires en querelles internes. Le réveil va être dur.
Simple comme une bonne décision
Le bouchon du quai Rive Neuve a soudain quasiment disparu. Un petit malin responsable du chantier s’est aperçu en effet que les feux tricolores étaient inutiles pendant les travaux, à hauteur de la Criée comme à la jonction du quai et de la rue Fort Notre-Dame. Ca a mis quelques jours et puis le miracle est advenu. Avec un peu d’ordre et des signalisations respectées, rue de République et rue Breteuil, ce serait presque parfait, mais il faudrait que le même responsable pousse l’audace jusque-là. Si en plus les parkings Vinci faisaient un effort tarifaire, pendant ces temps durs pour l’automobiliste, ce serait parfait. On paie encore au Centre Bourse 80 centimes pour 7 minutes… et on annonce pour ceux qui s’entêteraient à être piétons la fin du Ferry Boat. Reste plus qu’à fantasmer avec Renaud Muselier sur le pont transbordeur.
Songe d’une journée d’automne
Ce samedi si vous aviez l’humeur sélective, vous pouviez déguster Marseille la délicieuse en allant chercher des proches à la gare Saint Charles. Quelques panneaux vous annonçaient qu’en décembre prochain de nouvelles salles d’attente ou de repos seraient, avec les connexions Wifi, à votre libre disposition. Sur des écrans flanqués en haut de la verrière, un spectacle du Centaure Théâtre filmé sur les quais, passait en boucle avec deux beaux chevaux associés à ce moment onirique. Plus loin un jeune homme écrivait au piano la Lettre à Elise de Beethoven. Mon Dieu que tout cela était beau. Bon, il avait fallu avant se résoudre à ne pas trouver un horodateur lisible pour éviter le PV du dépose minute. Et puis slalomer entre les immondices qui entouraient notamment les bornes où on peut composter les billets, mais pas les ordures. Enfin alors que nous quittions les lieux un magnifique Goéland déploya ses ailes devant notre voiture. Du coup Baudelaire et son Albatros revenait en notre mémoire. L’oiseau saisit quelque chose dans son bec, puis le relâcha. Un rat. Mort. Fin de la poésie. Bienvenue à Marseille.
Faire de la gymnastique
On l’a vu Force Ouvrière et la CGT ont quitté la table des négociations où le Medef tente, avec les organisations syndicales, de trouver une solution pour assurer la survie des caisses de retraites complémentaires du privé. On se dit du coup que cela doit être compliqué à Marseille de soutenir depuis des décennies un syndicat aussi radical que FO et d’avoir en même temps le souci de supporter les entreprises et donc leur principale organisation patronale. Mais tout cela n’est-il pas une question de souplesse ?
Elle va dézinguer
Maryse Joissains-Masini ne décolère pas et ses racines corses rappellent, à tous ceux qui l’ignorent encore, qu’elle est pugnace et qu’elle a la rancune tenace. Elle a hurlé après avoir vu que Sylvie Barthélémy, présidente de l’agglomération d’Aubagne, avait décidé de rallier la future Métropole d’Aix-Marseille-Provence et que le sénateur-maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, avait officiellement annoncé sa candidature pour la présidence de cette entité qui doit voir le jour en janvier 2016. Maryse n’a pas de mot trop blessant pour sa voisine marseillaise et ses dirigeants qu’elle qualifie de « mauvais gestionnaires ». Pour savoir combien profonde est son hostilité envers la droite marseillaise, il faut se rappeler comment elle évoquait, lors des municipales de 2001, l’enterrement de son père (il s’est suicidé en 1983, suite à une affaire éclaboussant son gendre). Les élus marseillais avaient boycotté alors les obsèques comme elle l’écrivait dans un livre (Sang et or Combat pour Aix-en-Provence d’Alain et Maryse Joissains). Quarante ans après il ne faut pas compter sur elle pour qu’elle assiste à un baptême.
Service compris
Deux saynètes à quelques jours de distance. La première sur le Vieux-Port. Les tables d’une terrasse racontent des petits déjeuners précédents. Un garçon s’en aperçoit et se sert des sets de table, qu’il s’apprête à mettre en place pour le déjeuner à venir, pour chasser mie et autres traces beurrées. Pas très hygiénique, mais relativement efficace. Malheureusement dans sa furie le nettoyeur emporte un cendrier qui se brise. Un « Putain de ta race » résolument sonore sort les consommateurs de leur contemplation ou de leur lecture. Un autre établissement face au Mucem. Coquet, agréable presque… parisien. Une table à l’intérieur de libre, au milieu des dizaines d’autres interdites car déjà dressées pour le déjeuner. On s’installe. Deux femmes de ménages s’affairent et un employé juché sur une échelle est occupé à réajuster une tenture. Le tissu lui échappe : « Putain de ta mère » hurle-t-il avant de s’apercevoir qu’il a fait sursauter une cliente et de s’excuser. Il y a une école hôtelière à Marseille, non ?
Les chiffres sans les lettres
Vient d’être publiée une étude révélant que les Bouches-du-Rhône est le département le plus criminogène de France. On apprend au passage qu’il y a eu 274 règlements de compte en une décennie. Livrées ainsi, ces statistiques font froid dans le dos. Pour les comprendre il faudrait malgré tout apporter un certain nombre de paramètres. Le taux du chômage, le niveau de pauvreté, le fossé entre quartiers riches et quartiers pauvres, entre villes opulentes et villes dévastées, le nombre de communautés présentes sur ce périmètre, leur histoire, leurs origines, une culture marginale mais prégnante du banditisme, la langue des rues, une grande métropole portuaire… toutes choses qui permettent si ce n’est de comprendre au moins d’aborder le problème autrement que par le biais des records du Guinness.