L’éolien flottant a-t-il trouvé sa terre d’élection ? Entre Arles et Narbonne, les experts en risques et aménagements retiennent quatre zones susceptibles d’accueillir des éoliennes flottantes. Le site d’embouchure du grand Rhône, du côté de Faraman, (environ dix kilomètres au sud est de Salins de Giraud), pourrait être le lieu idéal. Le mistral y souffle régulièrement à plus de 30km/h; entre 10 et 36 km du rivage, la profondeur de la mer ne dépasse pas 100 m. La Défense nationale et côtière ne formule pas ici de restriction particulière. Il y a peu ou pas de trafic navigant, ni de sous-marin en maraude. Pas de pêcheurs non plus et aucune protection spécifique de la faune ou la flore locales n’est évoquée. Car en effet, ce sont tous ces paramètres qui sont considérés avant toute décision autorisant l’installation de ces capteurs de vent.
150 millions d’euros de budget prévus par l’Ademe
A la différence des recherches menées en façade atlantique ou en Mer du Nord, il n’est pas question en Méditerranée de fixer des éoliennes permanentes. Elles ne peuvent ici qu’être flottantes. Afin de soutenir cette approche innovante (seul le Portugal se livre en Europe à des essais de ce genre), l’Ademe (Agence pour les Économies d’Energie) prévoit un budget de 150 millions d’euros.
Une éolienne flottante comporte trois parties. La base, son flotteur et ses ancrages souples, tout d’abord. Une tour centrale constituée du mât, d’un système de commande et de transformation. Enfin la turbine munie d’un rotor, des pales et de la nacelle. Sous l’effet du vent, la rotation mécanique des pales sera convertie en énergie électrique. Assemblés à terre, ces divers éléments sont ensuite remorqués jusqu’au site d’installation. Là, ce parc de moulins modernes est raccordé, via un câble sous-marin, puis souterrain, au réseau électrique qui pourra distribuer l’énergie produite.
Filière à mille emplois
En mer, l’éolienne reçoit des vents plus réguliers et plus puissants qu’à terre. 60% de cette ressource pourrait être exploitée en Europe, et jusqu’à quatre mille heures de fonctionnement annuel. Ce projet court sur les dix ans qui viennent. D’ci 2025, les optimistes misent sur l’essor d’une filière capable de générer un bon millier d’emplois. En conjuguant les compétences mécaniques, industrielles à celles des matériaux, du montage et de la maintenance. Déjà à Aix ou La Ciotat, de petites entreprises se disent prêtés à agir sur ces marchés d’avenir.
Le préfet Cadot se réjouit de ce que la France puisse réduire ainsi sa dépendance et facture énergétiques. Son homologue Joly, préfet maritime, espère que l’exploration de cette ressource propre et douce parviendra à surmonter toutes sortes de contraintes. Et de citer, en facteur positif, la faiblesse de la houle et la puissance des Tramontane et Mistral qui balaient ce Golfe du Lion. Après de multiples échanges et concertations, en Paca comme en Languedoc, sous l’égide des élus régionaux, quelques groupes de travail réfléchissent encore sur les distances idéales, les dispositifs d’éloignement. Il s’agit d’éviter qu’un chalut ou un navire ne s’approche trop du câblage invisible de ces potences.
Que soient également respectées les normes environnementales. Bref, c’est en avril prochain que le grand public méditerranéen pourrait être consulté sur ce projet d’équipement, et les zones paraissant les plus propices à l’éclosion de quelques dizaines de machines. Début mai, le gouvernement serait alors en mesure de prendre la décision de transformer Eole en kilowatt venu de la mer.