Bruxelles a validé mercredi 8 mai le projet de rachat des centrales françaises d’Uniper par le groupe tchèque EPH. L’énergéticien allemand avait révélé fin décembre l’ouverture de négociations exclusives avec l’entreprise du milliardaire Daniel Kretinsky. Cinq mois plus tard, la transaction va pouvoir s’accélérer avec le feu vert de l’Union Européenne qui ne voit « pas de problèmes de concurrence en raison de l’absence de chevauchements entre les activités des sociétés », précise-t-elle dans son communiqué. Uniper France détient les deux centrales à charbon de Gardanne et Saint-Avold ainsi que six parcs éoliens et deux centrales solaires qui déploient une puissance de 90 MW. De son côté, EPH est actif dans l’exploitation minière du lignite, la production, la distribution et la fourniture d’électricité et de chauffage ainsi que le transport, la distribution, le stockage et la fourniture de gaz mais n’a pas d’activités en France.
Uniper continue de contester « l’arrêt prématuré » des centrales à charbon
Cette possible cession intervient dans un contexte particulier avec le plan de fermeture des centrales à charbons en 2022 annoncé par le gouvernement. Le 30 avril dernier, Uniper a rappelé son opposition à ce calendrier dans un communiqué à l’occasion de la présentation du projet de loi Energie en conseil des ministres : « Uniper, entreprise exemplaire par les efforts de décarbonation qu’elle a réalisée depuis plus de dix ans, s’inquiète du choix de cette mesure et demande à l’Etat d’assumer pleinement la responsabilité des conséquences de sa décision vis-à-vis des personnels, des territoires et des exploitants concernés (…) l’accompagnement « spécifique » des femmes et des hommes impactés par cette décision ne peut pas être une option, comme semble l’indiquer le II du projet de loi », dénonce le groupe.
Contacté par Gomet’, la direction a précisé par mail sa position face au gouvernement : « Nous regrettons que le gouvernement préfère mettre fin au fonctionnement des centrales à charbon à une date fixe pour établir un « marqueur » politique, plutôt qu’une date butoir. Nous aurions préféré un pilotage du calendrier en fonction du rythme d’arrêts des unités charbon dans les autres pays européens. Et d’autre part, qu’un délai suffisant soit accordé aux opérateurs pour que puissent s’organiser les mesures d’accompagnement industrielles et sociale sur les sites. Bref de s’assurer que toutes les conditions d’un arrêt prématuré de ces unités sont bien réunies », indique Uniper.
Daniel Kretinsky, un nouvel interlocuteur de poids face au gouvernement
La question est maintenant de savoir quel sera l’impact d’une reprise par EPH sur la plan d’arrêt des centrales à charbon. Ce nouvel interlocuteur pourrait peser de tout son poids auprès du gouvernement pour le faire changer d’avis. Des rumeurs prêtent déjà des ambitions plus grandes au patron Daniel Kretinsky. Déjà actionnaire du journal Le Monde, il serait également intéressé par le groupe Engie dont l’Etat doit prochainement se désengager. En attendant, le tchèque a déjà commencer à chercher des solutions pour compenser l’éventuelle perte de l’activité charbon. A Gardanne, il compte poursuivre la conversion du site vers la biomasse. A Saint-Avold, un accord a été signé avec Total pour la vente des deux centrales à gaz.