Il a fallu attendre le dessert pour en venir aux sujets qui fâchent… Invité du déjeuner des voeux à la presse de Jacques Pfister, le président de la CCIMP, comme de nombreux autres patrons emblématiques de Provence (lire par ailleurs), Denis Philipon, le président de voyageprive.com, l’une des plus belles réussites françaises du secteur, a évoqué les premiers pas d’Aix Marseille French Tech mise en place depuis plus d’un an. Et Denis Philipon ne s’est pas privé d’alerter. Pour celui qui est également président du Provence Rugby (ex-Parc) « French Tech, c’est à la fois une formidable opportunité et un gros gâchis. »
Commençons par le côté positif : « Fleur Pellerin avait vu juste pour identifier le numérique comme un relais de croissance pour les prochaines années. Ca fait juste 40 ans que les Américains ont démarré mais il fallait bien que quelqu’un s’y mette et au moins Fleur Pellerin s’y était mis. Ca part d’un bon sentiment. Le buzz et derrière ce qui en a découlé était de qualité. Il y a eu une énergie positive et il y a toujours une énergie positive. Je pense que grâce a ça, nous entrepreneurs, on a pu parler avec un peu plus d‘arguments à nos élus qui se sont sentis concernés. Je pense que c’était très positif. »
Silicon Valley : « On a une opportunité absolument exceptionnelle »
Mais Denis Philipon reste sur sa faim : « Ce que je regrette c’est que toujours dans le cadre de cette métropole, on a une opportunité absolument exceptionnelle – je le dis et je le redis depuis des années, on a une petite silicon valley à construire ici – On a le territoire pour ça, on a le climat, et il n’y a pas que le climat… J’y ai vécu là-bas et je peux vous dire que l’on a tous les ingrédients ici pour avoir un territoire tourné vers les nouvelles technologies. L’importance de développer un écosystème concentré c’est le génie de Mountain View aux Etats-Unis. Dans les nouvelles technologies, les choses vont très vite. Il faut un système concentré qui permet les contacts rapides entre ingénieurs, entreprises, start-up pour que ça fertilise. »
French Tech : « Je trouve que l’on tarde ici à prendre le relais de cet étendard »
Et d’accuser les décideurs de ne pas prendre la dynamique de French Tech comme ils devraient le faire : « Je trouve que l’on tarde ici, au niveau territorial, à prendre le relais de cet étendard, de cette marque. Il y a une opportunité fantastique d’y mettre un fonds, un fonds extraordinaire. Il y a des villes comme Londres, comme Berlin qui ont compris cet enjeu et qui n’ont pas nos arguments, qui n’ont pas notre climat ni notre richesse. Et pourtant il y a 5000 entreprises françaises qui sont venues s’installer ces trois dernières années à Berlin. Cela aurait était à nous de les accueillir. Donc il n’est pas trop tard mais il faut réagir très très vite. » A bon entendeur…