Voici le deuxième volet de notre entretien avec Maryse Joissains, maire d’Aix-en-Provence et présidente du conseil de territoire du Pays d’Aix. Lire la première partie de l’entretien.
Etes-vous satisfaite des premiers mois d’exploitation de l’Aréna ?
M.J. Oui. Les équipes de Lagardère sont des gens sérieux qui ont tiré le maximum d’une situation qui n’était pas facile. Pour prévoir de grandes manifestations, il faut souvent s’y prendre 12 à 18 mois à l’avance. Eux ont été déclarés adjudicateurs seulement au mois d’octobre et n’ont donc pas eu beaucoup de temps pour se préparer. Malgré cela, ils ont su mettre au programme des manifestations de qualité.
Vous avez entendu la grogne des commerçants du centre-ville au dernier conseil municipal. La désertification est-elle une problématique réelle selon vous ?
M.J. La manifestation des commerçants au dernier conseil municipal résulte des travaux que nous effectuons en centre-ville. Mais ceux-ci sont nécessaires, car les réseaux enterrés dataient du siècle dernier et provoquaient des résurgences nauséabondes et des inondations dans les caves. Pour optimiser le coût et le temps de travaux, nous avons décidé de mener en même temps la rénovation des trois places Verdun, Prêcheurs et Madeleine. Nous en sommes à présent à la moitié : tous les travaux se terminent en février prochain au plus tard. Quant aux travaux du BHNS, je comptais les repousser de quelques mois. Mais il s’avère qu’entre temps, c’est à la Métropole qu’est revenue cette compétence et que donc, j’en ai perdu la maîtrise. Une partie ont eu lieu au niveau des marchés, délocalisés, et provoquent des problématiques de circulation. Les commerçants souffrent des travaux, c’est normal. Mais la Ville essaie de compenser par de l’animation, la possibilité de stationner en centre-ville et des transports supplémentaires qu’elle finance elle-même. La commission d’indemnisation s’apprête à être mise en place mais il faudra démontrer qu’il y a préjudice. Il faut quand même bien noter que tous les commerçants connaîtront une embellie formidable le jour où les travaux seront terminés. Aix-en-Provence est l’une des rares villes où le centre-ville fonctionne très bien.
Comment abordez-vous votre succession ?
M.J. Ma succession n’est pas ouverte. Le jour où j’aurais décidé de me retirer, je proposerai une liste. Sophie Joissains a déclaré qu’elle serait candidate mais candidature ne signifie pas élection. C’est l’électeur qui décide.
Comment préparez-vous votre procès * ?
M.J. Je suis totalement sereine. Je suis renvoyée en correctionnelle pour deux affaires. La première : pour avoir embauché une personne afin qu’elle s’occupe des animaux sur le territoire du Pays d’Aix. Le juge d’instruction a dit que celui-ci n’était pas compétent pour embaucher cette personne, ce que je conteste totalement. Je suis persuadée que le droit administratif me le permettait. On parle de détournement d’argent public mais pendant deux ans, le Territoire a payé un salaire à cette personne, qui a travaillé : il n’y a pas d’enrichissement personnel, pas d’emploi fictif. La deuxième chose qu’on me reproche, c’est que d’avoir fait la promotion de l’un de mes collaborateurs qui le méritait, puisqu’il était proposé par l’administration, et pas par moi, sur une liste et avait obtenu l’avis favorable du Comité paritaire composé des syndicats, d’élus et des membres de la haute administration et de l’administration moyenne. La Cour administrative d’appel a annulé cette nomination, jugeant qu’il s’agissait d’une erreur de ma part et que cette personne n’avait pas les compétences. Or, cette erreur manifeste ne peut pas être jugée au pénal, le droit administratif s’applique. Je pense que les magistrats sont des gens raisonnables qui envisageront une relaxe. Je revendique ma qualité de maire d’Aix rigoureux et qui respecte l’argent public. Je renvoie les juges à Marseille, où ils ne trouveront rien d’aussi net. J’ai appris par la presse que Jean-Claude Gaudin a dépensé 500 000 euros pour ses vœux au personnel à l’Aréna. Moi, j’ai payé 5000 euros pour les miens !
Lire la première partie de l’interview
Métropole, Zac Constance, musée Picasso, parkings : les combats et chantiers de Maryse Joissains (1/2)
* Repères :
Le 8 avril 2014, alors qu’elle vient d’être réélue pour un quatrième mandat de maire, Maryse Joissains est mise en examen pour « détournements de fonds » suite à l’embauche jugée illicite d’une collaboratrice de cabinet. La maire d’Aix-en-Provence est également accusée de « prise illégale d’intérêts », pour avoir en avril 2013 promu son chauffeur à un grade d’agent territorial de catégorie A. Celui-ci chauffeur aurait touché un salaire de 4400 euros avec un cumul de fonction (assistant parlementaire et attaché territorial). Des fonctions, qui pour la justice, ne correspondent pas à son expérience professionnelle. Une nomination dont l’arrêté municipal a été juridiquement annulé le 27 décembre 2017.