Décloisonnement, coopération, coproduction, la nouvelle politique culturelle que voudrait impulser la ministre de la Culture se sent bien à la Friche. La ministre a passé près de deux heures dimanche 19 juillet à écouter les acteurs (artistes, responsable de fablab, programmateur) et visiter le site de haut en bas, et de long en large. Elle aimerait faire de la Friche un véritable laboratoire de sa politique et souhaite l’aider financièrement.
« Bienvenue madame la Ministre, c’est la première fois que vous venez ici… » « Non la seconde » répond Fleur Pellerin au président de la Friche Marc Bollet. Petit moment de flottement malgré les bouteilles d’eau fraîche prêtes à contenir n’importe quel coup de chaud. « En fait, c’était de l’autre côté, versant pôle média » observe un conseiller. Quand Fleur Pellerin était chargée du numérique dans le précédent gouvernement et qu’elle lançait l’initiative French Tech à travers la France. « C’est donc bien la première fois que que je viens à la Friche »… Ouf, la visite peut démarrer en confiance.
Fleur Pellerin : éviter les saupoudrages
La déambulation va durer plus de deux heures dans une ambiance à la fois décontractée et studieuse. La ministre écoute beaucoup, pose quelques questions et semble réfléchir aux inflexions de sa politique culturelle que ce lieu « inspirant » pourrait lui indiquer. Notamment lorsqu’elle découvre que le fablab porté par Zinc et Reso-nance numérique va jouxter la prochaine implantation d’une classe des Beaux-Arts. Son ministère prépare justement le soutien au déploiement de nouveaux lieux de ce type dans l’enseignement supérieur. « Je veux éviter le saupoudrage. Alors quand il y a déjà un lieu pertinent, autant le renforcer… »
Extrait en vidéo.
Fleur Pellerin : « Aider la Friche, y compris financièrement »
L’ancrage dans le quartier, les problèmes d’accès ? La gare St-Charles toute proche mais inaccessible par les quais ? La SNCF devrait être intéressée par ce site qui répond aussi à la politique d’ouverture des gares dans les territoires observe la ministre. Quant au quartier, « le plus pauvre de France » souligne le député socialiste Patrick Mennucci qui accompagne la visite, Alain Arnaudet, le directeur de la Friche, souligne les efforts réalisés; le programmateur du Gyptis, le cinéma voisin dépendant de La Friche, insiste : « 60% des spectateurs sont du quartier. » L’arrivée d’une école, « grâce au soutien du directeur général des services de la ville [NDLR, Jean-Claude Gondard] qui nous aide beaucoup » pourrait accentuer l’intégration dans le voisinage souligne encore M. Arnaudet. Deux résidences d’artistes sont en construction. Fleur Pellerin découvre le chantier de l’Institut méditerranéen des métiers du spectacle qui sera inauguré par la Ville de Marseille en septembre.
Feur Pellerin, chantre de la culture 2.0
Fleur Pellerin à l’évidence aime le lieu, l’esprit et les perspectives ouvertes. « C’est un exemple que nous aimerions trouver ailleurs et qui correspond bien à notre nouvelle politique culturelle. » Une culture 2.0 faite d’horizontalité, d’hybridation entre les disciplines, de croisements, d’enrichissements mutuels. Les responsables du site comme les professionnels de Radio Grenouille, du Cabaret Aléatoire, de La Marelle et autres Art’o Rama, Astérides et Zinc apprécient. L’écoute de la ministre de la Culture est encore attentive tout au long de la réunion tenue sur la scène du grand plateau. Tous sont prêts à participer au laboratoire que Fleur Pellerin semble vouloir installer ici. « Marseille doit être un phare culturel en Méditerranée » lance-t-elle en partant pour les plages du Prado où l’attend l’opération « Lire en short ». Le lendemain lundi elle poursuit son périple à l’Affranchi (salle des musiques actuelles dans le quartier de St Marchel). Marseille compte bien sur cette « Fleur de sel » (comme la qualifie joliment un professionnel de la culture marseillais) pour continuer à assumer cette nouvelle ambition culturelle.