Botero dialogue avec Picasso, la nouvelle exposition de l’hôtel de Caumont se tient jusqu’au 11 mars 2018. À visiter sans faute.
Bien sûr, il y a ce dialogue esquissé avec Picasso, qu’il a vainement tenté de rencontrer de son vivant, et puis tous les autres, ce beau terreau créatif, dont il s’est souvent inspiré et qu’il a joyeusement subverti. L’Hôtel de Caumont, dont on ne se lasse pas depuis son ouverture en mai 2015 des choix artistiques, offre à ses désormais nombreux fidèles une gourmandise. Elle se partage aussi bien en famille, qu’entre amis. Jusqu’au 11 mars l’exposition « Botero dialogue avec Picasso » donne à voir, à travers une soixantaine d’œuvres du premier et une vingtaine du second, les chemins esthétiques buissonniers sur lesquels le Colombien et l’Ibère jettent quelques facéties généreuses et autant d’éclats géniaux.
Botero a aimé chez Picasso cette manière échevelée de déconstruire le monde. Et chacun de bâtir sa propre vision et proposer un univers que leurs émotions à vif investissent joyeusement ou tragiquement. Du portrait à la nature morte, du paysage à la scène de genre, Botero, comme son aîné Picasso, part de la réalité, tous deux la visitent, la restituent enrichie de leur détresse ou de leur jubilation.
Fernando Botero qui est né en 1932 a trouvé en Picasso un maître, autant que ce dernier s’était inscrit pour partie dans les traces de Paul Cézanne. Dans un entretien d’une belle sincérité, qu’on découvrira au cours de la visite, Botero reconnait ce continuum qui balise l’histoire de l’art, comme il revendique sa démarche singulière. Elle consiste à augmenter les objets et les corps d’une opulence, aussi généreuse que l’impassibilité des expressions des personnages est perceptible et troublante. Le traitement de la couleur et des volumes est d’une exceptionnelle maîtrise et par une étrange alchimie, l’œuvre oscille entre un classicisme patent et un surréalisme éclatant. Il y a aussi de la gravité lorsque Botero traverse quelques visions historiques, du massacre d’un peuple à un tremblement de terre, mais toujours cette touche quasi naïve qui nous fait entendre le message, sans nous y soumettre.
Et puis Botero s’explique. Lorsqu’il peint un fruit c’est toute la générosité de son suc qui remplit notre regard et notre bouche. Mais quelques tableaux dominent dans cette balade joyeuse : le dyptique d’après Piero della Francesca (1998), la gigantesque Poire (1976), le Pierrot (2007) ou La Fornarina, d’après Raphaël (2008). Dans la cour pavée de l’hôtel de Caumont, avant de quitter les lieux vous regarderez d’une autre façon son imposant Cheval (1999) et vous remercierez Botero de vous avoir, en ces temps troublés, permis d’enfourcher son imaginaire.
Informations pratiques
L’exposition est visible jusqu’au 11 mars prochain, tous les jours de 10h à 18h. Elle a été conçue et réalisée par Culturespaces. Le commissariat est assuré par Cecilia Braschi, avec le soutien exceptionnel du Musée national Picasso-Paris.
> Plein tarif : 13 €
> Tarif réduit : 10 € (7-17 ans, étudiants, titulaires d’une carte d’invalidité, demandeurs d’emploi, porteurs du Pass Education et du City PASS #ProvenceAixperience – sur présentation d’un justificatif de moins de 6 mois)
> Gratuit pour les enfants de moins de 7 ans, les détenteurs d’une carte ICOM, ICOMOS ou SNELAC et les journalistes (sur présentation d’un justificatif de moins de 6 mois)
> Offre famille : entrée gratuite pour le 2e enfant âgé de 7 à 17 ans avec 2 adultes plein tarif et 1 enfant payant.