Après Los Angeles, San Francisco, Kansas City, Houston, et avant Copenhague, Arles est l’unique étape française de l’exposition rassemblant quelque 150 pièces des trésors antiques de Berthouville, du Chapitre ou de Naix, précieusement conservées par la Bibliothèque nationale de France.
Si tous les musées recèlent de merveilles, actuellement le musée départemental Arles Antique accueille l’un des plus fameux trésors d’argenterie de l’Antiquité gallo-romaine : le célèbre trésor de Berthouville. Célèbre pour la qualité remarquable des objets qui le composent mais également par l’histoire de sa découverte en 1830, par Prosper Taurin, un paysan normand qui labourait son champ. « Il comptait le faire fondre comme cela s’est toujours fait mais, fort heureusement, il en a parlé à un notable de sa ville qui lui a conseillé de le montrer à des experts car cela pouvait lui rapporter bien plus d’argent » raconte Alain Charron, conservateur en chef au musée départemental Arles antique.
Quatre-vingt treize pièces dont la plupart exceptionnelles dans l’art de marteler l’argent – la toreutique – étaient ainsi enterrées non loin d’un sanctuaire dédié à Mercure, dieu du commerce mais aussi des voleurs, des voyages et messager des autres dieux. « Mercure était très honoré en Gaule, poursuit Alain Charron. Tous les objets du trésor datent de la fin du 1er siècle avant notre ère jusqu’aux IIe et IIIe siècles après J-C. Beaucoup d’entre eux ont eu une première vie avant d’être donnés en offrande, comme les skyphoï qui sont des verres à boire ».
Reconnu comme « le plus riche et le plus beau trésor de temple de l’époque romaine en Gaule », le trésor de Berthouville est l’égal de ceux de Pompéi, Herculanum et Boscoreale. Jamais il n’avait été montré dans son ensemble en dehors de la BNF qui le confia, en 2010, au Getty Museum pour être restauré. Pour illustrer le luxe dans l’Antiquité, l’exposition présente d’autres pièces issues d’autres trésors comme des magnifiques plats (photos ci-dessous) travaillés au repoussé. Le plat d’Achille, dit “bouclier de Scipion”, en argent, mesure 71 cm de diamètre et pèse plus de dix kilos. Il illustre un passage de l’Illiade – la colère d’Achille – et aurait été trouvé vers Avignon au XVIIe siècle par des pêcheurs puis acheté par Louis XIV, lui épargnant ainsi le chemin de la fonte. Quant à la patère de Rennes, en or massif, elle est encore aujourd’hui l’une des plus belles pièces du monde romain.
Le luxe sous toutes ses formes
Une soixantaine d’objets, conservés au cabinet des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale, sont également présentés pour montrer comment le luxe touchait tous les aspects de la vie quotidienne : bijoux en or et pierres fines, vases, quelques rares verres-camées, mosaïques de tesselles de 2mm de côté… jusqu’aux pieds de table en marbre, pour le plaisir de leurs propriétaires mais également pour impressionner leurs visiteurs.
À noter deux incroyables lingots d’or pour mieux stocker le précieux métal. « Ils connaissaient la dévaluation, précise Alain Charron, et les pièces frappées à l’effigie de l’empereur étaient aussi un message politique. »
Mais au delà de la valeur des matériaux utilisés, ces objets sont magnifiquement travaillés et témoignent de savoir-faire tout aussi précieux.
Les trésors de l’Arles antique
Si l’or et l’argent n’ont pas résisté à la fonte, le musée départemental Arles antique conserve quelques belles œuvres, expressions également du luxe dans la région. Une occasion de parcourir les collections permanentes du musée afin de les repérer. Ainsi le Captif et la Victoire témoignent d’une technique rare réservée aux grandes œuvres – la fonte à la cire perdue -, et l’immense mosaïque de l’Aion nous laisse imaginer ce que pouvait être le luxe domestique.
Enfin, à l’étage du musée, sont présentés pour la première fois au public les premiers fragments de peintures murales du 1er siècle avant notre ère, découvertes lors des fouilles de 2015 sur le site dit de la Verrerie de Trinquetaille. « Nous avons 600 caisses de fragments à étudier désormais et à reconstituer si possible. Ces peintures du second style pompéien avec beaucoup de rouge, couleur du luxe, ont certainement été réalisées par des artistes venus de Pompéi. C’est une découverte rare pour la région et preuve de l’existence d’une maison luxueuse, datant de 60 avant notre ère, que nous n’imaginions pas auparavant » conclut Alain Charron. Le luxe dans la Villa de la harpiste : une affaire à suivre !
En vidéo
Les explications d’Alain Charron
Informations pratiques
> Le luxe dans l’Antiquité – jusqu’au 21 janvier 2018
> Musée départemental Arles antique – Presqu’île du cirque romain – Arles
> Tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 18h – Visite guidée les mercredis, samedis et dimanche à 16h30 (durée 1h – tarif 3€ en plus du billet d’entrée)
> Tarifs collections permanentes + exposition : 8€ et 5€ (entrée gratuite le premier dimanche du mois)
> Parcours découverte de l’exposition pour les enfants à partir de 7 ans à retirer à l’accueil du musée
> site internet : www.arles-antique.cg13.frÀ noter que jusqu’au dimanche 27 août, se tient le festival Arelate dans la ville d’Arles. (lire notre article)
Après Los Angeles, San Francisco, Kansas City, Houston, et avant Copenhague, Arles est l’unique étape française de l’exposition rassemblant quelque 150 pièces des trésors antiques de Berthouville, du Chapitre ou de Naix, précieusement conservées par la Bibliothèque nationale de France.
Si tous les musées recèlent de merveilles, actuellement le musée départemental Arles Antique accueille l’un des plus fameux trésors d’argenterie de l’Antiquité gallo-romaine : le célèbre trésor de Berthouville. Célèbre pour la qualité remarquable des objets qui le composent mais également par l’histoire de sa découverte en 1830, par Prosper Taurin, un paysan normand qui labourait son champ. « Il comptait le faire fondre comme cela s’est toujours fait mais, fort heureusement, il en a parlé à un notable de sa ville qui lui a conseillé de le montrer à des experts car cela pouvait lui rapporter bien plus d’argent » raconte Alain Charron, conservateur en chef au musée départemental Arles antique.
Quatre-vingt treize pièces dont la plupart exceptionnelles dans l’art de marteler l’argent – la toreutique – étaient ainsi enterrées non loin d’un sanctuaire dédié à Mercure, dieu du commerce mais aussi des voleurs, des voyages et messager des autres dieux. « Mercure était très honoré en Gaule, poursuit Alain Charron. Tous les objets du trésor datent de la fin du 1er siècle avant notre ère jusqu’aux IIe et IIIe siècles après J-C. Beaucoup d’entre eux ont eu une première vie avant d’être donnés en offrande, comme les skyphoï qui sont des verres à boire ».
Reconnu comme « le plus riche et le plus beau trésor de temple de l’époque romaine en Gaule », le trésor de Berthouville est l’égal de ceux de Pompéi, Herculanum et Boscoreale. Jamais il n’avait été montré dans son ensemble en dehors de la BNF qui le confia, en 2010, au Getty Museum pour être restauré. Pour illustrer le luxe dans l’Antiquité, l’exposition présente d’autres pièces issues d’autres trésors comme des magnifiques plats (photos ci-dessous) travaillés au repoussé. Le plat d’Achille, dit “bouclier de Scipion”, en argent, mesure 71 cm de diamètre et pèse plus de dix kilos. Il illustre un passage de l’Illiade – la colère d’Achille – et aurait été trouvé vers Avignon au XVIIe siècle par des pêcheurs puis acheté par Louis XIV, lui épargnant ainsi le chemin de la fonte. Quant à la patère de Rennes, en or massif, elle est encore aujourd’hui l’une des plus belles pièces du monde romain.
Le luxe sous toutes ses formes
Une soixantaine d’objets, conservés au cabinet des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale, sont également présentés pour montrer comment le luxe touchait tous les aspects de la vie quotidienne : bijoux en or et pierres fines, vases, quelques rares verres-camées, mosaïques de tesselles de 2mm de côté… jusqu’aux pieds de table en marbre, pour le plaisir de leurs propriétaires mais également pour impressionner leurs visiteurs.
À noter deux incroyables lingots d’or pour mieux stocker le précieux métal. « Ils connaissaient la dévaluation, précise Alain Charron, et les pièces frappées à l’effigie de l’empereur étaient aussi un message politique. »
Mais au delà de la valeur des matériaux utilisés, ces objets sont magnifiquement travaillés et témoignent de savoir-faire tout aussi précieux.
Les trésors de l’Arles antique
Si l’or et l’argent n’ont pas résisté à la fonte, le musée départemental Arles antique conserve quelques belles œuvres, expressions également du luxe dans la région. Une occasion de parcourir les collections permanentes du musée afin de les repérer. Ainsi le Captif et la Victoire témoignent d’une technique rare réservée aux grandes œuvres – la fonte à la cire perdue -, et l’immense mosaïque de l’Aion nous laisse imaginer ce que pouvait être le luxe domestique.
Enfin, à l’étage du musée, sont présentés pour la première fois au public les premiers fragments de peintures murales du 1er siècle avant notre ère, découvertes lors des fouilles de 2015 sur le site dit de la Verrerie de Trinquetaille. « Nous avons 600 caisses de fragments à étudier désormais et à reconstituer si possible. Ces peintures du second style pompéien avec beaucoup de rouge, couleur du luxe, ont certainement été réalisées par des artistes venus de Pompéi. C’est une découverte rare pour la région et preuve de l’existence d’une maison luxueuse, datant de 60 avant notre ère, que nous n’imaginions pas auparavant » conclut Alain Charron. Le luxe dans la Villa de la harpiste : une affaire à suivre !
En vidéo
Les explications d’Alain Charron
Informations pratiques
> Le luxe dans l’Antiquité – jusqu’au 21 janvier 2018
> Musée départemental Arles antique – Presqu’île du cirque romain – Arles
> Tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 18h – Visite guidée les mercredis, samedis et dimanche à 16h30 (durée 1h – tarif 3€ en plus du billet d’entrée)
> Tarifs collections permanentes + exposition : 8€ et 5€ (entrée gratuite le premier dimanche du mois)
> Parcours découverte de l’exposition pour les enfants à partir de 7 ans à retirer à l’accueil du musée
> site internet : www.arles-antique.cg13.frÀ noter que jusqu’au dimanche 27 août, se tient le festival Arelate dans la ville d’Arles. (lire notre article)