Ils sont nombreux à avoir répondu présent ce mercredi 24 avril à l’invitation d’Euroméditerranée pour la pré-ouverture de son espace BIM-CIM. On parle ici d’un lieu de « modélisation des données des bâtiments et des villes ». Exemple concret avec l’îlot baptisé « Les Fabriques », projet d’écoquartier où se côtoieront bâtiments de logements, bureaux et équipements collectifs aux abords du marché aux puces (15e arrondissement). « On a d’abord réalisé une photogrammétrie à grande échelle du territoire. Ça ressemble à une carte du type Google Map, mais en très détaillée puisqu’un pixel représente 6 cm dans la réalité », explique Anaïs Cadier, directrice de la maîtrise d’ouvrage publique chez Euroméditerranée.
Cette maquette a ensuite été complétée par tout un tas d’informations récoltées auprès de différents acteurs (Bouygues, qui conçoit le projet, des bureaux d’études, des entreprises, les collectivités, etc). Résultat : une image de ce que pourrait être la constructibilité de l’îlot avec de nombreux bâtiments, tous associés à une couleur selon son usage. « Cela nous permet d’être sûrs que le projet répond aux objectifs fixés », ajoute Anaïs Cadier. Une maquette qui peut en plus être modifiée et adaptée en quelques clics.
Là est bien le but du BIM-CIM : permettre une meilleure communication et coordination entre les acteurs de la construction, diminuer les erreurs sur les projets et estimer leurs coûts en temps réel. « L’utilisation et la démocratisation de ces technologies devraient permettre de réduire de 12% les coûts totaux sur le cycle de vie d’un bâtiment d’ici cinq à sept ans », met en avant l’aménageur public.
Un lieu immersif et collaboratif
L’espace BIM-CIM est doté d’outils de haute technologie pour la formation et la réalisation de projets de construction. On y trouve un casque de réalité virtuelle et des lunettes 3D actives pour une « immersion totale », des écrans grand format pour simuler les projets en haute qualité ou encore de l’ingénierie collaborative avec la possibilité de partager et modifier des contenus en temps réel, échanger en visioconférence, travailler sur différents documents simultanément…
Concrètement, les acteurs de la construction pourront réserver des créneaux au sein de l’espace BIM/CIM aussi bien pour faire découvrir le BIM à leurs équipes, qu’organiser des réunions de travail avec des collaborateurs déjà formés, communiquer des éléments BIM, etc. Le lieu sera ouvert gratuitement à partir du 15 mai 2019 jusqu’à l’automne. À partir de cette période, la capacité d’accompagnement sera plus importante et la maquette – actuellement en phase de recherche – devrait être utilisable par tous. Une tarification différenciée devrait alors être mise en place.
Objectif : démocratiser le BIM
Euroméditerranée travaille sur le BIM depuis deux ans, en partenariat avec le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) d’Aix-en-Provence, qui réalise la maquette 3D. Son objectif est de démocratiser le BIM, et notamment que, à terme, tous les appels d’offre sur son territoire l’utilisent. Ce sera de toute façon obligatoire à partir de 2022 puisque le « Plan BIM 2022 » a été lancé en novembre 2018 par le ministère de la Cohésion des territoires pour généraliser l’utilisation du numérique dans le secteur de la construction.
Beaucoup de chemin reste à faire car certains acteurs, et plus particulièrement les TPE, PME et même des acteurs publics, ne sont pas spécialement avancés en matière de numérique. « La transition fait face à de nombreux freins. En premier lieu : les peurs et la méconnaissance des sujets », souligne Karine Levêque, pilote de la commission innovation de la fédération du BTP13. Et pour ceux qui ont déjà enclenchés le changement ou n’y sont pas réfractaires, ils se retrouvent confrontés à des maîtres d’œuvre et d’ouvrage qui ne proposent pas le BIM dans leurs appels d’offres si le chantier n’est pas un minimum conséquent. « Il faut que l’ensemble de l’écosystème évolue de façon linéaire. C’est ce qui est compliqué à mettre en place aujourd’hui. C’est pourquoi un lieu comme l’espace BIM/CIM a toute sa place », conclut Anaïs Cadier.
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