C’est un coup dur pour l’économie locale liée aux télécommunications et au numérique. Le groupe marseillais Avenir Telecom, distributeur et spécialiste dans la conception et la distribution de smartphones, objets connectés et accessoires pour la téléphonie, a en effet annoncé début janvier 2016 avoir déposé une déclaration de cessation de paiement auprès du Tribunal de Commerce de Marseille. Lequel a ouvert le 4 janvier une procédure de redressement judiciaire assortie d’une période d’observation de six mois, et désigné Maître Douhaire comme administrateur judiciaire. La direction de l’entreprise a annoncé son intention de se séparer le plus rapidement possible de son réseau de magasins Internity. Au total, 262 postes sur 316 sont concernés: 172 postes sur les 188 du réseau de magasins, et 90 postes sur les 128 postes au siège de la société.
Une manifestation des salariés devant le siège de la société
Pour protester contre ces fermetures annoncées, une centaine de salariés (selon les organisateurs) s’est rassemblée mercredi 20 janvier devant le siège du groupe à Marseille, où la direction a reçu plusieurs délégations du personnel. «Nous avons exprimé notre mécontentement face à la situation et notamment regretté le manque de communication envers les magasins. La direction assure que les magasins ne sont pas rentables, mais on aimerait savoir comment on en est arrivé là. Parmi les salariés licenciés, il y a des vendeurs de premier ordre, qui savent gérer une boutique. La direction a pris note de nos revendications », déclare Gérald Laganne, délégué CFDT chez Avenir Telecom. Notamment, les salariés espèrent obtenir des mesures de reclassement, d’accompagnement-formation, ainsi que des indemnités supra-légales, c’est-à-dire supérieures au minimum légal.
Recentrage sur la distribution de ses marques propres et sous licence exclusive
Subissant de plein fouet les effets de la guerre des prix entre opérateurs téléphoniques, le groupe avait annoncé fin novembre 2015 avoir entrepris un recentrage de son activité sur la distribution de son portefeuille de marques en propre et sous licence exclusive (YEZZ, BeeWI, Energizer et OXO) dans un modèle de vente multicanale. En raison de la très forte contraction de l’activité des ventes d’abonnement pour le compte des opérateurs, Avenir Telecom a également renforcé ses partenariats avec les enseignes les plus puissantes du marché (en France Auchan, Carrefour, Orange, à l’international MediaMark, O2, Shell ou Tesco). Il s’est aussi progressivement désengagé de l’exploitation en propre de ses points de vente : fin septembre 2015, son réseau était tombé à 223 magasins contre 414 à fin septembre 2014.
Le réseau de magasins Internity sacrifié pour préserver le reste du groupe
Une saignée qui n’a pas suffi puisque aujourd’hui, Avenir Telecom est contraint de fermer dans les plus brefs délais les 80 points de vente résiduels de son réseau Internity afin de limiter l’impact sur sa situation financière. « Nous sommes profondément désolés d’être contraints de mettre en place cette procédure et de licencier des salariés auxquels nous sommes très attachés, qui ont toujours été extrêmement impliqués et qui ont contribué au succès passé d’Avenir Telecom. La décision des opérateurs télécom, depuis 2013, de mettre fin aux contrats qui les liaient aux sociétés de distribution comme Avenir Telecom nous a conduits dans une impasse. Malheureusement, aujourd’hui, non seulement le réseau Internity n’est plus rentable, mais il impacte très fortement tout le groupe et le déstabilise. Il est de notre devoir de préserver nos activités de distribution Mobiles et Accessoires. Toutes les équipes en charge de ces activités vont rester mobilisées pour maintenir un taux de service irréprochable et poursuivre le développement de ces activités » a déclaré Jean-Daniel Beurnier dans un communiqué. Le groupe a par ailleurs précisé que son activité de distribution hors réseau propre se poursuit dans ce nouveau cadre, aussi bien en France qu’à l’international, où Avenir Telecom réalise plus de la moitié de ses ventes.
Le groupe fondé par Jean-Daniel Beurnier avait reporté fin novembre 2015 la publication de ses résultats du 1er semestre de l’exercice 2015-2016. La cotation de ses actions, dont le cours est tombé à quelques centimes d’euros sur le compartiment C d’Euronext, a été suspendue fin décembre. Au 30 septembre 2015, la dette financière nette du groupe s’élevait à 37,3 millions d’euros, dont 11,9 millions d’euros de découvert net.