Sur le cours d’Estienne d’Orves, une page se tourne. Le Hard Rock Café, annoncé en grande pompe comme symbole de la dimension mondiale de Marseille en 2014, a baissé son rideau jeudi 28 septembre. L’enseigne n’aura finalement jamais séduit ni les touristes, ni les marseillais. « On a vu trop grand au départ. L’objectif pour la première année a été fixé à 6 millions d’euros de chiffres d’affaires. C’était irréaliste ! », avoue Bernard Mariotti, un des associés de l’affaire au départ de l’aventure. En septembre 2015, le Hard Rock est placé en redressement judiciaire puis finalement repris entièrement par M. Mariotti, un ancien entrepreneur du monde médical, en avril 2016. À partir de là, le projet est revu à la baisse. Plus question de viser une clientèle étrangère à grand coup d’événement luxueux, le nouveau patron se veut plus raisonnable et se recentre sur les Marseillais avec notamment l’ouverture de la salle dite des « voûtes » à des soirées festives confiées aux organisateurs du cru comme Fabrice Guardascione, figure local du clubbing. Un avant-goût de l’avenir du lieu qui bénéficie d’un très bel emplacement sur une place mythique de Marseille.
Une renaissance du lieu sans Hard Rock ?
Pendant que les ouvriers décrochaient l’enseigne américaine de la vitrine jeudi 28 septembre, Bernard Mariotti présentait devant le tribunal de commerce son plan de redressement. Avec sa gestion scrupuleuse, il a finalement réussi à sauver la société exploitante du lieu, MB’Rock, pour se laisser le temps de proposer un nouveau projet. Si le Hard Rock est mort, le 35 cours d’Estienne d’Orves pourrait bien renaître de ses cendres. Bernard Mariotti n’a pas abandonné l’idée d’en faire un des haut lieux de la fête marseillaise. Son projet prévoit de scinder le lieu en quatre activités. Exit la restauration classique, la salle arrière accueillera des soirées before ou afterwork à la location pour les organisateurs d’événements. À l’avant, un café-brasserie devrait continuer de faire tourner la terrasse tandis que la salle des voûtes sera dédiée à des soirées clubbing comme cela a déjà été le cas cette année. En plus de cette nouvelle vocation nocturne, la musique live aura également une place de choix dans cette nouvelle mouture. Des concerts payants seront programmés tout au long de l’année. Encore faut-il trouver les bonnes personnes pour faire fonctionner le lieu : « À Marseille, ça fonctionne par réseau. Je ne suis pas promoteur de soirée, je laisse ça aux personnes compétentes. J’ai pris contact avec des spécialistes et on prépare ensemble un nouveau projet », glisse Bernard Mariotti.
Hard Rock espère rouvrir ailleurs à Marseille
Une chose est certaine, il en a fini avec le groupe Hard Rock. Pendant trois ans, il a payé 300 000 euros pour bénéficier de l’aura de la marque qui n’aura jamais percé sur le Vieux-Port. En temps normal, le contrat de franchise est difficile à résilier avec des frais prévus en cas de rupture anticipée mais la situation catastrophique des comptes, environ 3 millions d’euros de passif, a permis à l’entrepreneur de trouver un arrangement : « Ils avaient le choix entre une liquidation qui ne leur aurait rien rapporté et une rupture de contrat à l’amiable qui leur permet de sortir la tête haute », explique Bernard Mariotti. L’accord trouvé lui permet de poursuivre l’aventure, sans les Américains. Ces derniers ne semblent pas pour autant abandonner Marseille. Hard Rock envisagerait d’ouvrir une boutique plus modeste et mieux placée, en front de mer sur le Vieux-Port, pour être plus visible par les touristes.