Et s’il n’en restait qu’un…
Nouveau plan de sauvetage pour la Marseillaise. La Provence l’évoquait en écrivant qu’il s’agit du « deuxième titre » de Marseille. Il fallait écrire « second », puisqu’il n’y a plus depuis longtemps de troisième et quatrième journal dans cette ville et au-delà. Au tournant des années 80, les observateurs s’étonnaient encore de l’incroyable vitalité de la presse phocéenne. Il y avait alors La Marseillaise, Le Provençal, et son édition vespérale Le Soir, mais encore Le Méridional. Tout l’échiquier politique était représenté et la bataille d’opinions faisait rage dans les colonnes. Et puis, comme l’indique la fermeture progressive des kiosques et des maisons de la presse, le « papier » a connu un irréversible déclin, pour des raisons multiples : réduction de l’offre éditoriale, concurrence frontale de l’audiovisuel, émergence de l’info en ligne. Un temps, certains grands groupes ont cru qu’ils pourraient renouveler leur lectorat, en « appâtant » les jeunes avec des gratuits. Nous étions à la fin du siècle dernier, presque la préhistoire, 18 ans plus tard. Aujourd’hui Franz Olivier Giesbert, directeur éditorial de La Provence peut légitimement afficher des chiffres stabilisés pour le journal qu’il dirige, quand son « concurrent » de la place Estienne d’Orves supplie la justice commerciale de le laisser vivre encore un moment, moyennant un nouvel écrémage de ses effectifs. La messe est dite pourrait-on dire, et il n’y aura pas de miracle pour l’ancien monde.
Lui oui, mais non !
Le journaliste Denis Robert l’a mauvaise. Le documentaire consacré à la gestion « immobilière » du maire de Cogolin, Marc-Etienne Lansade, n’a pas obtenu l’aide que lui avait promis la Région, présidée par Renaud Muselier. Cette dernière institution dément cette affirmation, affirmant que depuis la nouvelle mandature (Estrosi, puis Muselier) aucune œuvre politique de ce type n’est subventionnée. Ce reportage de deux ans qui pointait les agissements du maire ex-FN, proche de Marion Maréchal Le Pen, a donc finalement était rayé de la liste des subventions, en raison de son caractère politique et forcément polémique. On sait par ailleurs que les régions veulent continuer à attirer les tournages, puisque l’ensemble de ces territoires compte mobiliser 140 millions pour ce faire. Paca est en pole position. Elle est, derrière l’Ile de France, la deuxième à contribuer aux créations de l’audio-visuel et du cinéma. Denis Robert voit dans le sort qui lui est fait une bonne manière faite à M. Lansade, qui, après avoir quitté le FN, vote pour la majorité actuelle de l’assemblée régionale. Visiblement le documentaire a eu moins de succès que la série « Marseille ». Après avoir été accueillie avec quelques réticences, elle a été adoubée avec son acteur principal, Gérard Depardieu, par le maire Jean-Claude Gaudin. Hélas, cette saga politico-financière a été interrompue brutalement pour des raisons obscures qui priveront ses fans d’une saison III. Quel cinéma !
Baisse le son…
Comme chaque lundi de Pentecôte, ils seront près de 400 motards à prendre d’assaut les pentes de Notre-Dame de la Garde, pour aller recevoir la bénédiction qui vaut autant, selon ces pratiquants pétaradants, que Saint Christophe patron des voyageurs. Mais puisque ces braves gens ont la foi, il serait bon que l’église leur rappelle un des fondements du christianisme : la fraternité. S’il est une communauté qui se préoccupe peu de ses semblables, c’est bien celle-là. Incivisme, violation du code de la route, pollution sonore accompagnent ces chevaliers, pas tout blancs, du XXIème siècle. Eux qui sont si prompts à se dire en colère, devraient, le temps de cette religieuse accalmie, s’interroger sur le silence de tous ceux qui les subissent. Au lieu de s’abriter à longueur de temps derrière le seul slogan qu’il tolère : « touche pas à mon pot… d’échappement ». Allez bas les casques !
Rome rajeunit
Elle a beau porter un des plus vieux noms de la planète, la rue de Rome connait un coup de jeune. Les échafaudages se multiplient, de la Canebière à la place Castellane, révélant des façades haussmanniènes, art déco ou tout simplement provençales. Certes, les tags à hauteur des toits et des terrasses, sont là pour rappeler que cette artère, autrefois très fréquentée, a subi une lente érosion et la paupérisation qui est venue avec. Pour autant, faut-il désespérer de la voir échapper à cette fatalité qui frappe les centres urbains ? Il faut sans doute que nos édiles aillent plus loin que le rappel du ravalement obligatoire. Les boutiques qui bordent la rue de Rome sont, et nous employons un euphémisme, d’une inégale attractivité. Particulièrement leurs enseignes qui attestent qu’un morceau de contreplaqué, même verni et coloré avec force, reste au plan esthétique plus proche d’un furoncle que d’un grain de beauté. Ne faudrait-il pas une incitation pour que les devantures l’affichent bien. Un concours d’élégance pourquoi pas ? Si Paris vaut une messe, Rome vaut bien une liesse … de bon goût.
68 fait débat
Il y a les nostalgiques, les vindicatifs, les récupérateurs, les falsificateurs… bref, beaucoup de monde à revendiquer, sur les réseaux sociaux et sur nos places, le cinquantenaire de ce que l’on a appelé « les événements », faute de pouvoir affirmer qu’il s’agissait d’une révolte ou d’une révolution. Marseille s’est souvenue de cette fièvre qui s’empara alors des rues et des amphis, pour déboucher naturellement sur un été comme un autre, puisqu’on avait prévenu que sous « les pavés, il y a la plage ». La confusion des souvenirs ne fait pas pour autant une réalité palpable, voir un avenir qui chante. L’extrême gauche et quelques syndicats sur-interprètent le séisme qui ébranla la France il y a un demi-siècle, pour inspirer les jeunes générations. Pour l’heure cette mayonnaise dialectique ne prend pas. En fait, on assiste à une succession de manifs ou de mouvement sociaux gigognes. Il faut tenter de détecter ce que chaque prise de position induit comme objectif. La CGT tente de retrouver sa place prépondérante dans la sphère syndicale. Les Insoumis et, à son échelle, le NPA, revendiquent une position de Lider Maximo dans l’opposition à Macron. Les Républicains, pour le moment sans succès, s’évertuent à approuver les colères, mais sans s’en prendre frontalement à ces réformes, dont ils étaient eux-mêmes porteurs avant le naufrage Fillon. Les socialistes, particulièrement à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône, mesurent que le crépuscule n’en finit pas pour eux. La République en marche enfin, embarquée dans l’avion présidentiel, subit les turbulences et prie Jupiter d’atterrir un instant. Finalement, cinquante ans après, en mai chacun fait ce qui lui plait. Les vacances vont faire du bien à tous.
Pas la bonne mère
Faut-il s’en réjouir ? Des Marseillais viennent d’inventer un Monopoly où figure une carte maîtresse et onéreuse : la bonne mère, cotée à 260 millions d’euros. C’est bien évidemment dans la patrie du capitalisme qu’une certaine Elisabeth Magie, la bien nommée, a créé ce jeu, en 1904. Il consiste à s’enrichir et accessoirement à ruiner ses adversaires. On ne sait si nos inventeurs marseillais ont remplacé le mot prison, par Baumettes, mais ils ont fait fort en mêlant cette pauvre mère à l’enfant à ce jeu éminemment spéculatif et vénal. Certes sur la colline qui la porte, la statue est recouverte de quelques kilos de feuilles d’or, mais Marie – ou Myriam pour les musulmans qui la vénèrent aussi – ne méritait pas l’opprobre dans laquelle ce jeu l’a jetée, comme une vulgaire pêcheresse. Rappelons à nos inventeurs blasphémateurs, que Jésus a chassé les marchands du Temple et que les Évangiles rapportent ces paroles : « Mes enfants, qu’il est difficile d’entrer dans le Royaume de Dieu. Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille, qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu. » Mais ce Monopoly participe peut-être au denier du culte. Ainsi soit-il !