Il a toujours dit ce qu’il pensait, et ce n’est pas pour sa dernière rencontre avec la presse que Maurice Brun, président sortant de la CCIR Paca, a changé ses habitudes. Lui qui n’avait pas hésité à claquer la porte de l’institution consulaire régionale au printemps 2014, au nom du respect de l’équité entre les territoires, avant d’en être élu président début 2015, s’est tout d’abord déclaré un « président heureux » : « Je vais rentrer dans les Hautes Alpes à la fin du mois, avec le sentiment d’avoir accompli la mission d’apaiser ce réseau où il y avait le feu à mon arrivée ». Lui-même ne pourra pas se représenter à la tête de la CCIR Paca, écarté dans son propre département par son « poulain » qui a constitué une équipe sans lui. Mais à l’heure de passer le flambeau à son futur successeur, qui sera élu le 7 décembre prochain, il estime avoir réussi à faire respecter l’équité entre les territoires.
La CCIR Paca, arbitre entre les territoires
Au moment où les résultats des élections aux CCI territoriales (à l’exception de celle du Vaucluse) commençaient à être connus (consultez les résultats, le calendrier et les noms des élus), Maurice Brun a estimé qu’ « aucune dominante ne se dégage au niveau régional. Au vu des premières estimations, la CCIR Paca sera encore plus forte demain, en position d’arbitre. Elle représentera tous les territoires, et ils seront obligés de réussir ensemble ». Certes, il concède que la CCIMP est en position de leader dans la région. Mais elle ne doit pas écraser les autres territoires. Le président sortant compte sur le rôle d’arbitre de la CCI du Var, où Jacques Bianchi est réélu, pour tempérer la possible rivalité entre Marseille et Nice.
Quant au rôle de l’institution, il pense que la CCIR Paca doit donner le cap de manière collégiale, et être la « coordinatrice des back-offices » de manière à laisser le « front-office, la matière grise, au niveau des CCIT, au plus proche des entreprises ». Lors de sa mandature, il a proposé une nouvelle organisation pour la CCIR Paca, “stratège pour son réseau et ses partenaires”», tenant compte des restrictions budgétaires qui se sont traduites par une baisse des effectifs de 1600 à 1200 salariés.
Une CCIR Paca co-pilote de la Région en matière économique
Vis-à-vis de la Région, qui prend la main en matière économique en vertu de la loi NOTRe, la position de Maurice Brun est claire : « Il n’y a qu’un pilote dans l’avion, c’est le président de la Région. La CCIR doit être le co-pilote représentant les entreprises », estime celui qui avait invité, contre vents et marées, les principaux candidats à la tête de la Région à présenter leurs programmes économiques aux chefs d’entreprises lors d’un grand oral au Palais de la Bourse.
“Les grandes chambres n’ont pas servi notre cause auprès de l’Etat”
Mais, si le président sortant se félicite des actions menées en 18 mois, comme le guichet unique mis en place avec la Région ou le Numérique Lab, il pense que les chambres de commerce doivent continuer à agir en proximité avec les entreprises, et se montrer exemplaires. En matière de gestion pour commencer : certes, l’Etat a diminué leurs ressources fiscales. « Mais les CCI sont-elles exemptes de tout reproche ? Je pense que les grandes chambres n’ont pas servi notre cause », déplore Maurice Brun. Et de pointer du doigt le manque de solidarité de la CCIMP vis-à-vis des autres territoires : « nous avons voté la solidarité avec Marseille pour compenser la perte de 10 millions d’euros liée à l’arrêt de la taxe professionnelle. Mais finalement, ce sont 53 millions d’euros qui sont tombés dans l’escarcelle de la CCIMP. Comment voulez-vous que les territoires puissent encaisser ça ? »
Une campagne de “bas niveau”: “Il faut porter plus haut les institutions”
Quant aux querelles de personnes, il estime qu’elles n’ont pas servi l’institution. Jugeant la campagne menée à Marseille « de bas niveau », Maurice Brun pense qu’elle n’a pas donné une belle image du monde économique. « Il faut porter plus haut les institutions », suggère-t-il en proposant la mise en place d’un code d’éthique en matière de masse salariale. Un point que les nouveaux élus pourront, s’il n’y figure pas déjà, ajouter à leur programme.