Alors que le projet de loi sur la fin de vie devrait être débattu à l’Assemblée nationale d’ici décembre et ainsi ouvrir le droit à l’aide active à mourir, Sciences Po Aix accueillait, jeudi 5 octobre, la députée du parti Renaissance Anne-Laurence Petel et des experts de la question pour un partage de points de vue autour de ce sujet très sensible.
« La vérité appartient à ceux qui la cherchent et non pas à ceux qui prétendent la détenir ». C’est en rappelant le célèbre dicton de Condorcet que Jean-Louis Touraine, ancien député et médecin émérite a entamé la discussion sur l’aide active à mourir. Dans le respect et la diversité des points de vue, le débat organisé au sein de l’IEP a permis de questionner un sujet sociétal.
Jean-Louis Touraine a souligné qu’avec ou sans loi, le malade souhaitant mettre fin à ses jours se retrouve face à un vide juridique important qu’il est urgent de combler. « Si la France adopte la loi ce sera une loi de nouveau droit » a développé l’intervenant, « la liberté de choix appartient à celui qui est concerné », une allusion au débat du siècle dernier sur le droit à l’intervention volontaire de grossesse.
Jean-Louis Touraine a ensuite cédé la parole à Jonathan Denis, président de l’Association pour le droit à mourir dans la dignité. « Je ne suis pas venu pour vous asséner ma vérité » affirme-t-il, défendant que « la loi ne fera que combler les hypocrisies de notre pays » et rappelant les inégalités d’accès aux soins palliatifs en France, mais aussi les territoires de désert médical, le manque de personnel et les inégalités aussi face à l’euthanasie clandestine.
« il ne faut pas avoir peur des mots »
Jonathan Denis
« Ceux qui ont la possibilité de partir en Suisse pour bénéficier du suicide assisté débourse en moyenne 10 000 euros » observe-t-il : « légaliser c’est offrir une loi de fraternité, de non-abandon, c’est offrir une loi qui rassure sur un phénomène qu’on ne pourra jamais contrôler ».
Jonathan Denis a voulu faire entendre son combat à la députée de la majorité présente dans l’assemblée de l’IEP, « il ne faut pas avoir peur des mots, ceux qui rejettent et ne s’ouvre pas à la discussion sur le projet de loin de fin de vie ne seront peut-être pas ceux qui le rejetteront plus tard » illustrant son propos par le cas de Paulette Guinchard, ancienne secrétaire d’Etat opposée à l’euthanasie qui a eu recours au suicide assisté en Suisse en 2021.
« Ayez madame la Députée le courage politique de dire : je vous ai enfin entendu » a clôturé le président de l’AMD. Anne-Laurence Petel qui a introduit le débat a acquiescé d’un geste. Le message est transmis.