Le nez en diagonale de courgette verdâtre ou de poire jaune, la joue formée d’une pêche rose fendue, une pivoine en guise d’oreille et une cerise rouge à la place de l’œil : chacun a vu une fois cette étrange tête d’Arcimboldo, composé de fleurs et de fruits multicolores. Ces fantastiques profils, peints en modestes dimensions (70x60cm) prennent, en projection laser sur les parois minérales des carrières des Baux, un éclat exceptionnel et féerique.
Le Milanais Giuseppe Arcimboldo n’est pas seul. L’hyper inventif Jérôme Bosch imaginait, quatre siècles avant les surréalistes, des scènes inouïes et d’improbables silhouettes. Un homme-huître, un trou du cul soufflant comme une trompette, un oiseau s’accouplant à une sirène.. Des flammes de l’enfer aux délices du paradis, cet Hollandais halluciné soigne le moindre détail, qu’il s’agisse d’une tendre idylle ou d’une diabolique et grotesque grimace. Et, miracle digital, ces personnages bougent, les chevaux battent du sabot, les monstres plongent et la mer gicle !
Fêtes villageoises
Compatriote et héritière de cette tradition flamande, la dynastie Brueghel – l’ancien et le jeune – raconte en puissantes images les fêtes villageoises, banquets et danses paysannes, ou la tour de Babel illustrant l’orgueil humain partant à l’assaut du ciel. Ici encore, le talent numérique moderne permet l’envol de nuées de papillons chatoyants ; durant une bonne demi heure, un vertige musical s’empare du public cerné de sensations. Les rythmes allant de Vivaldi au rock britannique de Led Zeppelin, en passant par Carmina burana. De quoi oublier les quatorze degrés de fraîcheur du site de pierre.
Un demi-million de visiteurs
Après les songes enchanteurs de Chagall, qui attirèrent en 2016 plus d’un demi-million de visiteurs, à quelques lieues d’Arles, dans les Alpilles, les carrières de lumières misent ce printemps sur le merveilleux baroque et la créativité médiévale peignant le bien confronté au mal… Un double hommage est aussi proposé. Au poète Jean Cocteau, qui tourna en ce lieu même, le testament d’Orphée. Et au pionnier du cinéma Georges Méliès, qui inventa, voici plus d’un siècle, l’art visuel de la science-fiction et du truquage optique.
> Jusqu’au 7 janvier 2018
> Carrières des lumières, Route de Maillane, Les Baux de Provence
> Ttous les jours, d’avril à octobre, de 9h30 à 19h
> 10 à 13€ l’entrée
> www.carrieres-lumieres.com
La bande annonce vidéo :