Une fois encore, Marseille a fait bien tristement parler d’elle. Et n’en déplaise aux détracteurs d’un supposé “Marseille bashing” médiatique, la deuxième ville de France et ses élus n’ont pas eu besoin de médias prétendument mal disposés à leur égard, pour se tirer, tout seuls, des balles dans le pied.
Si l’irruption des gilets jaunes a temporairement détourné les regards du centre ville dévasté, elle ne fera oublier à personne le bilan de ce qui est aujourd’hui nommé le “drame de la rue d’Aubagne”: 8 morts, plusieurs immeubles effondrés, 110 immeubles évacués, 1050 habitants chassés de leurs logements dangereux.
Cette véritable catastrophe a valu à Marseille d’apparaître une nouvelle fois à la Une des médias. Cette fois-ci, ce ne sont pas les voyous à Kalachnikov qui font les gros titres, mais les choix politiques et l’administration de la municipalité par ses responsables. La communication hésitante dont ont fait preuve la ville, son maire et ses proches, témoigne du malaise.
Une communication qui a tardé à mesurer l’ampleur du désastre
Force est de constater que la ville et ses élus n’ont pas immédiatement évalué l’ampleur du drame; et qu’ils ont multiplié les erreurs de communication, soit par maladresse, soit, accordons-leur ce crédit, parce qu’ils étaient occupés à parer au plus pressé pendant que les immeubles s’effondraient comme châteaux de cartes…
Une conférence de presse organisée 4 jours après l’écroulement des deux premiers immeubles, le manque d’empathie reproché à Jean-Claude Gaudin pour son grand déballage de chiffres et son “je ne regrette rien”, des drapeaux en berne sur l’Hôtel de Ville qui reflottent au vent avant d’être remisés… sans oublier la participation, au lendemain du drame, pendant que les pompiers cherchaient encore les disparus sous les décombres, à une soirée autour du chocolat de deux proches du maire, Yves Moraine (maire des 6ème et 8ème arrondissements) et Laure-Agnès Caradec, adjointe du maire déléguée à …. l’urbanisme!
Se taire pour éviter les bourdes
Depuis, la mairie a ordonné le régime sec en matière de communication. Une circulaire envoyée aux chefs de service de la ville leur a enjoint de renoncer à toute participation à des cocktails jusqu’à nouvel ordre. La mairie des 1er et 7ème arrondissements, où s’est déroulé le drame, a suspendu la prochaine édition des “Dimanche de la Canebière”. Le maire lui-même, Jean-Claude Gaudin, n’a pas inauguré cette année l’incontournable foire aux santons sur le Vieux-Port.
Cette abstinence médiatique permettra de limiter les bévues alors que les plaies sont encore à vif. Mais pour combien de temps? Difficile en effet, de penser que les langues ne se délieront pas avant les résultats de la très longue enquête sur les origines du drame. Et déjà, les premiers déballages en public n’ont pas manqué d’apparaître, dans la propre famille politique du maire…