Depuis le 30 novembre et jusqu’au 24 juin 2016, l’exposition « Le clou » s’installer au centre de conservation et de ressources du Mucem (CCR) à Marseille.
Pour simplissime que soit cette fine tige métallique, munie d’une extrémité pointue et d’une tête à l’autre bout, la sagesse populaire lui attribue des vertus contradictoires…
Tantôt « ça ne vaut pas un clou », tantôt « c’est le clou du spectacle ». Et comment fixer sur les murs des musées les plus belles œuvres, si le marteau n’a rien à frapper ? Puisant dans les abondantes réserves de la Belle de Mai, (pas loin d’un million d’objets et de documents), le Mucem vient d’en extraire quelques « clous de la vraie croix »… Des minuscules, utiles au cordonnier, ou un très long pour les tours de magie transperçante… Sans négliger le rivet du blouson de voyou, ni la grosse tête fichée dans la chaussée, pour protéger le passage des piétons. Ne manquent ni les clous du cercueil, ni ceux du charpentier, voire le bout de fer planté près de l’âtre, afin d’y suspendre le jambon !
Lit du fakir et fétiches vaudous
Dommage qu’aucun piercing ne figure dans ces vitrines, alors qu’une bûche piquetée d’épines rouillées évoque d’inquiétantes pratiques vaudous ou fétichistes. Commissaire responsable de cette exposition, Damien Airault rappelle que ce banal outil de base du bricoleur – qui agrémente aussi la litière du fakir – permit de graver sur les tablettes d’argile mésopotamiennes les premiers signes d’écriture connus.
Sans ce clou, durant des siècles, le maréchal ferrant n’aurait pu fixer le fer sous les sabots des chevaux. Dès lors s’imposait rue Clovis Hugues l’installation-reconstitution de la forge, son soufflet géant et tous autres instruments liés à cette activité.
Forge baladeuse
Jusqu’en 1947, cette forge du Queyras fonctionnait à Saint-Veran, dans les Hautes-Alpes, réputé plus haut village de France. Des ethnologues férus de pratique rurale en répertorient soigneusement les caractéristiques, et reproduisent ce lieu dix ans plus tard au palais du Trocadéro, face à la Tour Eiffel ! Ces chercheurs rêvaient d’édifier au Musée de l’Homme une sorte de « Louvre des pauvres ». Par la suite, la forge déménagera vers le Musée parisien des arts et traditions populaires, en lisière du bois de Boulogne.
Le Mucem est désormais l’héritier officiel de ces traditions et collections de civilisation. Son centre de conservation et de ressources propose la libre visite, du 30 novembre au 24 juin prochain. Le Frac accueillera en mars un second épisode, lié à ce qui dissimule derrière les accrochages… Ça pourrait aussi valoir le clou d’aller y voir.
(Illustration : Mucem)
Infos pratiques :
> Le Centre de Conservation et de Ressources
> Tout Public. Accès libre dans la limite des places disponibles.
> Du 30 novembre 2015 au 24 juin 2016 / Du lundi au vendredi de 9h à 17h.