Il avait été directeur de cabinet de Maurice Couve de Murville. Le plus britannique de style de nos ministres des Affaires étrangères, Jean-Bernard Raimond, avait également travaillé auprès de Georges Pompidou, dont il suivit les derniers pas en terres étrangères, le visage boursoufflé par la cortisone qui aidait le président de la République à supporter les souffrances qui allaient l’emporter.
Puis il fit une carrière d’ambassadeur au Maroc, en Pologne, en URSS et enfin au Vatican, avant de rejoindre le gouvernement de Jacques Chirac comme ministre des Affaires étrangères, lors de la première cohabitation (1986-1988). De 1993 à 2002 ce normalien et énarque fut élu et réélu député RPR des Bouches-du Rhône. Il avait alors élu domicile à Aix-en-Provence, où il résidait à quelques mètres de la Rotonde, partageant sa vie avec son épouse Monique Raimond, directrice de la communication du groupe Cardin, et ses deux filles, entre la ville du Roi René et Neuilly.
[pullquote]Il a eu des velléités pour se présenter aux municipales d’Aix, mais s’est toujours heurté à un front du refus.[/pulquote] Il a eu des velléités pour se présenter aux municipales d’Aix, mais s’est toujours heurté à un front du refus qui allait du socialiste Jean-François Picheral, aux élus de droite. Ses bonnes manières juraient, il est vrai avec les us de maquignon qu’affectait Picheral sur les marchés, comme les carambouilles qui ont depuis longtemps troublé les diverses sensibilités du centre et de la droite républicaine aixois. Cet homme de grande culture – il présidait l’association des amis de Jean Giraudoux – aimait recevoir avec son épouse dans les salons d’un hôtel particulier du quartier Mazarin un parterre choisi, pour des concerts classiques, l’été venu.
Il ne s’opposa pas à sa compagne, lorsqu’elle décida de se présenter avec Maryse Joissains en 2002, mais Monique Raimond, pressentie comme numéro 3 sur la liste de la future maire, renonça au dernier moment, choisissant de rejoindre Charles Millon à Lyon. Les Aixois du cours Mirabeau, où il avait sa table au Grillon, se souviendront peut-être de cet élégant anachronique dans une ville bourgeoise dirigée par une forme de populisme revendiqué. D’autres, à droite et à gauche, ironiseront en l’évoquant, comme le fit Renaud Muselier en 2001 raillant cette « excellence », renvoyée sans ménagement à ses chères études. Sur les rayons de leur bibliothèque ne figurent sûrement pas les quatre ouvrages de l’ancien de la rue d’Ulm, dont un consacré à Gorbatchev et l’autre à Jean-Paul II. Jean-Bernard Raimond vient de mourir à Neuilly à l’âge de 90 ans.