Pour le collectif éco-citoyen Marseille en commun, 2018 a été l’année de la « marche des cobayes », destinée à dénoncer les effets des pollutions sur la santé, celle de la mobilisation en soutien à l’Aquarius, de l’action menée pour dénoncer la dépense publique ou encore celle de la lutte contre l’habitat indigne. La fin d’année marquée par le drame de la rue d’Aubagne n’a fait que renforcer l’idée du collectif de remettre le citoyen plus encore au cœur de l’action en 2019.
Cette nouvelle année s’annonce pour l’équipe militante comme celle de la construction d’un « vrai programme de rupture », pour les municipales de 2020. Tous les citoyens, collectifs de citoyens, associations, marcheurs déçus, insoumis indécis, orphelins du parti socialiste… En bref, tous ceux qui partagent la même vision de renouveau sont invités à rejoindre le collectif pour travailler sur un projet collectif. « Il y a réellement une possibilité de créer cette dynamique citoyenne, explique Sébastien Barles (ancien élu EELV et candidat sur les listes Changer la donne de Pape Diouf aux municipales de 2014), co-fondateur du collectif. Il y a une prise de conscience. Nous sommes passés au-delà de la résignation. Il faut agir, il y a une espèce de culpabilité à rester passif ».
Un processus innovant de désignation de la tête de liste
La future liste ne sollicitera aucun « portage politique », bien que l’idée est de créer un véhicule suffisamment attrayant pour entraîner dans son sillage des organisations politiques qui prônent la rupture avec la gestion locale marseillaise. Il s’agit également de neutraliser les logiques nationales qui s’annoncent extrêmement puissantes sur cette élection. « Il y a un enjeu symbolique fort dans la deuxième ville de France. On a là tous les ingrédients pour que les Marseillais se fassent déposséder de ce qu’ils sont en train de reprendre, ajoute Félix Blanc, docteur en sciences politiques et responsable de Diem 25. Toutes les manifestations sur le climat, les migrants, les effondrements des immeubles dans le quartier de Noailles… On n’a jamais vu ça, à ce point, et de façon répétée. Dans ces manifestations circulent une énergie et la question est de ne pas sacrifier cette énergie sur l’autel d’ambition personnelle pour 2022. On va essayer de faire en sorte que les Marseillais aient le choix de leur candidat.»
Tirant les leçons de 2014, le collectif ne recherche plus l’homme providentiel, mais entend constituer une équipe de 16 candidats, huit binômes paritaires qui représenteront différentes compétences. Quant à la désignation de la tête de liste ? Marseille en commun défendra un processus innovant « loin de la tambouille politique ». Exit la logique de « panachage » ou les batailles de cartes avec les organisations qui viendraient soutenir la liste. « Nous ferons tout pour contrer cette logique, affirme Félix Blanc. Ceux qui veulent participer à élaborer un projet et travailler avec nous, signeront un manifeste, une sorte de conditions d’utilisation. Le corps électoral pour désigner le candidat seront les signataires de ce manifeste sur la base d’un scénario collectif. »
« Réoxygéner la démocratie »
Pour constituer « l’équipe qui va vraiment transformer Marseille » et bâtir le projet, le collectif a commencé à consulter des « marseillologues », des experts qui connaissent les problématiques et les atouts de la cité phocéenne. Un travail qui permettra la tenue d’ateliers citoyens thématiques dans les mois à venir. Autre étape dans l’élaboration du projet : les Etats généraux de la démocratie qui devraient avoir lieu au printemps. L’objectif est de développer de nouveaux mécanismes, réfléchir sur une transformation du Sénat, mettre en avant des outils existants dans d’autres pays, pour « réoxygéner notre démocratie. En Scandinavie, par exemple, les citoyens peuvent amender une loi ou un projet de loi », explique Sébastien Barles. Ce sera l’occasion d’élargir le spectre et travailler à l’échelle métropolitaine avec d’autres collectifs séduits par l’aventure. L’avenir dira si les futurs partenaires accepteront ces nouvelles règles du jeu.