Pourquoi avoir lancé un programme Smart shipping et en quoi cela consiste ?
Frédéric Moulin : Nous sommes frappés depuis 2014 par une crise pétrolière sans précédent qui a abouti à la contraction de près de 40% de notre marché principal, les services à l’offshore gazier et pétrolier. Il a fallu réagir. Comment continuer à opérer en toute sécurité et rendre nos services aux clients en améliorant l’efficacité de nos navires ? Nos réflexions ont abouti notamment au lancement du programme Smart Shipping qui vise à rendre notre flotte la plus efficace et la plus sûre possible et ceci à coûts optimisés, en exploitant au mieux les technologies digitales.
Concrètement quels domaines sont ciblés par Smart Shipping ?
F. M. Le projet se concentre sur trois grands axes : l’automatisation des systèmes de positionnement dyna- mique du navire, la simplification des process à bord et l’optimisation de la maintenance, en capitalisant sur les données opérationnelles collectées. Il y a un fort potentiel d’amélioration comme le montre déjà notre travail réalisé en partenariat avec l’opérateur norvégien Kongsberg. Le prototype de navire que nous avons lancé permet de réduire le nombre d’officiers de 7 à 6 à bord du navire témoin. Nous pouvons aller plus loin. L’idée, au-delà de la maintenance, est d’améliorer considérablement l’efficacité, en changeant aussi les profils de nos marins et en les formant pour qu’ils évoluent dans leurs pratiques avec des outils nouveaux.
Comment Bourbon s’organise pour animer son programme et quelles sont les échéances ?
F. M. Nous avons structuré une équipe « Smart shipping » qui comprend une quinzaine de collaborateurs dédiés et de nombreux contributeurs, environ 50 personnes, réparties dans nos différents activités et filiales, dans les équipages. Nous nous appuyons sur des ressources internes avec des profils variés qui n’ont pas tous de connaissances techniques mais qui ont un état d’esprit ouvert à l’innovation. Nous avons aussi quelques partenariats technologiques comme avec Kongsberg ou Bureau Veritas. Nous travaillons sur un horizon à trois ans avec des étapes pour un budget que nous évoquerons lors d’une conférence avec les investisseurs le 13 février prochain.
Vous avez annoncé en juillet 2017 votre entrée dans un projet de navire autonome avec la société britannique ASL spécialisée dans le design de navires. Quel est l’objectif ?
F. M. Nous ne sommes pas le chef de file de ce projet mais nous souhaitons nous associer à l’aventure. Nous apportons notre connaissance d’opérateurs et notre réseau auprès d’opérateurs pétroliers. Il s’agit de créer un navire « autonome » ou plutôt très automatisé sur un certain nombre de tâches. Les missions de ce bateau seront limitées et simplifiées, un peu comme ce que l’on pourrait confier à un drone. Le prototype pourrait être livré l’année prochaine. Cela fait partie de nos nombreuses initiatives axées sur l’innovation. Nous misons aussi sur un programme « d’intrapreneuriat » lancé l’été dernier avec un appel à projets autour de sujets de diversification de nos business. Nos avons sélectionné des candidats et nous regardons désormais les modèles économiques.
Le secteur maritime à Marseille se mobilise autour des problématiques de « smart port. » Vous n’êtes pas présent. Pourquoi ?
F. M : La nature de nos opérations fait que nous ne sommes pas impliqués dans les activités de fret classique mais de logistique spécialisée et dédiée à l’Oil & gas. En outre, nous n’avons pas d’activité maritime sur le port de Marseille. Mais nous restons en veille, notamment sur les questions de transport de passagers. Nos Crew boats transportent chaque année trois millions de passagers dans le monde entier. Nous avons beaucoup de données qu’il pourrait être intéressant de traiter dans une stratégie de développement.
Communiqué Presse Bourbon Chiffre Affaires t4 et annuel 2017 by GometMedia on Scribd